Brillant mathématicien, professeur, musicien et ami : l’héritage impérissable du professeur Pieter Hofstra à l’Université d’Ottawa

Mathématiques et statistique
Tableau noir avec une équation écrite pour une leçon de mathématiques
Pieter Hofstra (1975-2022) nous a quittés subitement en mai 2022; c’était un enseignant dévoué et un scientifique créatif et brillant.

Il a grandi aux Pays-Bas, où il a étudié le piano dès l’âge de trois ans. Il a obtenu sa maîtrise en philosophie puis son doctorat en mathématiques à l’Université d’Utrecht. En 2003, dans le cadre de son postdoctorat, il s’est joint à l’équipe de recherche en logique catégorique à l’Université d’Ottawa. De 2005 à 2007, il a été chercheur boursier de niveau postdoctoral au Département d’informatique de Calgary avant de revenir à Ottawa en 2007 pour occuper un poste à temps plein au Département de mathématiques et de statistique.

Mentionnons quelques-uns des principaux travaux scientifiques du professeur Hofstra. Après son doctorat sur la théorie des catégories et la théorie de la récursion abstraite, il a publié une série d’articles de plus en plus influents sur sa thèse des fondements des « topos de réalisabilité ». Pendant son passage à Calgary, il s’est associé au professeur Robin Cockett pour travailler sur une approche catégorique-théorique à la théorie de la calculabilité et de la complexité, nommée « catégories de Turing »; ces travaux ont mené à une série d’importants articles jetant de nouvelles bases pour le sujet.

Le professeur Pieter Hofstra, debout devant un tableau sur lequel on peut voir des formules mathématiques relatives à son célèbre cours Poker 101.

Il y a plus de 10 ans, les professeurs Hofstra et Jonathan Funk (CCNY) ont introduit un nouveau concept : les groupes d’isotropie des topos. Un important volume de publications influentes a découlé de ces travaux, auxquels ont contribué de nombreux collègues et étudiantes et étudiants des cycles supérieurs. En se basant sur la théorie des topos de Grothendieck, les professeurs Funk et Hofstra ont étudié les fondements des semigroupes inverses, des groupoïdes et des pseudo-groupes, ce qui a donné lieu à une autre série d’articles. Le professeur Hofstra s’intéressait également aux catégories de dimension supérieure et aux avancées de la théorie homotopique de Voevodsky, sur laquelle il a coécrit des articles avec Michael Warren et Steve Awodey, deux pionniers du sujet.

Joueur de poker talentueux, il a longtemps donné le très populaire cours de première année « Poker 101 », qui attirait des étudiantes et étudiants de tous les domaines. Dans ce cours, il illustrait les fondements mathématiques de ce type de jeux à l’aide de saisissantes présentations en temps réel. Beaucoup d’étudiantes et étudiants d’autres départements ont décidé de faire une majeure en mathématique après avoir assisté à son cours. C’était un enseignant dynamique et captivant, adoré de la communauté étudiante. Il a d’ailleurs reçu le Prix d’excellence en éducation 2013-2014 de l’Université d’Ottawa.

Le professeur Hofstra avait de nombreux talents remarquables et des intérêts variés. Grand passionné d’alpinisme, il était doté d’une mémoire photographique et pouvait se souvenir des détails de longues discussions sans jamais prendre de notes. Il a joué de la musique tout au long de sa vie, surtout du piano et de la guitare jazz; d’ailleurs, pendant ses études supérieures, il arrondissait ses fins de mois en jouant du jazz dans des boîtes de nuit.

Mais au-delà de toutes ces qualités, le professeur Pieter Hofstra était avant tout un ami cher qui nous manquera terriblement.

Richard Blute et Philip Scott
Département de mathématiques et de statistique