À grande échelle, les changements climatiques anthropiques ont un effet catastrophique sur la température et l’acidité des océans, la pérennité des glaciers, la santé des écosystèmes et le niveau de la mer. L’Arctique canadien se réchauffant quatre fois plus rapidement que le reste de la planète, il est indispensable d’étudier ses eaux pour comprendre les conséquences des changements climatiques dans cette région critique du système terrestre.
La baie de Baffin est une mer bordière arctique située entre l’île de Baffin et la côte ouest du Groenland. Cette région alimente en eaux froides et salées l’Atlantique Nord. Les eaux profondes qui s’y forment agissent comme un véritable moteur de la circulation océanique profonde sur le globe. Ce n’est donc pas étonnant que la baie de Baffin ait fait l’objet de nombreuses études menées par des océanographes et scientifiques environnementaux, dont Sara Zeidan, diplômée de la maîtrise dirigée par le professeur Brett Walker.
Ses travaux visaient à réévaluer le temps de séjour des eaux profondes de la baie de Baffin. En d’autres mots, elle voulait savoir combien de temps l’eau profonde reste au fond du bassin avant de se mélanger à la surface et d’interagir avec l’atmosphère. Ce temps de séjour nous informe sur le stockage de substances comme le carbone et les nutriments dans les eaux profondes de la baie de Baffin à long terme. Pour y arriver, elle a mesuré des isotopes de carbone stables (δ13C) et l’âge par carbone 14 (Δ14C) dans l’eau en utilisant la spectrométrie de masse à rapport isotopique (SMRI) et la spectrométrie de masse par accélérateur (SMA), respectivement. La chercheuse a évalué que l’eau demeurait dans les profondeurs de la baie de Baffin de 360 à 690 ans, ce qui laisse croire que le carbone peut être stocké pendant des siècles. Ces résultats aident à circonscrire le rôle important que les mers bordières arctiques pourraient jouer dans l’atténuation des changements climatiques. Si, par exemple, le réchauffement occasionnait une augmentation du transfert du carbone de la surface vers les profondeurs, ce carbone atmosphérique pourrait être piégé pendant des siècles dans la baie de Baffin. L’étude de Sara a également beaucoup contribué à notre compréhension de l’importance océanographique de la baie de Baffin.
Ses résultats – les toutes premières mesures au carbone 14 effectuées et publiées dans la baie de Baffin – ont été présentés à la conférence Arctic Change 2020 et à la rencontre sur les sciences aquatiques 2021 d’ASLO. Elle a également reçu une bourse d’études supérieures du Canada Alexander-Graham-Bell du CRSNG pour financer ses travaux.
Pendant ses études à l’Université d’Ottawa, Sara s’est illustrée sur le campus; elle a notamment été membre des associations étudiantes musulmane et en sciences de l’environnement et a fait partie de la communauté Action Against Hunger. Elle encourage la communauté étudiante à explorer les possibilités et à apprendre le plus possible, à l’intérieur comme à l’extérieur des murs de la classe.
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