Félicitations Jon-Evan Quoquochi chargé de cours à Kiuna, le seul cégep autochtone au Québec!

Leadership académique
Autochtone
Politique
Étudiants cycles supérieurs
Jon-Evan Quoquochi
Nous sommes fiers de Jon-Evan Quoquochi, qui a complété son baccalauréat en décembre et qui ira enseigner un cours d’Introduction à la Politique, au Collège Kiuna, le premier collège entièrement dédié aux étudiants autochtones par des enseignants autochtones. Jon-Evan a commencé également une Maîtrise en Science politique à la faculté en janvier 2022.

Voici Jon-Evan Quoquochi

Parle-nous de toi.

Je me nomme Jon-Evan Quoquochi, je suis Atikamekw Nehirowisiw et je viens de la communauté de Wemotaci, qui est une communauté autochtone au Québec. Je suis papa de deux jeunes filles et conjoint d'une femme merveilleuse. Je fais un baccalauréat en sciences sociales spécialisé en science politique à l'Université d'Ottawa que je vais terminer en décembre 2021. Dès janvier, je poursuivrai mes études supérieures en science politique à la même université.

Pendant mon parcours universitaire, j'ai travaillé pour la Chaire de recherche du Canada en traditions intellectuelles et autodétermination des Premiers Peuples durant l'été 2021, en tant qu'assistant de recherche, ce qui a été toute qu'une expérience bénéfique pour mon identité ainsi que pour mon parcours scolaire. Ce travail m'a permis d'en connaitre davantage sur les systèmes ancestraux de fonctionnement politique, notamment celui que les Atikamekw Nehirowisiwok pratiquent depuis des millénaires. En ce moment, je suis assistant de recherche et assistant d'enseignement pour deux professeurs différents. Toutes ces expériences m'incitent à étudier davantage et à poursuivre mon parcours universitaire. 

Prochainement, je travaillerai à Odanak et je serai chargé de cours à Kiuna, qui est le seul cégep autochtone au Québec! Je vais enseigner le cours d'Initiation en sciences politiques et c'est tout un honneur de faire partie de ce corps professoral.

Comment ton expérience à la Faculté a-t-elle affecté ton éducation ?

​Mon expérience à la Facutlé des sciences sociales a affecté mon éducation d'une façon positive. Je crois que les cours offerts par la Faculté m'ont permis de me positionner sur les enjeux qui me touchent particulièrement en tant qu'Atikamekw Nehirowisiw. 

Un autre aspect positif de la Faculté des sciences sociales est qu'il y a de plus en plus de place pour les Autochtones quant au contenu des cours offerts. J'ai remarqué quelques changements auprès des professeurs que j'ai rencontré durant mon parcours au premier cycle, des changements comme l'intégration des perspectives et des réalités des peuples autochtones dans les cursus des cours. Certains professeurs allochtones m'ont aidé dans un processus de décolonisation des savoirs, ce qui m'a renforcé et encouragé à poursuivre.

Pour ce qui est de l'Université en général, le recrutement des professeurs autochtones est un besoin réel pour les étudiants autochtones. Il est nécessaire pour plusieurs d'entre nous d'avoir une ressource telle qu'un.e professeur.e autochtone afin de partager des positions idéologiques, perspectives et analyses du territoire dans un milieu culturellement sécurisant.

Pourquoi est-il important pour toi d'offrir une formation universitaire exceptionnelle et un environnement qui honore l'histoire et la culture des étudiants Autochtones ?

C'est important pour moi que les universités s'impliquent dans les démarches de réconciliation avec les peuples autochtones. Alors il faut, évidemment, que les universités créent des espaces intellectuels et physiques qui tendent à la sécurisation culturelle, c'est-à-dire que l'étudiant autochtone se sente à l'aise de pouvoir étudier et de pouvoir s'exprimer dans les cours et travaux universitaires. J'ai grandement apprécié quand les professeurs acceptaient mes commentaires et qu'ils changeaient le contenu des cours en conséquence. 

Est-ce qu'un professeur(e) en particulier a marqué ton experience à l'Université? 

Il y a un professeur en particulier qui a marqué mon expérience à l'Université d'Ottawa, son nom est Pierrot Ross-Tremblay. Il m'a enseigné dans le cadre du cours L'autodétermination chez les premiers peuples en plus d'être titulaire de la Chaire de recherche du Canada en traditions intellectuelles et autodétermination des Premiers Peuples où j'ai pu apprendre en tant qu'assistant de recherche.

Ce professeur Essipiunnu m'a permis de continuer à croire en mes capacités intellectuelles. J'étais rendu à un point où je doutais de mon positionnement face aux différentes réticences et enjeux concernant l'importance des peuples autochtones à l'interne des cours universitaires. Comme si les perspectives et les points de vue des peuples autochtones valaient moins. Je traversais une période académique difficile, je commençais à penser que mes capacités intellectuelles ne correspondaient aux valeurs et aux attentes de l'université. Lorsque je me suis inscrit au cours de Pierrot Ross-Tremblay, mon positionnement a vite été défendu par des articles universitaires dont j'ignorais l'existence. Ce professeur a créé le pont entre les documents intellectuels et moi, en plus de faire naître en moi le rêve de devenir un jour professeur.

Tel que mentionné plus haut, je crois qu'il est absolument nécessaire pour les étudiants autochtones d'avoir un repère dans le corps professoral. Dans le cas où il n'y a pas de professeurs autochtones, il est nécessaire que les professeurs allochtones encouragent les étudiants autochtones dans leur cheminement académique. Les perspectives et les données scientifiques des peuples autochtones sont primordiales pour les étudiants autochtones. De plus, Mireille McLaughlin et Hélène Pellerin sont deux exemples à suivre pour les professeurs allochtones selon moi. En effet, elles m'ont soutenu dans ma réussite en reconnaissant les réalités particulières que je vivais en tant qu'étudiant, papa et Atikamekw Nehirowisiw. 

Je crois que chaque professeur a des capacités singulières pour contribuer à la diminution des maux au sein des communautés autochtones par son rôle et responsabilités en tant qu'enseignant.

Quels sont tes objectifs futurs en complétant une maîtrise en sciences politiques à l'Université d'Ottawa ?

Lorsque j'étais adolescent, je voulais simplement réussir mon secondaire. Le sport-étude m'a permis d'y parvenir. Je ne croyais pas pouvoir aller à l'université vu mes résultats scolaires. Aujourd'hui, j'aimerais poursuivre dans le milieu universitaire après la maîtrise jusqu'au doctorat, pour que les jeunes et générations futures puissent étudier, s'ils le veulent, dans un milieu où les savoirs de leur peuple ont une place, sont valorisés et partagés. Le milieu de l'éducation a contribué au génocide de nos peuples. Pour ma part, j'aimerais aider à diminuer les maux de société qui se perpétuent par la décolonisation et l'autochtonisation du milieu universitaire tout en créant des ponts entre interculturels et intergénérationnels.