AUTOMNE 2024
FRA5507 – Enjeux de la littérature
Professeur : Michel Fournier
Mode de livraison : présentiel
De la « culture de masse » à la littérature : les enjeux du roman policier
Le roman policier est passé, à travers son histoire, du statut de production relevant de la « culture de masse » à celui de genre reconnu par l’institution littéraire. Cette reconnaissance met en lumière différents enjeux qui ont marqué non seulement l’histoire de ce genre, mais aussi la réflexion entourant la définition même de la littérature, et plus particulièrement sa « redéfinition » au tournant des XXe et XXIe siècles. La transformation du statut du roman policier est liée à des facteurs institutionnels et culturels qui ont conduit à la remise en question du partage entre la littérature et les « paralittératures ». Elle découle également, comme l’ont notamment souligné Marc Lits et Yves Reuter, d’un important dialogue entre le roman policier et la littérature en général.
Dans le cadre de ce séminaire, nous aborderons différentes facettes de ce dialogue en nous intéressant plus particulièrement à certaines œuvres qui ont contribué à la transformation du genre, de même qu’à des textes représentatifs de la production contemporaine. Comment ces œuvres ont-elles consolidé ou modifié la structure « traditionnelle » du récit policier? Comment se situent-elles par rapport à l’imaginaire « sensationnaliste » du crime associé à la production plus sérielle? Comment développent-elles, dans certains cas, la dimension critique plus particulièrement associée au roman noir? Nous compléterons cette réflexion davantage ancrée dans l’histoire du genre en cherchant à voir comment ces œuvres abordent différents enjeux qui ont marqué, d’une façon plus générale, le développement de la forme romanesque. Nous nous intéresserons également aux pratiques de lecture que convoque le roman policier, de même qu’aux relations que ce genre entretient avec la culture médiatique et l’imaginaire social. Nous chercherons ainsi à mieux comprendre comment le roman policier met en relief différents enjeux qui définissent ou interrogent notre rapport à la littérature.
Textes à l’étude :
Arthur Conan Doyle, La Vallée de la peur.
Georges Simenon, L’Affaire Saint-Fiacre.
Didier Daeninckx, Meurtres pour mémoire.
Patrick Pécherot, Les Brouillards de la butte.
Fred Vargas, Dans les bois éternels.
Jean Lemieux, On finit toujours par payer.
Textes de référence
Collovald, Annie et Érik Neveu, Lire le noir. Enquête sur les lecteurs de récits policiers, Paris, Éditions de la Bibliothèque publique d’information, 2004.
Dubois, Jacques, Le Roman policier ou la modernité [Nathan, 1992], Paris, Armand Colin, 2005.
Lits, Marc, Le Roman policier. Introduction à la théorie d’un genre littéraire, 2e édition, Liège, Éditions du CÉFAL, 1999.
Lits, Marc, « De la ‘‘Noire’’ à la ‘‘Blanche’’ : la position mouvante du roman policier au sein de l’institution littéraire », Itinéraires, 2014-3 /
http://journals.openedition.org/itineraires/2589
Reuter, Yves, Le Roman policier, 3e édition, Malakoff, Armand Colin, 2017.
Travaux
Un exposé et un travail final
FRA5508 – Approches philologiques des textes
Professeure : Anaïs Tatossian
Mode de livraison : présentiel
L’orthographe du français : de son histoire, sa description aux enjeux actuels
L’orthographe du français est l’un des thèmes en linguistique qui passionne le plus le grand public, mais il suscite aussi la polémique. Dans les dernières années, les débats sur l’orthographe ont notamment porté sur les rectifications orthographiques de 1990, sur les enjeux éducatifs des nouvelles formes d’écriture liées aux dialogues en ligne (clavardage, textos) et sur l’écriture inclusive. Plus récemment, en 2021, l’Association québécoise des professeurs de français a suggéré une réforme de l’accord du participe passé et la Fédération des cégeps a proposé l’utilisation du logiciel de correction Antidote pour limiter les échecs lors de l’épreuve uniforme de français.
