L'énergie nucléaire est un sujet qui suscite des émotions et provoque parfois des controverses. Au fil des ans, elle a généré de nombreux mythes, entraînant la désinformation, la peur et l'inquiétude dans les communautés concernées. Malgré les préoccupations qui persistent autour de l'énergie nucléaire, comme la croyance qu'il n'existe aucune solution pour éliminer les combustibles nucléaires usés, un grand nombre de recherches scientifiques indiquent le contraire.
La vitrification, un processus qui convertit les déchets nucléaires ou autres déchets dangereux en verre, offre une solution de stockage potentiellement souhaitable à long terme, résistante à la corrosion et au lessivage. Cette technique, utilisée depuis plus de quatre décennies à travers le monde, consiste à mélanger les déchets avec des produits chimiques pour former du verre dans un four et à solidifier le verre fondu dans des contenants.
Malgré les recherches approfondies existantes, il reste encore beaucoup d’inconnus sur le comportement et les propriétés du verre nucléaire. Afin de mieux comprendre ce phénomène et d’informer la communauté académique ainsi que le grand public, le professeur Brian O’Driscoll a collaboré avec des collègues chimistes et des partenaires du National Nuclear Laboratory et de l'Université de Manchester (Royaume-Uni) pour présenter les avancées récentes en science de la vitrification.
Leur travail consistait à créer du verre simulé ayant la même composition chimique que celle que l'on trouverait dans d'éventuels déchets nucléaires de haute activité. Pour illustrer comment ces déchets de haute activité pourraient se détériorer lors de leur élimination, les verres simulés ont été irradiés pour évaluer les dommages, tels que les microfissures et les fractures, à des échelles inférieures au millimètre. Il est crucial de comprendre comment ces verres se dégradent, car les fracturesqui en résultent pourraient servir de conduits pour les fluides, permettant ainsi aux noyaux radioactifs de pénétrer dans le matériau et de s’échapper du verre, posant potentiellement des risques environnementaux néfastes.
Pour impliquer le public et le sensibiliser à l'élimination des déchets nucléaires, le professeur O’Driscoll et ses collaborateurs ont conçu une exposition publique intitulée Heart of Glass (Cœur de verre). Accueillie au Florence Arts Centre (Egremont, Royaume-Uni) entre mars et juin 2023, l'exposition présentait les efforts de recherche en cours et visait à atténuer les craintes entourant l'élimination des déchets nucléaires.
Cette initiative a été possible grâce à la collaboration de Tamas Zagyva, doctorant du professeur O’Driscoll (aujourd'hui à l'Imperial College London), du Dr. Felix Kaufmann (Musée de l'histoire naturelle de Berlin), de la professeure Petra Tjitske Kalshoven (Anthropologie sociale, Université de Manchester), de la Dre. Laura Leay (Consultante, anciennement à Université de Manchester) et du Dr. Mike Harrison (Fellow, responsable de la technologie pour la vitrification des déchets nucléaires au National Nuclear Laboratory).
L'exposition a suscité un vif intérêt au sein de la communauté locale et au-delà. Le Florence Arts Centre est situé à proximité de Sellafield, un réacteur nucléaire fermé dans le nord-ouest de l'Angleterre, qui a été le théâtre d'un grave incident nucléaire en 1957. La mémoire générationnelle des impacts négatifs de l'énergie nucléaire reste forte dans la région. Depuis sa fermeture 2022, les activités principales de l'usine à Sellafield sont le traitement des déchets et le démantèlement.
Heart of Glass a permis de sensibiliser le public au travail scientifique qui a été réalisé sur la vitrification des déchets de haute activité, contribuant ainsi à améliorer la compréhension du grand public et à appaiser les inquiétudes. Aujourd'hui professeur à l'Université d'Ottawa, le professeur O’Driscoll prévoit être proactif dans l'organisation d'activités de sensibilisation dans son domaine de recherche et d'enseignement: la géologie économique et plus précisément la récupération des métaux critiques et l’information du public sur les enjeux environnementales associés.
Pour en savoir plus :
- Entreposage et élimination des déchets nucléaires ( en anglais seulement)