Des feuilles de route et une coopération fiable: une opportunité claire et présente

Recherche
Institut de recherche sur la science, la société et la politique publique

Par Paul Dufour

Professionnel en résidence et professeur auxiliaire, ISSP, Paulicy works

Paul Dufour
Tabaret lawn
« La National Science Foundation (NSF) a une riche histoire non seulement de poursuivre des partenariats directs avec d'autres agences, le secteur privé et des pays partageant les mêmes idées, mais aussi de favoriser des environnements où les partenariats prospèrent, car ce sont des moyens puissants de tirer parti des ressources et de produire des résultats. Nous avons besoin de partenariats pour accéder à un réseau plus large d'idées, d'innovations et d'expériences pour aborder et résoudre les problèmes du monde réel. »
  • (Témoignage du directeur de la NSF, Sethuraman Panchanathan, devant le sous-comité du commerce, de la justice, de la science et des agences apparentées, comité des crédits du Sénat des États-Unis, 13 avril 2021)

Le directeur de la NSF cité ci-dessus, un ancien de l'Université d'Ottawa, a prononcé une conférence dynamique et passionnée le 15 avril pourl'événement commémoratif Bromley, au cours de laquelle il a repris cette notion de partenariat, en particulier avec le Canada. Les partenariats scientifiques et de recherche entre les deux pays ont une longue et riche tradition. Allan Bromley, le conseiller scientifique né au Canada du président George H.W. Bush, en était un exemple majeur.

Les États-Unis, comme l'a souligné le Dr Panchanathan dans ses remarques et comme le montre le tableau ci-dessous, subissent un changement profond dans leur façon d'aborder leur gouvernance, leur financement et leur architecture au sein de leur écosystème de connaissances et d'innovation.

Biden Budget Request Chart

Le Canada a une occasion claire et présente de profiter de ce nouveau financement potentiellement important avec les États-Unis. Cela est en partie le résultat du récent budget fédéral, mais une approche plus stratégique et une architecture du savoir réformée seront nécessaires - avec un leadership et un soutien clés au sein des communautés du savoir respectives. 

Des considérations pour un partenariat plus intelligent

La déclaration de février 2021 de la Maison Blanche sur une feuille de route pour le partenariat canado-américain a présenté un programme renouvelé pour des intérêts communs communs. Les feuilles de route ne sont pas nouvelles entre les deux pays - il existe un partenariat de longue date qui englobe un éventail d'objectifs communs. La géographie, la culture, l'économie, l'histoire comptent. Il en va de même pour les visions communes de prospérité, de diversité, d’équité et de justice pour tous les citoyens.

Mais la nouvelle approche des États-Unis en matière d’élaboration de l’État, associée à des injections massives de fonds dans la RD, a créé une occasion de renforcer l’espace canado-américain de la recherche, de la science et de l’innovation. Après tout, il s’agit sans doute de la relation de connaissance la plus étendue au monde. Nous regroupons plus du tiers de la RD mondiale, et plus de la moitié de tous les scientifiques canadiens qui co-rédigent à l’échelle internationale le font avec leurs homologues américains. (Entre 2017 et 2019, les publications scientifiques canadiennes co-rédigées avec les États-Unis étaient au nombre de 65 364. Le deuxième collaborateur le plus fréquent était la Chine avec 26 604.)

De grands défis tels que la pandémie actuelle, les pandémies futures et le changement climatique offrent une nouvelle fenêtre d'opportunité pour une coopération accrue, tout comme les efforts conjoints axés sur la sécurité sanitaire mondiale. (Un rappel que les deux pays ont vécu cela de manière vivante il y a 20 ans après le 11 septembre, où les deux communautés scientifiques ont entrepris des efforts de collaboration pour faire face aux menaces biologiques, chimiques et autres du terrorisme).

Aujourd'hui, une pierre de touche pour un partenariat renouvelé doit se concentrer sur la prochaine génération de talents. C'est ce que le conseiller scientifique né au Canada auprès du président des États-Unis a incarné dans ses efforts pour améliorer et bâtir un plus grand partenariat canado-américain en matière de STI.

Comme John Stackhouse et d'autres l'ont fait remarquer, il existe un potentiel important pour davantage de liens technologiques et de recherche avec la diaspora canadienne qui étudie dans les universités et collèges américains, y compris le bassin d'entrepreneuriat basé aux États-Unis. Le Canada dispose de plates-formes clés pour développer et améliorer son bassin de talents, notamment grâce à ses chaires de recherche et ses supergrappes. Selon des données récentes, le Canada est la deuxième destination préférée des étudiants américains après le Royaume-Uni. Et comme l’a fait remarquer le conseiller scientifique en chef du Canada dans un éditorial de la revue Science, « La science et la technologie jouant un rôle de premier plan dans la vie de tous les jours, l’accès à l’enseignement scientifique et aux carrières scientifiques est de plus en plus essentiel pour une croissance inclusive. »

Deuxièmement, toute orientation continentale renouvelée, en plus du leadership clé et des engagements soutenus de tous les secteurs, nécessitera une stratégie bien articulée pour des partenariats fructueux. Il repose également sur la reconnaissance du fait qu'investir dans la science et l'innovation est une proposition à long terme impliquant un financement important et soutenu à la fois de la base scientifique nationale et de son personnel qualifié. Cela commence par les conseils subventionnaires de la recherche ainsi que par les universités, les collèges et les académies, par exemple les conseils de financement relevant du Comité de coordination de la recherche au Canada et son soutien à la recherche internationale, interdisciplinaire et à haut risque, ainsi qu'un nouveau manifeste de EDI qui fait un parallèle avec la mission NSF, pourrait travailler plus étroitement avec ses homologues américains pour façonner ce nouveau programme de recherche.

