Où vont la démocratie et les droits de la personne? : L’ancien président la Commission interaméricaine des droits de l’homme de passage à la Faculté

Faculty of Law - Civil Law Section
Conference
Human rights

By Nicolas Monet

Spécialiste en communications numériques, Faculté de droit - Section de droit civil

James Cavallaro
« Je suis heureux d'être né il y a longtemps, parce que j’ai pu en profiter avant l'apocalypse» : on ne peut reprocher à l’ancien président de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, James Cavallaro, de mâcher ses mots.

Or, si le « point tournant» que constitue notre époque pose de sérieux dangers, il présente également des opportunités à saisir, a-t-il souligné devant un parterre d’étudiants de l’Université d’Ottawa et d’Amérique latine le 26 juillet dernier.

M. Cavallaro, qui enseigne aux États-Unis à Yale et à l’Université Wesleyan, livrait à la Faculté de droit une conférence sur l’évolution de la démocratie et des droits de la personne dans le cadre du séminaire de la plateforme de recherche Justice Americas, co-fondée par Joao Velloso et Pierre-Gilles Bélanger, respectivement professeur agrégé et professeur auxiliaire à la Section de droit civil.

Démocratie, environnement, droits de la personne : les crises auxquelles nous faisons face sont multiples, estime James Cavallaro. Des crises qu’il explique notamment par les échecs du néolibéralisme et les écarts de richesse grandissants.

«Depuis la Deuxième Guerre mondiale, les enfants ont toujours pu raisonnablement anticiper que leur niveau de vie serait similaire ou supérieur à leurs parents», a-t-il rappelé. «Ce n’est plus le cas aujourd’hui.»

Or, on ne peut maintenir des structures démocratiques sans adresser les enjeux économiques sous-jacents, en premier lieu l’itinérance et la grande pauvreté, selon le professeur Cavallaro: «L'ethnonationalisme dangereux, presque sans exception, trouve son origine dans une insatisfaction économique majeure. Des masses de gens sont prêts à prendre la Bastille […] pour changer leurs conditions de vie minimales.»

Étudiants - Classe
Les étudiants et étudiantes écoutant James Cavallaro.

Des pistes de solutions

La sortie de crise passe d’abord et avant tout par une meilleure redistribution de la richesse à l’échelle planétaire, a répondu James Cavallaro à une des nombreuses questions de l’assistance étudiante. Notamment par des réparations des pays du nord aux pays du sud qu’ils ont exploités. La croissance économique accélère la crise climatique sans réduire les écarts de richesse, a-t-il plaidé.

De plus, M. Cavallaro, qui a vécu et travaillé au Chili et au Brésil avec des organisations nationales et internationales de défense des droits de l'homme, plaide pour que ces organisations se «salissent davantage les mains» et collaborent davantage avec les mouvements populaires et les activistes sur le terrain. «Les mécanismes juridiques ne sont pas suffisants», a-t-il déclaré.

Finalement, James Cavallaro encourage les chercheurs et défenseurs des droits de la personne à s’éloigner du consensus et dénoncer les gens de pouvoirs. Et ce, malgré les risques de conséquences professionnelles : «c'est comme ça qu'ils gagnent. Ils font en sorte que vous vous taisiez tout seul».

Malgré les défis et les critiques, James Cavallaro demeure un fervent défendeur du droit international et de ses institutions. «Les manquements répétés de pays menacent le système, mais ne le rendent pas sans intérêt», a-t-il nuancé. «La plupart des pays respectent la plupart des normes, la plupart du temps.»