Sécurité en laboratoire

Laboratory risks

Module 5.1 - Objectifs d’apprentissage

  • Comprendre la différence entre « danger » et « risque ».
  • Bien connaître les responsabilités relatives au projet (p. ex. évaluation des risques du projet)
  • Connaître les voies d’exposition
  • Comprendre la nécessité d’une vigilance constante

Le risque est associé à tout danger. Le risque est la probabilité qu’une personne ou qu’un objet subisse un effet. Cet effet est un écart par rapport au résultat attendu qui peut avoir des conséquences positives, négatives ou nulles. Par exemple, un contenant d’acide chlorhydrique (HCl) recèle un danger. Il y a un risque que le contenant tombe, et que le contenu éclabousse l’utilisateur, provoquant une brûlure chimique. Les laboratoires dans lesquels on utilise l’acide chlorhydrique mettront l’accent sur les mesures d’élimination des dangers et d’atténuation du risque pour réduire l’exposition à ce danger. Les dangers sont inhérents au travail en laboratoire, et les usagers doivent être prêts à mettre en œuvre les mesures d’atténuation adéquates, même pour des situations familières et courantes.

Module 5.2 - Évaluation du risque au laboratoire

Pour quantifier le risque, on utilise souvent la formule « Risque = Fréquence x Gravité » qu’on exprime sous la forme d’une matrice du risque, dans laquelle on attribue des valeurs à la fréquence et à la gravité, généralement de 1 (le moins fréquent/grave) à 5 (le plus fréquent/grave). Une évaluation du risque doit être menée pour tous les projets de recherche, pour identifier les dangers prévisibles, atténuer les risques dans la mesure du possible et mettre en œuvre des mesures correctives (au besoin). Avant d’entreprendre des travaux :

Planifier

  • Quelle est la portée du projet?
  • Qui est responsable de quoi?
  • Quelles sont les exigences légales (s’il y a lieu)?
  • Quelles seront les méthodes de travail?
  • Quels sont les dangers associés au projet? Quels sont les risques?

Faire

  • Affecter le personnel compétent au projet.
  • Mettre en œuvre des mesures de maîtrise du risque.
  • Mener le projet.
  • Documenter le projet et tenir les registres.

Vérifier

  • Est-ce que tout se déroule comme prévu? À quoi le voit-on?

Agir

  • Des ajustements ou des modifications sont-ils nécessaires? Faut-il mettre en œuvre des mesures correctives?

Les évaluations du risque peuvent être revues par le gestionnaire des risques, de la santé et de la sécurité ou le Bureau de la dirigeante principale de la gestion des risques. L’objectif de cette révision est d’offrir un avis supplémentaire en matière d’identification des dangers et d’atténuation des risques. Le superviseur et le chercheur principal demeurent responsables de la planification et de l’exécution sécuritaire des travaux.

Module 5.3 - Voies d’exposition

Toute substance dangereuse est susceptible de causer un préjudice. Des préjudices résultent de l’exposition à un agent nocif qui pénètre dans le corps par une voie d’exposition (ou plusieurs) :

  • Inhalation (respiratoire) – voie d’exposition la plus courante.
  • Absorption (par la peau, les muqueuses) – possiblement à la suite d’un déversement, d’une éraflure ouverte, etc.
  • Ingestion (avaler, manger) – moins probable dans un laboratoire où il est interdit de manger ou de boire.
  • Injection (introduction directe dans le corps) – possible lorsqu’on travaille avec des objets coupants ou des seringues.

Quelle que soit la voie d’entrée d’une substance dangereuse dans le corps, elle circulera et atteindra les zones vulnérables. Certaines substances sont toxiques pour un organe spécifique et leur toxicité s’accumule avec les expositions fréquentes et prolongées. Pour certaines substances, des mesures d’évaluation et de protection supplémentaires sont requises, notamment les substances désignées (p. ex. l’arsenic, le benzène, le plomb et le mercure). Pour ces substances, des évaluations des utilisations opérationnelles sont requises afin d’évaluer si la santé d’une personne peut être affectée. Le programme relatif aux substances désignées (PDF, 674KB) contient un protocole d’évaluation pour ces substances désignées, qui doit être mis en œuvre lorsque ces substances sont présentes ou utilisées.

