Discours de l’ambassadeur Kanji Yamanouchi : Pour le Japon, le Canada est un partenaire de premier plan en recherche

Par Université d'Ottawa

Cabinet de la vice-rectrice à la recherche et à l'innovation, CVRRI

Recherche et innovation
Recherche et liaison en matière de politiques publiques
Forum pour le dialogue Alex-Trebek
L'ambassadeur du Japon, Kanji Yamanouchi, s'adressant à un auditoire sur un podium.
Lors d'un événement organisé le 24 février 2025 par le Forum pour le dialogue Alex-Trebek et le CVRRI de l'Université d'Ottawa, Son Excellence l'ambassadeur du Japon au Canada, Kanji Yamanouchi a prononcé un discours.
La science et la technologie ont toujours été des armes à double tranchant : elles sont source à la fois de progrès remarquables et de nouveaux risques. L’intelligence artificielle (IA), l’informatique quantique et l’énergie nucléaire, par exemple, sont des technologies qui recèlent un potentiel immense, mais qui exigent une surveillance rigoureuse.

Cet équilibre entre l’ombre et la lumière était au cœur du discours prononcé par Son Excellence l’ambassadeur du Japon au Canada, Kanji Yamanouchi, lors d’un événement tenu le 24 février 2025 et organisé par le Forum pour le dialogue Alex-Trebek et le Cabinet de la vice-rectrice à la recherche et à l’innovation (CVRRI) de l’Université d’Ottawa.

Dans son exposé, l’ambassadeur a insisté sur le fait que les pays ayant des valeurs communes, comme la transparence, la confiance et la volonté de rendre la société meilleure doivent collaborer pour faire face à ces défis. En ce sens, le Japon considère que le Canada et l’Université d’Ottawa sont des partenaires naturels.

Une tradition d’excellence scientifique

M. Yamanouchi a souligné l’admiration du Japon envers la longue feuille de route du Canada en matière d’avancées scientifiques et technologiques. De la création d’un médicament contre le diabète au lancement d’un satellite artificiel en 1962, le Canada a toujours fait preuve d’enthousiasme pour la recherche et la découverte.

Aujourd’hui, le Canada est pionnier en matière d’IA. L’un des premiers ordinateurs quantiques commerciaux au monde se trouve en Colombie-Britannique. Et la Saskatchewan est à l’avant-garde en matière de technologies de captage de carbone. La communauté de recherche de l’Université d’Ottawa fait progresser les technologies basées sur l’IA utilisées dans les véhicules autonomes, en biotechnologie, en robotique et dans les appareils médicaux. Le milieu universitaire se penche aussi sur les implications éthiques, juridiques et sociales de l’IA pour veiller à ce que les innovations soient efficaces et réalisées de manière responsable.

« Qu’il s’agisse d’améliorer les soins de santé, de transformer le secteur des transports ou de lutter contre les problèmes environnementaux, nous voulons que chaque percée soit au service de la société, affirme Julie St-Pierre, vice-rectrice intérimaire à la recherche et à l’innovation à l’Université d’Ottawa. Nous souhaitons exploiter l’IA de manière responsable pour que nos travaux de recherche, en plus de repousser les limites, fassent émerger des changements positifs et durables pour les communautés. »

Le patrimoine scientifique et technologique du Japon est également très riche. Depuis 2000, ce pays se classe deuxième, derrière les États-Unis, pour le nombre de personnes ayant reçu le prix Nobel en sciences naturelles. Depuis la fondation de sa première université nationale à Tokyo en 1877, le Japon a toujours priorisé la recherche comme moteur de croissance nationale. Le Japon souhaite collaborer davantage avec des pays comme le Canada, qui veulent également bâtir un avenir plus durable. Ces partenariats permettent l’exploitation de forces communes en vue de trouver des solutions mondiales relatives aux technologies propres, aux sciences de la vie, à l’IA et à l’informatique quantique.

