La professeure Maia Fraser, dont les travaux portent sur les aspects théoriques et appliqués de l’IA, en est une éminente représentante. Elle combine mathématiques pures et informatique pour analyser les algorithmes d’IA et en développer de nouveaux pour des applications bien précises. Elle a notamment travaillé, de 2020 à 2023, sur une initiative canado-britannique visant à concevoir des méthodes d’IA novatrices pour personnaliser les soins en psychiatrie.
L’IA moderne repose généralement sur des méthodes d’apprentissage machine permettant aux ordinateurs d’« apprendre », c’est-à-dire d’acquérir des fonctionnalités par l’expérience, sans programmation préalable. Elle identifie des formes dans les données fournies et les utilise pour faire des prédictions ou effectuer des actions en fonction de nouvelles données. Par exemple, après avoir été exposé à un grand nombre d’images étiquetées « chat » ou « chien », l’algorithme d’apprentissage machine pourrait élaborer un prédicteur lui permettant d’attribuer une de ces étiquettes à une nouvelle image.
Dans un monde où l’IA gagne en importance, les algorithmes d’apprentissage machine transcendent tous les secteurs de la société. La professeure Fraser, qui entretient de nombreuses relations dans le milieu, a remarqué que les employeurs en sciences et en haute technologie n’étaient pas toujours bien servis par les algorithmes d’apprentissage machine standard qui permettent l’utilisation de l’IA dans nombre d’autres domaines. Pour eux, l'intégration de l'IA dans des processus hautement techniques reposera sur la combinaison des savoir-faire issus des mathématiques appliquées et de l’apprentissage machine. Si les grandes entreprises ont les moyens de former leurs recrues spécialistes de l’un des deux domaines dans le second, les petites et moyennes entreprises (PME) se retrouvent devant un véritable fossé de compétences. Pour le combler, la professeure Fraser a élaboré le nouveau Interdisciplinary Math and Artificial Intelligence Program (IMA). Son équipe innovatrice – composée de scientifiques de l’Université d’Ottawa, de l’Université McGill, de l’Université de Montréal et de l’Université Guelph – a reçu une subvention du Programme de formation orientée vers la nouveauté, la collaboration et l’expérience en recherche (FONCER) du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), qui permet au programme IMA de former du personnel hautement qualifié pour des projets interdisciplinaires alliant mathématiques et apprentissage machine pour la résolution de problèmes appliqués, tout en étant axé sur la diversité croissante en IA. Le programme IMA peut compter sur le soutien de partenaires comme les instituts de recherche en IA Mila (Montréal) et Vector (Toronto) et les instituts de recherche en mathématiques CRM (Montréal) et Fields (Toronto).
En automne 2022, il a accueilli sa première cohorte étudiante en IA axé sur les mathématiques et en mathématiques axées sur l’IA, qui poursuivront ces deux passions de concert. La cohorte participera également à des activités axées sur l’éthique ainsi qu’à des stages dans des PME technologiques. Le professeur Florian Martin-Bariteau, directeur du Centre de recherche en droit, technologie et société et de l’Initiative IA + Société, arrimera le rôle central de l’éthique dans le programme IMA et contribuera à assurer la diversité des candidatures. « Les principales compétences que j’aimerais voir la communauté étudiante retirer du programme, c’est le courage de sortir des ornières disciplinaires et le sens de l’éthique dans le développement de l’IA », affirme la professeure Fraser. Non seulement le programme IMA sera un catalyseur de l’équité, de la diversité et de l’inclusion en IA, mais comme le souligne la professeure, « l’union de personnes d’horizons différents pour s’attaquer à des défis ensemble est un moteur de créativité puissant. »
Pour en savoir plus:
- Interdisciplinary Math and Artificial Intelligence Program (en anglais seulement)