Module 5.4 - Vigilance

Le travail en laboratoire exige des parties qu’elles exercent une surveillance et une vigilance constantes, de manière à anticiper et à maîtriser les dangers et les risques prévisibles. Il existe plusieurs moyens d’y parvenir. Toutefois, ces moyens doivent être coordonnés et canalisés par le superviseur local, afin de mettre en œuvre les mesures correctives, au besoin. Par exemple :

  • Normaliser les procédures d’utilisation : une procédure normalisée bien conçue et bien communiquée permet de préciser les attentes (ce qui doit être fait et la façon de le faire). C’est comme lorsqu’on fait un gâteau : c’est en suivant la recette qu’on obtient le délicieux résultat attendu. Si on modifie trop la recette, on risque d’obtenir un résultat dont même un raton laveur ne voudrait pas.
  • Inspecter : les inspections périodiques et régulières permettent de repérer les situations qui doivent être corrigées. Les inspections peuvent être ciblées ou générales. Par exemple :
    • Extincteur (accessible, chargé au maximum de sa capacité, au bon endroit, etc.)
    • Boutons d’urgence (fonctionnent comme prévu)
    • Douches oculaires (fonctionnent comme prévu)
    • Rangement des produits chimiques (contenants secondaires, armoires ventilées correctement ventilées, bon fonctionnement des portes des armoires, etc.)
    • Tubulure pour l’eau, le vide ou le gaz (les circuits sont sécuritaires, sans fuites, etc.)
    • Verrerie (exempte de fissures, microfissures, éclats et autre défaut).
  • Observation du travail (une observation régulière des méthodes de travail utilisées favorise l’application de bonnes pratiques et une intervention précoce, au besoin).

La vigilance ne vise pas seulement les personnes, elle vise aussi la sécurité physique du laboratoire et du matériel qu’il contient. Il incombe à toutes les parties d’assurer la sécurité physique du laboratoire. C’est toutefois le superviseur qui est le premier responsable du laboratoire et des autorisations accordées aux personnes pour y travailler. Voici des mesures de sécurité physique :

  • Portes, serrures, clés, cartes d’accès et contrôle d’accès biométrique.

Les portes doivent demeurer fermées pour assurer la sécurité du laboratoire et maintenir un bon équilibrage du système de ventilation. Il est interdit de prêter sa clé, sa carte ou son dispositif d’accès sans contact, ou de permettre à une personne non autorisée d’entrer.

  • Alarmes et caméras

Il est interdit de transmettre les codes d’alarmes au personnel non autorisé. Des caméras sont installées à des endroits stratégiques pour assurer la protection de la communauté universitaire.

  • Évaluations de sécurité

Pour certaines substances, des évaluations de sécurité sont requises avant usage, parce qu’elles figurent sur une liste des marchandises contrôlées ou dont l’importation ou l’exportation sont contrôlées. Le Bureau de la dirigeante principale de la gestion des risque peut aider à déterminer si une évaluation de sécurité est requise et faire les démarches relatives au Programme des marchandises contrôlées requises. Communiquer avec le Bureau de la dirigeante principale de la gestion des risques longtemps d’avance pour toute demande (accès, recherche) relative aux marchandises contrôlées.

Ces mesures de contrôle ne doivent pas être ignorées ou contournées. Elles ont été mises en œuvre pour la protection des personnes et de l’Université.

Module 5.5 - Équipement de laboratoire

L’équipement de laboratoire est conçu pour réaliser des tâches fondamentales, mais peut receler des dangers pour les utilisateurs.

