Appel à communications (in French only)
Afin d’accueillir des chercheurs et chercheuses de divers horizons, nous avons retenu une définition large du récit comme acte de relater des évènements factuels ou fictifs.
Fidèle à la tradition du CIREM 16-18, ce colloque cherche à réunir en un même lieu différentes disciplines : histoire, littérature, philosophie, théâtre et histoire de l’art. Le thème du colloque invite précisément à des formes de décloisonnement et permet d’interroger la frontière poreuse entre ces nombreuses disciplines à l’époque moderne.
Par exemple, dans le récit littéraire se tissent des liens étroits entre philosophie et littérature. Sous l’impulsion d’une rationalité réfléchissante qui éclot dans le courant de l’humanisme, les récits fictifs connaissent une grande effervescence, ainsi que le montrent au XVIIIe siècle les contes philosophiques de Voltaire. Les écrits irrévérencieux se mettent à foisonner et on voit s’éployer un éveil nouveau à l’orientalisme et à ses infinies potentialités narratives et philosophiques. Le théâtre est aussi le lieu d’un usage renouvelé des récits bibliques que la Réforme et la Contre-Réforme convoquent à leurs fins. C’est alors que naît, au confluent de l’imitation des Anciens et des exigences de l’époque, la tragédie biblique qui jouira d’une fortune exceptionnelle jusqu’au XVIIIe siècle. Ces exemples invitent à explorer les manières par lesquelles différents acteurs et actrices se saisissent du récit et l’investissent à l’époque moderne. Certains portent, par ailleurs, à réfléchir aux stratégies de vulgarisation et de diffusion de savoirs spécialisés ou encore à la position intermédiaire que peut occuper le récit entre réalité et fiction. Tel est le cas par exemple de nombreuses formes — canards, histoires tragiques, causes célèbres — qui émergent à la croisée du droit et de la littérature.
Nous encourageons ainsi des communications portant sur le récit dans son acception plus restreinte (conte de fées, récit de voyage, récit biblique, conte philosophique, etc.), ou mettant en valeur la part de récit dans d’autres types de sources (par exemple le récit de soi dans la correspondance ou la place du récit dans une théorie picturale fondée sur l’ut pictura poesis), mais aussi sur des questions plus théoriques. À l’époque moderne, différentes possibilités d’expérimentation s’entrouvrent à la fois dans les formes que peut prendre le récit et dans les objets qui peuvent être racontés. Les modernistes se retrouvent ainsi devant des enjeux méthodologiques (comment traiter ou vérifier de telles sources ?), épistémologiques (que peut-on connaître par le récit ?), esthétiques (quelle expérience esthétique se déploie dans le récit mis en mots, en images ou en scène ?), politiques (quelles critiques peuvent se faire par le truchement du récit ; comment peut-il être utilisé comme outil politique ?) et rhétoriques (comment aide-t-il ou non à vulgariser ou à convaincre ?). Nous invitons aussi les chercheurs et chercheuses à renouveler notre compréhension du récit et à s’interroger sur son rôle au sein de leur propre démarche. Comment raconte-t-on l’histoire à l’époque moderne et comment raconter l’histoire de cette période ? Qu’est-ce que l’usage du récit apporte aux écrivain·es et aux philosophes de l’époque ou encore aux chercheurs et chercheuses contemporain·es ?
Ce colloque accueillera les communications de jeunes chercheurs et chercheuses (à la maîtrise ou au « master », au doctorat ou au postdoctorat) qui travaillent dans différents champs des sciences humaines : histoire, philosophie, littérature, théâtre, histoire de l’art, etc. Les communications, inédites et en français, ne devront pas dépasser les vingt minutes allouées à chaque participant·e. Les propositions de communication (titre et résumé de 250 mots, niveau d’études, ancrage institutionnel) doivent être envoyées au comité organisateur avant le 17 mars 2023 à l’adresse suivante : [email protected]
Les actes du colloque seront publiés dans Les Collections de la République des Lettres (Hermann, Paris).
Comité organisateur :
- Maud Brunet-Fontaine
- Pascale Couturier-Rose
- Elena Chudzia-Conde
- Béatrice Leblanc-Martineau
- Anderson Magalhães
- Alexis Tétreault
Comité scientifique :
- Mawy Bouchard
- Geneviève Boucher
- Sébastien Côté
- Michel Fournier
- Louise Frappier
- Sylvie Perrier
- Mitia Rioux-Beaulne