La collaboration renforce les liens

Le Japon et le Canada collaborent depuis plusieurs décennies. En effet, c’est au terme de discussions qui ont commencé en 1972 que les deux pays ont signé en 1986 un traité officiel de coopération scientifique et technologique. Les partenariats se sont ensuite multipliés, tant dans le milieu universitaire que dans le secteur privé. Le Conseil national de recherches du Canada a choisi le Japon, l’Allemagne et le Royaume-Uni en tant que partenaires principaux, et c’est à Tokyo qu’il a établi son premier bureau à l’étranger, témoignant ainsi de sa volonté de coopérer à long terme.

En 2023, le ministre de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie du Japon s’est rendu à Ottawa pour signer deux accords importants avec des représentantes et représentants du Canada, dont les ministres François-Philippe Champagne, Mary Ng et Jonathan Wilkinson. Ces accords portent notamment sur la technologie des batteries, l’IA, l’informatique quantique et les technologies propres, des secteurs essentiels qui façonneront l’économie des deux pays.

L’Université d’Ottawa s’est imposée comme partenaire clé pour favoriser les liens entre le Japon et le Canada dans le domaine de la recherche. Son partenariat de 25 ans avec l’Université de Fukui témoigne des liens solides qui unissent les milieux universitaires de ces pays. L’ambassadeur a insisté sur le fait que l’Université d’Ottawa tient un rôle central dans la coopération scientifique entre le Canada et le Japon, en plus de constituer un pôle d’innovation et d’échanges universitaires.

C’est également ce que démontrent les collaborations de recherche toujours plus nombreuses entre l’Université et les établissements japonais. Par exemple, trois chercheurs de l’Université d’Ottawa, les professeurs Vincent Mirza, Ioan Nistor et Benjamin Tsang, participent avec des collègues de plusieurs universités japonaises à des projets portant notamment sur les changements urbains, la résilience face aux catastrophes, les tsunamis et la santé reproductive des femmes. Leurs travaux illustrent le développement des liens universitaires et le potentiel de découvertes révolutionnaires.

Pour renforcer son engagement, l’Université d’Ottawa a récemment accueilli un nouveau conseiller en partenariat. Il s’agit de Masahiro Suzuki, de l’Agence japonaise pour la science et la technologie, un important organisme subventionnaire japonais. Depuis juin, il travaille en étroite collaboration avec le CVRRI pour renforcer la coopération scientifique et élargir les réseaux d’innovation qui unissent le Canada et le Japon.

Martine Lagacé, vice-rectrice associée à la promotion et au développement de la recherche, souligne que l’Université d’Ottawa apporte un autre atout majeur à ces partenariats : son expertise en sciences sociales et humaines. « Nos chercheuses et chercheurs tirent profit d’un environnement multidisciplinaire dans lequel les sciences sociales et humaines fournissent une perspective essentielle sur les impacts historiques et sociétaux de l’innovation. Grâce à cette perspective plus large, nos travaux de recherche sont à la pointe du progrès, mais ils sont également éclairés, éthiques et adaptés aux besoins complexes d’un monde en constante évolution. »

L'ambassadeur Kanji Yamanouchi et Martine Lagacé de l'Université d'Ottawa sur scène lors d'une séance de questions-réponses.
L'ambassadeur Kanji Yamanouchi et Martine Lagacé, de l'Université d'Ottawa, sont sur scène lors d'une séance de questions-réponses.

Investir dans l’avenir : recherche et développement, commercialisation et talents

Malgré ces fondements solides, l’ambassadeur Kanji Yamanouchi est d’avis que le Canada et le Japon doivent investir davantage en recherche et développement, en commercialisation et en renforcement des capacités. Il a indiqué que le Japon, pays aux ressources naturelles limitées, a dû innover sans relâche pour soutenir son économie. À l’inverse et malgré une abondance de ressources naturelles, le Canada accuse un retard en matière d’investissement en recherche et développement, se classant au 23e rang mondial. C’est seulement 1,71 % de son PIB qui est investi dans la recherche. À titre comparatif, le Japon se classe parmi les cinq pays qui investissent le plus en recherche et développement. S’il souhaite demeurer concurrentiel, le Canada devra en faire plus.

