Alors que l’école Columbine souligne le 16e anniversaire de la fusillade mortelle qui l’a tristement rendue célèbre, l'étude de la professeure de criminologie Carolyn Côté-Lussier avance que les craintes en matière de sécurité des élèves du secondaire nuisent à leur potentiel d’apprentissage et entraînent chez ces derniers davantage de problèmes socio-affectifs.
Cette étude, publiée dans le Journal of Adolescent Health, préconise une attention plus soutenue au sentiment de sécurité des élèves. L’étude avait pour objet de déterminer si le sentiment d’insécurité à l’école nuisait à l’engagement en classe et, en l’occurrence, si cette connexion s’expliquait par une dégradation du bien-être de l’élève – notamment en termes de symptômes de dépression et de comportements agressifs.
Carolyn Côté-Lussier, auteure principale de l’étude et professeure au Département de criminologie de l’Université d’Ottawa, a conclu que les élèves qui se sentent en sécurité sont plus attentifs et productifs en classe. En outre, ces mêmes élèves signalaient moins de symptômes de dépression, comme de la tristesse ou de la difficulté à éprouver du plaisir. Toujours selon l’étude, le fait d’être victime de violence en milieu scolaire, au même titre que celui d’entretenir des sentiments d’insécurité, alimente les symptômes de dépression qui nuisent au potentiel d’apprentissage des élèves.
La professeure apporte toutefois quelques précisions : « Les facteurs que l’on associe habituellement à un sentiment d’insécurité, comme l’intimidation ou la violence en milieu scolaire, n’expliquent qu’en partie la raison pour laquelle les élèves entretiennent ce sentiment. Les recherches que nous avons menées précédemment ont révélé que les jeunes en situation de pauvreté chronique et ceux vivant dans des quartiers défavorisés se sentent souvent moins en sécurité à l’école ». Même si les taux de décrochage scolaire aux États-Unis et au Canada sont en baisse depuis le début des années 1990, les taux actuels de décrochage – de 7 % et 10 % respectivement – révèlent la nécessité de mettre au point de nouvelles solutions multidimensionnelles. « La participation et la concentration des élèves en classe peuvent contribuer à leur réussite à long terme, et ce, bien au-delà de leurs habiletés en lecture et en mathématiques, par exemple », ajoute Caroline Fitzpatrick, coauteure de l’étude et professeure au Département des sciences sociales de l’Université Saint-Anne.
Le rapport se termine sur des recommandations pour favoriser le sentiment de sécurité des élèves et promouvoir l’engagement en classe, comme la création de politiques visant à améliorer les écoles et l’environnement à proximité de celles-ci. À titre d’exemple, des initiatives pourraient cibler les attentes des élèves sur le plan de l’éducation, le soutien offert par les enseignants et l’amélioration du voisinage de l’école et des quartiers résidentiels. Voir l’étude complète.
Carolyn Côté-Lussier est titulaire d’une maîtrise en criminologie de l’Université de Toronto et d’un doctorat en méthodes de recherche sociale de la London School of Economics and Political Science. Elle a été récipiendaire de bourses postdoctorales en médecine sociale et préventive et au Centre international de criminologie comparée de l’Université de Montréal. Elle est présentement professeure adjointe au Département de criminologie de l’Université d’Ottawa. Elle fait également partie du Laboratoire de recherche en santé des populations (SPHERE), qui se consacre à une meilleure compréhension de la manière dont l’environnement contribue à l’état de santé de la population, et du Centre de recherche sur les services éducatifs et communautaires (CRSEC) . Sa recherche entrecoupe la criminologie, la psychologie sociale et la médecine sociale et préventive.