Ce séminaire présente les éléments fondamentaux pour une description scientifique de l’orthographe du français. Les participant·e·s seront également invité·e·s à développer une réflexion critique sur des questions actuelles. Les sujets abordés porteront autant sur les pratiques orthographiques que sur les discours tenus sur l’orthographe.
Le séminaire s’articulera autour de quatre thèmes principaux. Vu la diversité des champs d’exploration possibles, l’enrichissement des thèmes à traiter se fera après consultation des participant·e·s, selon leurs champs d’intérêts.
1. Histoire de l’orthographe du français
2. Description de l’orthographe du français : code oral et code écrit, orthographe lexicale et grammaticale, courants autonomiste (Jacques Anis) et phonographiste (Nina Catach et le groupe HESO)
3. Aspects psycholinguistiques de l’orthographe : la notion d’erreur et les processus cognitifs
4. Enjeux actuels : orthographe et technologies (clavardage, SMS), écriture inclusive, rectifications orthographiques de 1990, enseignement et apprentissage de l’orthographe
Bibliographie (à titre indicatif)
Note : certaines lectures seront disponibles en ligne.
Les linguistes atterrées. 2023. Le français va très bien, merci. Paris : Gallimard.
ALPHERATZ. 2018. Français inclusif : conceptualisation et analyse linguistique. Actes du 6e Congrès mondial de linguistique française (9-13 juillet 2018, Université de Mons). 1-21.
CATACH, Nina. 1973a. La structure de l’orthographe française. La recherche, 39(4) : 949-956.
DAVID, Jacques et Harmony GONÇALVES. 2007. L’écriture électronique, une menace pour la maîtrise de la langue ? Le Français aujourd'hui, 156 : 39-48.
DESROCHERS, Alain, France MARTINEAU et Yves Charles MORIN. 2008. Orthographe française, évolution et pratique. Ottawa : Les Éditions David.
Groupe RO. 2012. Les francophones et les rectifications orthographiques de 1990. État des connaissances et des usages en 2010, Glottopol, 19 : 130-148.
TATOSSIAN, Anaïs. 2008. Typologie des procédés scripturaux des salons de clavardage en français chez les adolescents et les adultes, in Jacques Durand, Benoît Habert et Bernard Laks (eds). Actes du 1er Congrès mondial de linguistique française, 2337-2352.
Travaux :
- Présentation de deux lectures : 20 %
- Présentation du travail de recherche (selon la date : la problématique ou les résultats) : 20 %
- Travail de recherche : 50 %
- Présence et participation aux discussions : 10 %
FRA5590 -- Atelier de méthodologie modulaire et interdisciplinaire I
Professeure : Claudia Bouliane
Mode de livraison : présentiel
*L’atelier est obligatoire pour tous les programmes
La première portion de l’atelier modulaire a pour objectif de couvrir systématiquement les bases de la recherche universitaire. Y sont présentées a) des notions fondamentales (corpus, problématique, revue de littérature, hypothèse d’enquête, etc.) ; b) des outils et pratiques d’investigation documentaire (consultation de bases de données et de ressources bibliographiques) ; c) des méthodes d’organisation des données récoltées (bibliographie commentée et fiche de lecture) ; d) des techniques de formulation des étapes de la réflexion et de l’argumentation (projet de recherche et plan de rédaction) ; et e) des moyens de communication des résultats de la recherche.
Ces assises de la recherche telle qu’elle est conduite dans les arts, sciences humaines et sociales des cycles supérieurs à l’université mais également dans d’autres secteurs (fonction publique, organisations culturelles, action communautaire, etc.) seront présentées en valorisant leur dimension interdisciplinaire : les compétences transversales acquises au cours de cette formation pourront ensuite être mises à profit dans le cadre de diverses carrières.
Au terme de cette portion initiale de l’atelier de méthodologie, l’étudiante sera en mesure de lancer un projet de recherche d’envergure variable et dans plusieurs disciplines des humanités.
