Pascale Massot rejoint le cabinet du ministre des Affaires étrangères comme conseillère principale

Faculté des sciences sociales
École des études politiques
Professeures ou professeurs
Une femme souriante avec des lunettes et un haut noir.
Pascale Massot, professeure adjointe à l’École d’études politiques et chercheuse spécialiste en économie politique de l’Asie-Pacifique, rejoint le cabinet de l’honorable François-Philippe Champagne comme conseillère principale, Asie-Pacifique. La professeure Massot fut invitée à reprendre son rôle de conseillère, qu’elle a précédemment occupé de décembre 2015 jusqu’en juin 2017. Nous lui avons posé quelques questions au sujet de cette remarquable nomination.

Vous reprenez vos fonctions de conseillère principale auprès du ministre des Affaires étrangères à compter du 24 février 2020, pouvez-vous nous expliquer un peu votre rôle?

En tant que conseillère principale responsable de l’Asie-Pacifique, mon rôle sera de prodiguer des conseils au ministre des Affaires étrangères, l’honorable François-Philippe Champagne, sur l’orientation de la politique étrangère canadienne dans la région de l’Asie-Pacifique. En pratique, cela veut dire soutenir et accompagner le ministre dans toutes ses rencontres, ses décisions ou ses activités reliées à cette région. Cela veut aussi dire agir comme interface entre le cabinet du ministre et une foule d’intervenants clés, dont les diplomates d’Affaires mondiales Canada, le bureau du premier ministre, les autres élus, et les groupes d’intérêts à travers le pays, y compris les organisations non gouvernementales. D’autres responsabilités incluent la rédaction de discours ministériels sur l’Asie, ainsi que la planification et l’accompagnement du ministre dans les voyages officiels dans la région. Ces responsabilités doivent être prises en charge dans un esprit de collaboration et de dialogue avec les autres proches collaborateurs du ministre, que ce soit au niveau des autres membres de l’équipe des politiques, des communications, ou des affaires parlementaires. Un des défis constants pour l’équipe est de conserver un horizon stratégique, étant donné le rythme accéléré, les demandes incessantes, les imprévus, et les nombreuses priorités concurrentes.

Vous êtes professeure et chercheuse, qu’est-ce qui vous a poussé à accepter ce mandat et à passer de la théorie à la pratique?

J’ai choisi de poursuivre une carrière académique pour plusieurs raisons, entre autres parce que je suis passionnée par mes sujets d’étude, mais aussi parce que je souhaite avoir un impact au-delà du monde académique. Cet impact peut être réalisé de plusieurs façons, mais ce poste est une occasion unique de pouvoir traduire en pratique mes années de travail et de réflexion académiques sur les relations Canada-Chine et Canada-Asie. J’ai accepté à la fois parce que ces relations sont un domaine crucial des relations étrangères du Canada au 21e siècle et également parce qu’elles traversent une période très difficile en ce moment. Je m’engage donc par intérêt et par préoccupation pour le sujet et aussi dans une optique de service public. C’est un grand privilège.

Quels sont les avantages du partage d’expertise pour les décideurs et, vice-versa, pour le monde académique? 

Je crois qu’une connexion fluide entre le monde académique et celui des politiques publiques est importante, et qu’on doit davantage faciliter ces échanges. Les chercheuses et chercheurs universitaires ont une expertise incroyable à partager sur une foule de sujets qui sont d’intérêt public. Nous faisons face à des défis profonds et complexes, et l’expertise académique est un ingrédient nécessaire à l’élaboration de politiques publiques cohérentes, rigoureuses et ancrées sur des fondations empiriques solides.

D’autre part, une expérience pratique dans l’élaboration ou la mise en place des politiques améliore notre compréhension et fait de nous de meilleures spécialistes. Réfléchir sur des relations bilatérales au niveau théorique, et les bâtir en pratique, en composant avec les contraintes, c’est très différent. Ces expériences peuvent aussi inspirer de nouvelles questions de recherche, approfondir nos connaissances empiriques, élargir nos réseaux d’expertise, et bonifier nos habiletés comme mentores et enseignantes. Mon expérience de conseillère en 2015-2017 a fait de moi une meilleure professeure, et une meilleure chercheuse et m’a outillée pour dériver les implications pratiques de mes recherches, pour les vulgariser devant différents publics et proposer des recommandations en politiques publiques. Une foule d’avantages sont aussi présents lors de la venue d’un décideur politique ou d’un bureaucrate au sein de nos universités.

Croyez-vous que vous servirez d’exemple pour d’autres chercheuses? 

Il reste du travail à faire pour encourager les échanges entre le gouvernement et le monde académique, mais je dois dire que mes collègues à l’École d’études politiques et à la Faculté sont très enthousiastes et me soutiennent dans ce parcours. Si je parviens effectivement à obtenir ma permanence dans quelques années, en ayant jeté les fondations d’un parcours académique solide en recherche mais aussi connecté avec le monde de l’élaboration des politiques étrangères et au-delà, j’espère que cela pourra inspirer d’autres jeunes chercheuses à s’impliquer à l’extérieur des universités dès le début de leurs carrières. Mon parcours n’est pas typique, mon congé a des impacts au niveau de la recherche et de la productivité académique en général qui sont difficiles à évaluer, mais tellement d’autres impacts positifs également : je pense vraiment que cela en vaut le coup. Je dois composer avec l’unicité de ma situation, trouver mes propres solutions, et forger ma propre identité académique.