Benoît Pelletier, le constitutionnaliste gentleman

By Civil law

Communication, Faculty of law

Distinguished professor
Constitutional law
Benoît Pelletier 1960-2024
«C’est un peu grâce à Benoît Pelletier que je me suis intéressé au droit constitutionnel », estime David Robitaille, vice-doyen aux études et professeur à la Section. Jeune étudiant à Fauteux à la fin des années 90, il envisageait de faire un stage en droit des affaires à Montréal après ses études sans trop se poser de question. «Parce que les bons étudiants faisaient ça», explique-t-il.

Une intervention en classe du professeur Pelletier sur la Charte québécoise des droits et libertés – le constitutionnaliste l’avait qualifiée de «véritable petit bijou» - l’a plutôt convaincu de faire une maitrise en droit, sur la Charte. «Ça a résonné en moi. Je me souviens où j’étais assis, dans quel local», se rappelle-t-il.

« À travers mon enseignement, c’est son héritage qui se perpétue», croit David Robitaille. Il précise qu’il n’est qu’un exemple parmi les milliers de jeunes étudiants et étudiantes que «ce grand gentleman» a introduit au droit constitutionnel.

Depuis son décès dimanche, à l’âge de 64 ans, les hommages ont fusé quant à la vie et les accomplissements professionnels de Benoît Pelletier. Rigueur, pertinence, constance : les qualificatifs utilisés par les proches collaborateurs se ressemblent, que l’on parle de sa vie politique comme ministre et député, de son rôle d’analyste dans les médias, ou de son travail comme professeur.

Des qualités qui font de lui une personnalité incontournable partout où il a mis les pieds. Surtout au sein de notre communauté universitaire, où son départ se fera sentir.

Un constitutionnaliste chevronné

Benoit Pelletier arrive à la Faculté en 1990, donnant initialement les cours de procédure civile et de droit du travail. Il commence à enseigner le droit constitutionnel alors que ces enjeux sont sur toutes les lèvres : l’Accord de Charlottetown et le référendum sur la souveraineté du Québec sont au cœur de l’actualité.

Ses recherches ont nettement influencé l’évolution du droit constitutionnel, estime le doyen adjoint à la Section, Pierre Thibault. Ses publications «sont extrêmement rigoureuses, rédigées dans un style clair», précise-t-il. «Elles constituent des repères importants dans le monde juridique et apportent une contribution originale au droit et à la vie publique canadienne.»

«Je garde un précieux souvenir de toutes nos riches discussions sur le sujet sensible de l’aide médicale à mourir, alors qu’il avait siégé sur le Comité externe du fédéral à la suite de l’arrêt Carter au fédéral, et moi, sur le comité de juristes experts au Québec», affirme de son côté la professeure Michelle Giroux.

La doyenne de la Section de droit civil, Marie-Ève Sylvestre, a également tenu à souligner «la carrière exemplaire» du professeur Pelletier. «Il était un professeur brillant, rigoureux et talentueux, extrêmement apprécié de ses étudiants et de ses collègues», a-t-elle déclaré sur les réseaux sociaux lundi. «Il a énormément contribué au succès et au rayonnement de notre faculté par ses travaux de recherche originaux sur la réforme constitutionnelle et le fédéralisme canadien et par son engagement social et politique.»

«C’est quelqu’un aux accomplissements exceptionnels. Il les a tous gagnés, les prix et les reconnaissances, remarque David Robitaille. Les distinctions détenues par Benoît Pelletier sont effectivement trop nombreuses pour être listées exhaustivement : il est membre de l’Ordre du Canada, est un des rares ex-politiciens à avoir remporté la Médaille d’honneur de l’Assemblée nationale et est chevalier dans l’Ordre national du mérite de France, entre autres. «Mais, malgré tout, c’était une personne humble, qui faisait ressentir à ses interlocuteurs qu'ils étaient des gens importants», précise le vice-doyen aux études.

Benoît Pelletier et Alexandre Faubert Charlebois, lors de la remise de la Pomme d'or 2023, prix pour l'excellence en enseignement remis par les étudiants.es
Benoît Pelletier et Alexandre Faubert Charlebois, lors de la remise de la Pomme d'or 2023, prix pour l'excellence en enseignement remis par les étudiants.es

«Un grand homme»

Benoit Pelletier était d’abord et avant un collègue particulièrement apprécié. Pierre Thibault souhaite que l’on se rappelle lui comme «un homme profondément bon» et «un ami exceptionnel». «Discipliné, pédagogue hors pair, courtois en toutes circonstances, toujours de bonne humeur, passionné de droit constitutionnel, il aimait aussi rire et profiter de la vie», ajoute-t-il.

Ces propos font écho à ceux de Michelle Giroux, dont l’embauche à la Section a immédiatement suivi celle de Benoît Pelletier. «Je me souviendrai de lui comme un ami et un collègue aimable, disponible, passionné par le droit constitutionnel, ayant un grand sens de l’humour et une immense capacité de vulgarisation». 

Pierre Thibault, doyen adjoint à la Section, et Benoît Pelletier
Pierre Thibault, doyen adjoint à la Section, et Benoît Pelletier

Benoit Pelletier était également adoré des étudiants. Il est le plus récent récipiendaire de la Pomme d'or, un prix pour l'excellence en enseignement remis par les étudiantes et étudiants de la Section de droit civil.

Alexandre Faubert Charlebois, qui a suivi deux cours du professeur Pelletier, n’hésite pas à le qualifier de «grand homme» : «Il était l'incarnation vivante de la gentillesse, de l'encouragement et du savoir […]. Je considère l’avoir eu comme guide, un honneur que je chérirai pour le reste de ma carrière et de ma vie.»

Même son de cloche chez un autre étudiant, Jérôme Desrosiers, qui a co-rédigé un article avec le constitutionnaliste. Il souligne l’accessibilité et la générosité de Benoît Pelletier. «Il est l’un des seuls professeurs à m’avoir laissé son numéro personnel pour le joindre à tout moment», raconte-t-il. «Nous avons tous beaucoup à apprendre de cet homme, professionnellement et personnellement.»

Manifestement, que ce soit par les enseignements de David Robitaille, par ses étudiants ou par ses collègues, il semble bien que l’héritage de ce grand homme se perpétuera entre les murs de Fauteux pour encore longtemps.

La Section de droit civil offre ses plus sincères condoléances à l’épouse de Benoît Pelletier, Danièle, ses enfants, Florence, Françoise, Jean-Christophe et Mathilde, ainsi qu’à leurs familles.