Explorer les effets positifs du bilinguisme sur le cerveau

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Une illustration colorée d'un profil de tête humaine composée de lettres et de symboles multicolores superposés sur un fond blanc.
L’Université d’Ottawa se situe à l’avant-garde de la recherche sur le bilinguisme et les fonctions cérébrales grâce aux travaux des professeures Shanna Kousaie et Vanessa Taler, qui montrent l’influence du bilinguisme sur les fonctions cognitives et la santé du cerveau.

Bilinguisme et efficacité cognitive

Selon une récente étude menée par Shanna Kousaie (qui enseigne à l’École de psychologie) en collaboration avec une équipe de l’Institut-Hôpital neurologique de Montréal (le Neuro), le bilinguisme pourrait favoriser l’efficacité du cerveau.

Leurs conclusions montrent également que plus l’apprentissage d’une langue seconde se fait à un jeune âge, plus les effets positifs sont importants.

L’équipe de recherche a tenu compte de l’âge auquel les participantes et participants avaient appris leur langue seconde et enregistré la communication entre les régions du cerveau grâce à un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Les résultats ont montré une efficacité de communication accrue entre les régions du cerveau chez les sujets bilingues. Cette connectivité était encore plus forte chez celles et ceux qui avaient acquis leur langue seconde à un jeune âge.

La collaboration entre l’équipe du Neuro et la professeure Kousaie a influencé les recherches que mène cette dernière dans son propre laboratoire, à l’Université d’Ottawa. Deux études se rapportant au bilinguisme et à ses effets sur la cognition et le cerveau sont en cours.

Prenant appui sur les techniques d’IRM et d’électroencéphalographie (alors que l’étude du Neuro reposait uniquement sur un examen d’IRM), les travaux ont pour but d’explorer l’influence du bilinguisme sur l’activité cérébrale durant les tâches nécessitant le recours aux fonctions exécutives et à la mémoire de travail. Les premiers résultats suggèrent que la fréquence de passage d’une langue à l’autre pourrait constituer un important facteur d’amélioration de la cognition.

« Nous examinons l’activité électrique du cerveau pendant que nos participantes et participants effectuent diverses tâches nécessitant de recourir à des fonctions exécutives. Nous recueillons des données comportementales ainsi que de l’information sur le bagage linguistique et le bilinguisme pour déterminer si l’expérience linguistique a un impact différent sur les tâches verbales et non verbales », explique la professeure Kousaie. 

Portrait de la professeure Shanna Kousaie souriante, portant des lunettes et un haut à motifs floraux, avec un arrière-plan intérieur flou.

« Nous recueillons des données comportementales et de l’information […] sur le bilinguisme pour déterminer si l’expérience linguistique a un impact différent sur les tâches verbales et non verbales. »

Shanna Kousaie

— professeure, École de psychologie, Faculté des sciences sociales

Langage, cognition et neurodégénérescence

De son côté, Vanessa Taler, également de l’École de psychologie, s’intéresse à la manière dont les changements cérébraux affectent les fonctions langagières, en particulier dans le cas de maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer. Le langage est un sujet qui la passionne : « Le cerveau et la façon dont les changements cérébraux modifient le langage me fascinent. » 

Dans le cadre de ses travaux, elle étudie notamment les effets possibles du bilinguisme sur le processus cognitif et le potentiel des tâches linguistiques dans la détection d’un déclin cognitif précoce. Par exemple, elle a mis en évidence certaines différences dans l’exécution de tâches de fluidité verbale chez les personnes âgées et celles atteintes de troubles cognitifs. Ces résultats permettent de mieux comprendre la progression de la neurodégénérescence. 

En plus d’explorer l’apport potentiel du bilinguisme à la réserve cognitive (capacité à maintenir les fonctions cognitives), la chercheuse s’intéresse aussi au soutien social comme mécanisme potentiel de protection contre le déclin cognitif. La personne bilingue ayant subi des modifications cérébrales liées à une neurodégénérescence ou à une lésion cérébrale pourrait posséder une plus grande réserve cognitive grâce à l’apprentissage d’une langue seconde, car la gestion de ses deux langues, au fil du temps, a constitué une sorte d’« exercice mental ». 

« La recherche a montré que le soutien social contribue au maintien des fonctions cognitives, affirme la professeure Taler. Ces résultats pourraient nous aider à orienter les politiques visant à répondre aux besoins des personnes âgées. »

 Portrait de la professeure Vanessa Taler souriante, portant un haut noir, avec un arrière-plan uni et une plante partiellement visible.

« Ces résultats pourraient nous aider à orienter les politiques visant à répondre aux besoins des personnes âgées. »

Vanessa Taler

— professeure, École de psychologie, Faculté des sciences sociales

Un engagement commun envers l’excellence

Malgré la différence dans leurs approches, les deux chercheuses explorent les effets du bilinguisme sur le cerveau. Leurs travaux s’ajoutent aux données – plus en plus nombreuses – qui montrent que le bilinguisme, en plus d’être une compétence linguistique, est un outil qui permet de préserver la santé du cerveau.