Bibliographie indicative :
BEAUD, Michel. L’art de la thèse, Paris, La Découverte, coll. « Grands repères / Guides », 2006.
DELCROIX, Maurice, Fernand HALLYN et Christian ANGELET. Méthodes du texte : introduction aux études littéraires, Gembloux, Duculot, 1995.
ECO, Umberto. Comment écrire sa thèse, trad. de l’italien par Laurent Cantagrel, Paris, Flammarion, coll. « Champs essais », 2016 [1985].
GUIDÈRE, Mathieu. Méthodologie de la recherche : guide du jeune chercheur en lettres, langues, sciences humaines et sociales : maîtrise, DEA, master, doctorat, Paris, Ellipses, 2004.
NDA, Pierre. Manuel de méthodologie et de rédaction de la thèse de doctorat et du master en lettres, langues et sciences humaines, Paris, L’Harmattan, 2016.
Évaluations :
Participation 10 %
Exercices de réflexion constructifs : 90 %
* Les deux seuls résultats possibles pour ce séminaire sont satisfaisant et non satisfaisant.
FRA6742 – Littérature du XXe siècle
Professeure : Claudia Bouliane
Mode de livraison : virtuel
Étude de l’incipit romanesque – L’exemple de Beauvoir
Ce séminaire sera consacré à l’étude de l’incipit romanesque, soit l’ouverture d’une œuvre littéraire, à la frontière entre le monde réel du lectorat et l’univers fictionnel qu’elle abrite. Orientée suivant les principes de la sociocritique des textes, cette exploration se fera par le biais d’approches théoriques appartenant entre autres à l’analyse du discours, à la narratologie et à la stylistique. Les étudiant.e.s seront amené.e.s à réfléchir aux moyens scripturaux déployés dans les commencements de romans afin d’attirer et de retenir l’attention, de fournir des pistes de lecture et de mettre en place un style, entre autres visées remplies par l’incipit.
Notre réflexion s’élaborera à partir de travaux théoriques, dont les idées seront mises à l’épreuve par l’analyse d’œuvres romanesques d’une autrice pionnière dans divers domaines et reconnue pour son sens de la formule. Simone de Beauvoir, qui a signé, en plus de ses nombreux écrits de divers genres, plusieurs préfaces marquantes, s’est toujours montrée profondément consciente du poids des mots détenant le pouvoir d’ouvrir une brèche dans un tissu verbal uniforme et de tracer un nouveau chemin de pensée. Elle a fait paraître des récits et romans dont les premières pages engendrent une série de remises en question lesquelles engagent le lecteur ou la lectrice à s’immerger dans le point de vue d’autrui, de manière à développer une compréhension plus nuancée de la réalité telle qu’elle est transposée dans la littérature.
Œuvres à l’étude :
- L’Invitée, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1996 [1943].
- Le Sang des autres, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 1973 [1945].
- Les Belles Images, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 1972 [1966].
- La Femme rompue, Paris, Gallimard, coll. «Folio», 2000 [1967].
+ au choix, pour les évaluations finales : Tous les hommes sont mortels, Les Mandarins ou Les Inséparables ou encore une œuvre en rapport avec le corpus de mémoire ou de thèse.
Bibliographie indicative :
- Aragon, Louis, Je n’ai jamais appris à écrire ou Les incipit, Genève, Albert Skira, 1969.
- Boie, Bernhild et Ferrer, Daniel, Genèses du roman contemporain : incipit et entrée en écriture, Paris, CNRS éditions, 1993
- Del Lungo, Andrea, L'incipit romanesque, Paris, Éditions du Seuil, 2003.
- Duchet, Claude, « Pour une socio-critique, ou variations sur un incipit », dans Littérature, no 1, février 1971, p. 5-14.
- JOUVE, Vincent. La Poétique du roman, 5e édition, Paris, Armand Colin, 2020 [1997].