Il est également essentiel de nouer des partenariats avec les provinces et les États qui participent déjà activement à diverses coentreprises technologiques, à la recherche et à la coopération en matière de compétences.

Un partenariat plus intelligent signifie relever le défi de la politique étrangère pour renforcer la coopération existante dans des domaines clés où les deux pays sont assez actifs. Il s'agit notamment de la recherche arctique, de l'IA, de la fabrication de pointe, des sciences spatiales, de l'environnement, de l'énergie propre, des ressources naturelles, de l'informatique quantique et des réseaux où le Canada et les États-Unis partagent des plates-formes communes pour les médias numériques et les liens de sécurité sanitaire.

Les administrations Biden et Trudeau s'appuieront probablement sur ces entreprises, ainsi que sur d'autres domaines tels que le changement climatique (sujet du sommet mondial organisé par le président le 22 avril) et l'environnement, y compris la qualité de l'eau et la gestion partagée des Grands Lacs, la pêche et la protection de la faune et les parcs. Bien entendu, toutes ces opportunités doivent intégrer et s'appuyer sur les vastes sciences sociales et les modes traditionnels de coopération en matière de recherche qui existent entre chaque pays. Une approche multidisciplinaire et EDI est le nouveau mantra pour des résultats plus efficaces.

Étant donné que les États-Unis et le Canada souhaitent tous deux s'allier à d'autres acteurs émergents dans certains domaines technologiques, pourquoi ne pas profiter de ces entreprises et favoriser, le cas échéant, des partenariats tripartites ou multipartites? On pourrait envisager un tel arrangement existant entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, où une bonne partie de l'activité trilatérale existe déjà. Cela pourrait constituer la base d’un programme renouvelé avec la relance du Sommet des dirigeants nord-américains vanté par les deux dirigeants dans la feuille de route de février.

Les institutions canadiennes comme le CRDI et Grands Défis Canada ont une réputation bien établie dans le soutien de la science et de la technologie pour le renforcement des capacités dans les pays en développement. Ces organisations et des organisations similaires pourraient s'associer avec des partenaires américains pour renforcer les capacités de connaissances dans les régions dans le besoin, y compris bien sûr grâce aux efforts mondiaux des institutions multilatérales pour développer des réponses plus efficaces à la pandémie.

De la collaboration pour une diplomatie scientifique plus intelligente

C'est une réalité, pas une simple rhétorique, que la science et l'innovation opèrent dans un environnement ouvert et mondial. Une diplomatie scientifique bien conçue peut être une plate-forme clé pour de nouvelles recherches et des résultats pour un bénéfice mutuel. Les événements de diplomatie scientifique de l’Association américaine pour l’avancement des sciences - qui ont réuni par le passé les principaux conseillers scientifiques et ministres des sciences du Canada - et les réunions en cours du groupe Carnegie des ministres des sciences du G7 sont deux exemples récents qui peuvent certainement donner un élan à cette collaboration renforcée. 

Le Canada et les États-Unis ont également une longue histoire d'efforts pour renforcer les relations bilatérales autour de la science et de la diplomatie, certains d'entre eux encouragés par des réunions conjointes antérieures des conseils consultatifs scientifiques américains et canadiens et entre les conseillers scientifiques et les ministres. Plus tard, les efforts visant à accroître les liens de recherche pourraient conduire à un partenariat de diplomatie scientifique repensé.

Le programme de la prochaine génération demeure essentiel pour surmonter la pandémie et renforcer les approches conjointes respectives en tant que partenaires du progrès. Des organisations comme Science and Policy Exchange, le Centre canadien des politiques scientifiques, le consortium ST Global et d'autres peuvent apporter de nouvelles perspectives au programme bilatéral. 

Un domaine qui mérite d'être approfondi est celui des mécanismes consultatifs scientifiques et des conseils de jeunesse. Comment encourager l'échange d'idées entre la communauté scientifique, la prochaine génération et les décideurs publics? Ces conseils et leur mise en œuvre peuvent-ils s'intégrer de manière plus stratégique dans les structures décisionnelles, au-delà des frontières nationales, pour le bénéfice de tous?

Un agenda constructif nous attend. Comme l'a souligné une fois un énoncé de politique étrangère du Canada:

« La contribution la plus efficace aux affaires internationales à l'avenir découlera de l'application judicieuse à l'étranger de talents et de compétences, de connaissances et d'expérience, dans des domaines où les Canadiens excellent ou souhaitent exceller. »

Mettons cela à l’épreuve aujourd’hui pour rendre les citoyens plus sains, plus riches et plus sages. Un partenariat canado-américain repensé est une opportunité claire et présente.