Le sujet cracké de la pulsion de mort
Vers une théorie de la dépendance, autrement
7 févr. 2025 — 12 h à 13 h 30
Description
Cette présentation accepte l'association entre la consommation de drogues et la pulsion de mort, mais refuse ses implications accablantes.
Pour donner un sens à cette désarticulation, je m'appuie sur des matériaux tirés d'un travail de terrain ethnographique dans la communauté de consommateurs(trices) de drogues à Vancouver pour explorer un modèle de la pulsion de mort qui remet en question la trajectoire moribonde attribuée au modèle médical prédominant de la toxicomanie. Il le fait en exposant l'attrait pour la répétition comme une caractéristique constitutivement ambivalente du désir lui-même, ce qui signifie que le désir à l'œuvre dans la relation du consommateur(trice) de drogue avec la substance de son choix participe de la même structure mentale que celle qui façonne nos habitudes quotidiennes et nos modèles de consommation.
À son tour, un compte rendu de la relation entre la répétition et le désir - éléments constitutifs de la pulsion de mort - brouille la ligne qui sépare la normalité de la pathologie et expose la façon dont la notion de consommation pathologique a été arrogée à la figure du toxicomane. En montrant comment nous extériorisons, et en retour désavouons, les ambivalences qui animent la pulsion de mort, la théorie psychanalytique nous permet d'adopter une position éthique.
Après l'invocation par la philosophe Joan Copjec de ce qu'elle appelle l'unique maxime morale de la psychanalyse - Ne renoncez pas à votre conflit interne, à votre division - je reprends cette injonction et esquisse une politique qui refuse de déplacer les difficultés liées au désir et à la consommation sur la figure de la toxicomane.
Meg Stalcup: [email protected]