Évaluations :
- Participation aux discussions et analyses collectives (20%)
- Exposé de recherche (30%)
- Travail final, lequel pourra prendre la forme d’une recherche-création (50%)
FRA6753 / THE5530 -- Théâtre
Professeure : Louise Frappier
Mode de livraison : hybride
Adaptation et réécriture dans le théâtre québécois
La pratique de l’adaptation théâtrale consiste à se saisir d’un matériau textuel (qu’il s’agisse d’un texte de théâtre ou de tout autre type de texte) afin de créer un autre texte théâtral qui donne à voir ce matériau de manière inédite. Ce séminaire aura ainsi pour objectif l’étude des processus de transfert d’un texte-source vers un texte-cible théâtral, tant au niveau intra-générique (transposition ou réécriture d’un texte de théâtre préexistant) qu’au niveau inter-générique (passage d’un genre littéraire autre (roman, essai, etc.) vers le théâtre). Nous examinerons un corpus de textes théâtraux québécois à partir, notamment, des diverses notions théoriques mobilisées par les spécialistes de l’adaptation (réécriture, dramatisation, transposition, appropriation, variation, imitation, actualisation…) afin de décrire les opérations qui sont à l’œuvre dans ce type de transfert, lequel peut aller « du plus grand désir de fidélité à la réinvention affirmée » (Benhamou).
Textes à l’étude
Berthiaume, Sarah, Wollstonecraft
Boisvert, Nathalie, Antigone au printemps
Britt, Fanny et Alexia Bürger, Lysis
Kemeid, Olivier, L’Énéide,
Martin, Alexis, et al. Rabelais (Festin)
Perreault, Marilyn, Britannicus now
St-Laurent, Hilaire, Agamemnon in the ring
Bibliographie sommaire
DEHARBE, Charlène et Hervé Guay(dir., à paraître en 2024), Faire contemporain des textes littéraires (16e-19e siècles). Lectures croisées des pratiques au Québec et en Europe, Leyde, Brill.
GREINER Frank et Catherine Douzou (dir., 2012), Le roman mis en scène, Paris, Classiques Garnier.
HÉBERT, Chantal, et Irène Perelli-Contos (dir., 2004), Narrativité contemporaine au Québec. Le théâtre et ses nouvelles dynamiques narratives, Québec, Presses de l’Université Laval.
HUTCHEON, Linda (2013), A Theory of Adaptation, second edition, Routledge.
PLANA, Muriel (2004), Roman, théâtre, cinéma : adaptations, hybridations et dialogue des arts, Rosny- sous-Bois, Bréal.
PLANA, Muriel (2001), La relation roman-théâtre des Lumières à nos jours : théorie, études de textes, Lille, Presses Universitaires du Septentrion.
SARRAZAC, Jean-Pierre (dir., 2004), Lexique du drame moderne et contemporain, Circé.
VILLENEUVE, Rodrigue (2003), « Le théâtre et le livre (le roman à la scène: un art de la contradiction) », L’Annuaire théâtral, no 33, p. 13-30.
Travaux
Deux comptes rendus, un exposé oral et un travail final.
HIVER 2025
FRA5501 – Poétique et intertextualité
Professeur : Rainier Grutman
Mode de livraison : virtuel
Apparue dans le sillage du structuralisme, l’intertextualité (ou si l’on veut : le dialogue entre les textes) occupe une place de choix dans l’appareil conceptuel des études littéraires. Explicitement pensée comme une critique de la traditionnelle étude des sources, la notion se distingue de celle-ci par son insistance sur la polysémie du texte et sur la libre circulation du sens. Autre différence : la mémoire de la littérature échoit en partage aux lecteurs, qui peuvent à leur tour activer un intertexte sans toujours avoir à en chercher la caution du côté de l’auteur, qui n’est plus le « père et [seul] propriétaire de son œuvre » (Roland Barthes).
Après un rappel des enjeux théoriques que soulève la notion d’intertextualité, nous réfléchirons à son potentiel comme forme de lecture. La discussion fera intervenir plusieurs exemples mais sera centrée autour de trois dossiers francophones (québécois et belges) qui permettent de mieux voir le double fonctionnement, syntagmatique (in praesentia) et paradigmatique (in absentia), de l’intertextualité.