C’est sur ce point qu’a insisté Mona Nemer, conseillère scientifique en chef du Canada. Elle a expliqué que la collaboration scientifique n’est pas qu’affaire de découvertes; c’est aussi un moyen de renforcer les relations diplomatiques et internationales. Elle a souligné le leadership du Japon en matière de recherche sur la santé et le fait que ses forces complètent celles du Canada en ce qui concerne les neurosciences, la médecine régénérative, la science des matériaux, la robotique et l’informatique quantique. Mme Nemer a également parlé de son expérience de travail avec la communauté de recherche japonaise, racontant qu’une compétition amicale dans le domaine de la recherche cardiovasculaire a mené à une fructueuse collaboration.

Le développement des talents est un autre axe principal. Le Canada et le Japon reconnaissent l’importance de soutenir la relève en innovation. Les échanges étudiants et les partenariats universitaires font partie intégrante de cette stratégie. Le programme d’échange et d’enseignement au Japon existe depuis plus de 35 ans. Il a permis à 799 000 personnes, dont plus de 10 000 Canadiennes et Canadiens, de se plonger dans la culture japonaise et de découvrir la langue du pays. En plus de renforcer les liens diplomatiques, ce type de programme permet de créer des réseaux professionnels et universitaires durables.

L’équipe de recherche internationale et apprentissage expérientiel de l’Université d’Ottawa a pour objectif d’appuyer les chercheuses et chercheurs dans leurs efforts visant à trouver des solutions aux enjeux mondiaux grâce à des partenariats internationaux. Elle aide la communauté de recherche à obtenir du financement, offre des fonds de démarrage pour le lancement de collaborations, soutient les étudiantes et étudiants menant des recherches à l’étranger et contribue au renforcement des liens de recherche existants. Cette approche holistique incite le corps professoral et la population étudiante à participer activement à d’importantes initiatives de recherche transfrontalières.

Surmonter les obstacles et envisager l’avenir

L’ambassadeur a reconnu que, malgré la multitude de possibilités de collaboration, des défis subsistent. Les barrières linguistiques et l’accès limité à l’information ralentissent parfois les progrès. Pour surmonter ces obstacles, les gouvernements et les établissements doivent collaborer pour favoriser la mise en commun des savoirs et la mobilité étudiante. La sécurité de la recherche représente également un enjeu majeur. Les nouvelles technologies, comme l’IA, ont une incidence importante sur la croissance économique et la sécurité nationale. C’est pourquoi les pays qui ont la même vision doivent s’attaquer ensemble aux enjeux relatifs à la sécurité. Le Japon s’est tourné vers le Canada, leader dans ce domaine, pour mieux comprendre comment protéger ses avancées scientifiques. En somme, l’une des grandes priorités des deux pays est d’assurer le développement responsable des nouvelles technologies.

Cintia Quiroga, directrice du Bureau de la recherche et de liaison en matière de politiques publiques (BRLPP) de l’Université d’Ottawa, s’exprime ainsi : « La diplomatie scientifique est notre outil le plus puissant pour diffuser les savoirs partout dans le monde. Elle met en relation des esprits issus de diverses cultures, stimule l’innovation, favorise la confiance et jette les bases de partenariats durables qui nous permettront de répondre aux enjeux mondiaux les plus pressants. »

Le message de l’ambassadeur était clair : le Japon et le Canada, qui tirent une immense fierté des découvertes et des inventions de leurs citoyennes et citoyens, doivent maintenant se concentrer sur la commercialisation de leurs innovations, ainsi que sur le renforcement de leurs capacités et de leur leadership mondial. Grâce à notre partenariat et à notre engagement commun en faveur de l’innovation éthique, nous pourrons exploiter toute la lumière qu’apportent les progrès scientifiques tout en réduisant leurs zones d’ombre. Ce faisant, nous ferons progresser la technologie et façonnerons un avenir meilleur pour tout le monde.