Une nouvelle étude met en lumière la façon dont les différentes générations interprètent l’utilisation des émojis dans leurs communications. Il en ressort que les personnes âgées ne les utilisent pas aussi fréquemment que les plus jeunes par manque d’assurance, même si elles en comprennent la signification.
Le stéréotype selon lequel ce segment de la population ne peut ou ne veut pas s’adapter aux nouvelles formes de langage, comme les émojis, n’est peut-être pas fondé, selon une étude de l’Université d’Ottawa qui suggère que les personnes âgées en comprennent la signification, mais n’ont pas l’assurance nécessaire pour les intégrer dans leurs interactions technologiques.
« Nous avons constaté que cette communauté utilisatrice plus âgée est moins susceptible d’utiliser des émojis, qu’elle en utilise moins et qu’elle doute plus de sa capacité à les interpréter », explique l’autrice principale de l’étude, Isabelle Boutet, professeure agrégée à l’École de psychologie (Faculté des sciences sociales) de l’Université d’Ottawa. « Nos conclusions, combinées à celles d’autres études, suggèrent que ces facteurs liés à l’âge ne découlent pas d’une interprétation moins exacte des émojis. »
Mesuré l’adoption des émojis
Cette première étude complète sur l’utilisation des émojis par diverses générations, notamment par les adultes de plus de 60 ans, a permis de cerner des différences attribuables à l’âge et à la génération d’appartenance. L’équipe de recherche a mesuré l’adoption des émojis (fréquence, diversité, facilité d’interprétation et exactitude de l’interprétation) pour comprendre l’influence de l’âge sur leur utilisation.
« Les utilisatrices et utilisateurs plus âgés ont la motivation et la capacité d’utiliser les émojis, mais n’ont pas la confiance ni l’expertise technologique pour s’adapter à ce mode de communication. »
Isabelle Boutet
— Professeure agrégée à l’École de psychologie, Faculté des sciences sociales
L’émoji de la surprise – le petit visage jaune aux yeux grand ouverts et aux sourcils levés qui semble bouche bée – est celui que les personnes âgées ont le plus de difficulté à interpréter. Au deuxième rang des émojis que ce groupe peine à interpréter vient celui qui exprime la joie.
L’étude montre que plus l’âge de la personne est avancé, plus elle a de la difficulté à utiliser les émojis, plus elle doute de sa capacité à les utiliser et plus les probabilités qu’elle utilise un outil technologique où l’usage des émojis est répandu sont faibles.
« Cette tendance nous amène à conclure que les utilisatrices et utilisateurs plus âgés ont la motivation et la capacité d’utiliser les émojis, mais n’ont pas la confiance ni l’expertise technologique générale qu’il leur faut pour s’adapter à ce nouveau mode de communication », explique Isabelle Boutet.
Aider les personnes âgées
La chercheuse est d’avis qu’il est important de promouvoir l’utilisation des émojis auprès des personnes âgées en raison de leur fonction de communication et de leur capacité à faciliter les interactions intergénérationnelles, à réduire la solitude et à aider les gens de tous âges à réaliser leurs ambitions sociales et émotionnelles.
« Les équipes de développement logiciel pourraient envisager de modifier les menus des émojis pour faciliter leur utilisation par les gens de toutes les générations, par exemple en simplifiant l’accès aux émojis que les personnes âgées sont capables d’interpréter. On pourrait penser aussi à donner des formations sur le sujet dans le cadre de programmes communautaires en vue d’aider les personnes âgées à intégrer les émojis dans leurs interactions en ligne », poursuit-elle.
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