Manuel :
Samoyault, Tiphaine. L’Intertextualité. Mémoire de la littérature, Paris, Nathan, 2001, rééd. Armand Colin, 2008, 2010 ; consultable sur Cairn depuis avril 2022 (authentification nécessaire) : https://www.cairn.info/l-intertextualite--9782200342074.htm
Textes :
Aubert de Gaspé, Philippe. Les Anciens Canadiens (1863), Bibliothèque électronique du Québec ou Montréal, Boréal (« Compact »).
Polet, Grégoire, Excusez les fautes du copiste (2006), Paris, Gallimard (« Folio »).
Rodenbach, Georges. Bruges-la-Morte (1892), wikisource ou Paris, Garnier-Flammarion.
Bibliographie sommaire en français :
Barthes, Roland. « Texte, théorie du » [1973], dans le Dictionnaire des genres et notions littéraires, Paris, Albin Michel/Encyclopædia Universalis, 1997, p. 811-822.
Genette, Gérard. Palimpsestes: la littérature au second degré, Paris, Seuil, 1982.
Piégay-Gros, Nathalie. Introduction à l’intertextualité, Paris, Dunod, 1996.
Rabau, Sophie. L’Intertextualité, Paris, Garnier-Flammarion, 2002.
Samoyault, Tiphaine. L’Intertextualité. Mémoire de la littérature, Paris, Nathan, 2001.
Travaux:
Un exposé (30%)
Un travail final (70%, dont 20% pour la qualité de la langue) pendant la période d’examens
FRA5502 – Lectures féministes
Professeure : Dominique Bourque
Mode de livraison : présentiel
Figures de transfuges
Après s’être intéressés à la psychologie humaine ainsi qu’aux structures et relations sociales, les écrivains du XXe siècle se tournent vers la subjectivité (souvenirs, voix intérieures, formes de conscience plus ou moins altérées). Parmi les figures qui retiennent leur attention, se trouve celle du « transfuge » (littéralement fuir au-delà) qui est indissociable de la notion de frontière, qu’elle soit matérielle, idéologique ou symbolique. C’est à la représentation du personnage en rupture de ban que nous nous intéresserons. Nous le ferons à partir de l’assise sociologique du concept de transfuge (rapports sociaux, mobilité sociale et non reproduction sociale).
Textes à l’étude
Virginia Woolf, Orlando [1928], Le livre de poche, 2007
Annie Ernaux, La place [1983], Folioplus, 2006
Nathalie Sarraute, Ouvrez, [1997], Folio, 1999
Tania de Montaigne, La vie méconnue de Claudette Colvin, Grasset, 2015
Manuels
Recueil de textes
Ouvrages de référence (trois au maximum pour les cours, cinq pour les séminaires)
P. Bourdieu (1970). La reproduction, Éditions de Minuit.
C. Guillaumin (2016 [1992]). Sexe, race et pratique du pouvoir. L’idée de nature, iXe.
C. Jaquet (2014). Les transclasses ou la non-reproduction, PUF.
R. Sinthon (2018). Repenser la mobilité sociale, Éditions EHESS.
M. Wittig (2001[1992]). La pensée Straight, Balland.
Travaux
Un compte rendu critique, un exposé oral et un rapport de séminaire
FRA5504 – Frontières des genres
Professeure : Mawy Bouchard
Mode de livraison : hybride
Les influenceurs des temps modernes : propagande et censure dans la littérature
Le phénomène est d’actualité. Qu’il soit l’écho ou l’instrument d’un pouvoir, le discours propagandiste fait partie de la culture contemporaine au même titre que d’autres bruits moins insistants. La définition du terme « propagande » s’est figée au cours du XXe siècle en cette « action exercée sur l’opinion pour l’amener à appuyer certaines idées » (Le Robert). La propagande tend à prendre en charge la pensée et à « aider » l’individu à comprendre le monde dans lequel il vit selon l’orientation d’un pouvoir établi (Bernays, Lippman). Les événements de la Première et de la Seconde Guerre mondiales ont donné lieu à l’expérimentation (de Lénine à Goebbels) des techniques de propagande qui exploitent tous les ressorts de la manipulation psychologique et démagogique à des fins de domination – et de destruction – sur tous les plans de la vie humaine. Comme le dit avec netteté Jacques Ellul, la propagande moderne est « totalitaire », elle vise un contrôle parfait des discours pour l’ensemble des activités humaines, et aujourd’hui grâce à des dispositifs technologiques qui assurent une diffusion massive et globale.
Le séminaire sera d’abord l’occasion de préciser le sens à donner à ce concept galvaudé. Nous tenterons d’objectiver dans les textes critiques du programme les notions clés du vaste champ de recherche de la propagande, puis d’en analyser les caractéristiques discursives dans les textes littéraires du corpus. On verra que les œuvres littéraires laissent parfois transparaître une « propagande voilée », c’est-à-dire une forme de propagande « lente », qui tend à dissimuler ses buts, ses motivations et ses significations, mais qui cherche néanmoins à influencer le lecteur, à manipuler discrètement des émotions propices à le faire agir en faveur d’une cause qui n’est pas explicitement nommée. Cette forme de « propagande noire » vise à créer un climat ou une ambiance propice, au-delà de l’œuvre et de l’immédiateté, à l’éclosion d’un véritable discours propagandiste. Dans cette logique, la littérature constitue une bourdonnante manufacture de stéréotypes, terreau privilégié de la propagande. La littérature peut parfois se marier à des éléments de propagande et viser à créer des ambiguïtés, à estomper des préjugés, à diffuser une panoplie d’images apparemment sans intention idéologique au-delà du divertissement littéraire, mais elle construit aussi très souvent des univers où évoluent des personnages rebelles qui décrivent et dénoncent le monde dystopique duquel ils se sentent prisonniers. Dans le cadre du séminaire, nous nous intéresserons à un corpus de romans contemporains de la veine dite d’anticipation, qui offrent des matériaux d’analyse particulièrement pertinents pour comprendre l’objet d’étude, notamment par la représentation contrastée qu’ils font des pourfendeurs de la propagande et des masses d’individus psychologiquement unifiés et contrôlés par un pouvoir totalitaire.
Corpus d’étude : à confirmer au cours de l’automne 2024
Pierre Boule, La planète des singes, Paris, Julliard, 1963.
Alain Damasio, La Zone du dehors, Éditions de la Volte, 2007.
Michel Houellebecq, Soumission, Flammarion, 2015.
Aldous Huxley, Le meilleur des mondes, Paris, Pocket, 2017 [1932].
Corpus critique : à titre indicatif (une bibliographie complète sera remise au début du séminaire)
Edward Bernays, La propagande, traduit de l’anglais par Oristelle Bonis, Montréal, Lux Éditeur, 2008 [1928].
Guy Debord, Commentaires sur la société de spectacle, Paris, Gallimard, « Folio », 1992 [1988].
Jacques Ellul, Propagandes, Paris, Ed. Economica, 1990 [1962].
Yana Grinshpun, La fabrique des discours propagandistes contemporains. Pourquoi et Comment ça marche? Paris, L’Harmattan, 2023.
Walter Lippmann, Public Opinion, New York, MacMillan, 1922.
Travaux : Présentations orales (2), travail écrit, questions hebdomadaires.
FRA5591 -- Atelier de méthodologie modulaire et interdisciplinaire II
Professeure : Michel Fournier
Mode de livraison : présentiel
*L’atelier est obligatoire pour tous les programmes
Le séminaire de méthodologie modulaire et interdisciplinaire (I et II) constitue une initiation générale à la recherche et à la collecte de données. Les deux parties du séminaire sont divisées en deux trimestres et comptent pour 1,5 crédit chacune. Le séminaire vise à développer des compétences fondamentales de la recherche communes à plusieurs disciplines des humanités. Le contenu est déterminé selon les objectifs d’apprentissage de chaque programme d’études, mais certaines séances sont optionnelles et permettent de répondre à des besoins plus spécifiques.
Bibliographie indicative
Chevrel, Yves et Yen-Maï Tran-Gervat, Guide pratique de la recherche en littérature, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, « Les fondamentaux de la Sorbonne Nouvelle », 2018.
Compagnon, Antoine, Le Démon de la théorie. Littérature et sens commun [1998], Paris, Seuil, « Points Essais », 2014.
Duchet, Claude et Stéphane Vachon (dir.), La Recherche littéraire. Objets et méthodes, Montréal, XYZ éditeur, 1993.
Saint-Jacques, Denis, Alain Viala et Paul Aron (dir.), Le Dictionnaire du littéraire, Paris, Presses universitaires de France, 2010.
Van Gorp, Hendrik, Dirk Delabastita, Georges Legros et Rainier Grutman, Dictionnaire des termes littéraires, Paris, Honoré Champion, 2005.
Évaluations
Participation aux ateliers et exercices
* Les deux seuls résultats possibles pour ce séminaire sont satisfaisant et non satisfaisant.
FRA6755 – Lectures postcoloniales
Professeur : Kasereka Kavwahirehi
Mode de livraison : présentiel
La mémoire, l’histoire et l’oubli dans le roman postcolonial
Réfléchissant sur la tâche de l’écrivain antillais, Glissant a écrit : « Parce que la mémoire historique fut trop souvent raturée, l’écrivain antillais doit ‘fouiller’ cette mémoire à partir de traces parfois latentes qu’il a repérées dans le réel » (Discours antillais, 227-228). Bien que, de prime abord, elle semble propre aux Antilles qui sont, selon les mots de Glissant, « le lieu d’une histoire faite de ruptures », où la « conscience historique n’a pas pu ‘sédimenter’ », et où l’idéologie dominante (coloniale) a manipulé, effacé de la mémoire populaire certains événements qui ont forgé leur identité, cette prescription ne concerne pas moins les écrivains africains. En effet ces derniers s’emparent aussi des blessures mémorielles de leur communauté, cherchent les traces du passé qui font sens au présent et redonnent voix aux récits marginalisés par l’Histoire officielle afin de travailler au réaménagement de la mémoire collective. Ce faisant, ils montrent aussi les effets pernicieux de l’oubli et de l’occultation du passé. C’est cette dimension importante des romans africains et antillais qui sera au cœur du séminaire. Il s’agira d’examiner : 1) les stratégies littéraires utilisées pour faire émerger le passé raturé et les modalités d’inscription des blessures et violences de l’Histoire dans les œuvres ; 2) les manifestations textuelles de la mémoire ; 3) la façon dont s’effectue dans les romans le renouement avec le passé interrompu ou détourné pour reconstruire la mémoire collective; 4) comment les auteurs posent la question de l’indicible et de l’oubli ; 5) les liens que les romans tissent entre l’histoire, la mémoire des événements douloureux et l’oubli. A la fin, on se demandera si le fait de faire mémoire des violences du passé produit une « mémoire heureuse » (Ricoeur) chez les personnages des romans du corpus.
Textes obligatoires
Chamoiseau, Patrick, Solibo magnifique, Paris, Gallimard, 1988.
Condé, Maryse, Desirada, Robert Laffont, 1997.
Lopes, Henri, Dossier classé, Paris, Seuil, 2002.
Monenembo, Tierno, Pelourinho, Paris, Seuil, 1998.
Ouvrages de référence
Bakhtine, Mikhaïl, Esthétique et théorie du roman, Paris, Gallimard, 1987.
Glissant, Edouard, Le discours antillais, Paris, Gallimard, 1981.
Robin, Régine, Le roman mémoriel : de l’histoire à l’écriture du hors-lieu, Montréal, Le Préambule, 1989.
Ricoeur, Paul, La mémoire, l’histoire et l’oubli, Paris, Seuil, 2000.
Évaluation
Participation : 10%
Exposé : 30%
Travail final : 60%