  • Une hotte de laboratoire est un poste de travail partiellement fermé à ventilation mécanique dans lequel les matières dangereuses peuvent être manipulées de façon plus sécuritaire. La fonction première de la hotte est de capter, de contenir et d’évacuer les gaz, les vapeurs et les aérosols produits à l’intérieur de son enceinte, et ainsi de protéger le manipulateur. L’accès à l’intérieur de la hotte s’effectue par un panneau vitré coulissant (verticalement ou horizontalement) qui fait écran entre l’aire de travail et le manipulateur. Les hottes sont utilisées dans divers milieux de travail, notamment les laboratoires d’enseignement et de recherche de l’Université. Le panneau frontal doit être abaissé le plus possible, afin d’assurer la protection physique du manipulateur et de maintenir une vitesse d’écoulement d’air frontal (dite « vitesse frontale ») adéquate (habituellement de 80 à 100 pieds par minute pour les hottes ordinaires). On peut s’assurer que la hotte fonctionne en consultant le moniteur de vitesse frontale situé sur le côté de la hotte ou en tenant un essuie-tout (« Kimwipe ») ou un mouchoir près de l’ouverture de la vitre frontale (l’essuie-tout ou le mouchoir devrait être légèrement aspiré vers l’intérieur de la hotte).
  • Un autoclave est un appareil servant à la décontamination et à la stérilisation à une température et une pression élevées. Il est donc crucial de bien comprendre les principes d’utilisation et les mesures de sécurité liées à leur utilisation. L’Université d’Ottawa offre régulièrement une formation sur l’utilisation sécuritaire des autoclaves. Toutes les personnes qui utilisent des autoclaves ou qui génèrent du matériel à autoclaver doivent suivre cette formation. Un élément essentiel de la formation consiste à savoir quelles matières ne doivent jamais être mises dans un autoclave (par exemple, les composés chlorés).
  • Une centrifugeuse est un appareil qui sépare les liquides ayant des densités différentes, grâce à un moteur qui fait tourner des flacons d’échantillons de liquides à vitesse élevée. Les centrifugeuses diffèrent selon le format et la capacité (nombre d’échantillons qu’elles peuvent contenir). Il faut veiller à bien équilibrer les centrifugeuses : un léger déséquilibre à l’arrêt peut devenir un important déséquilibre à haute vitesse, lequel peut occasionner des blessures et des dommages matériels. Comme les centrifugeuses génèrent une force centrifuge considérable, elles doivent être dotées d’un dispositif de verrouillage de sécurité qui empêche l’appareil de démarrer ou de fonctionner tant que le couvercle n’est pas en place et fermé. Toujours inspecter la centrifugeuse avant de l’utiliser, noter l’utilisation dans un registre centralisé, et s’assurer de l’entretenir conformément aux directives du fabricant. La vitesse élevée de la centrifugeuse est à la source d’un autre danger : l’aérosolisation des matières dangereuses. Des bagues d’étanchéité spéciales sont utilisées pour éviter l’aérosolisation des matières dangereuses lorsqu’on fait appel à des vitesses de rotation élevées. Le superviseur transmettra les consignes supplémentaires pour l’utilisation sécuritaire de l’appareil.
  • Un cryostat est un appareil utilisé pour réaliser des lames histologiques avec une précision de l’ordre du micromètre (on peut obtenir des coupes de tissus d’une épaisseur d’un micromètre). Les échantillons sont placés dans une enceinte à température contrôlée (de ‐20 °C à ‐30 °C). L’échantillon et la lame sont placés dans le cryostat, puis l’échantillon est avancé vers le couteau. Les tissus sont sectionnés et montés sur des lames pour ensuite pouvoir être utilisés ailleurs. Une fois montée, la lame est retirée du cryostat, puis séchée. Le danger le plus courant associé à l’utilisation du cryostat est le danger de lacération (avec la lame du couteau, très coupante). C’est pourquoi on recommande d’utiliser des gants résistants aux coupures et de bloquer le volant, ou d’utiliser des pinces ou des forceps pour garder les doigts à une bonne distance du couteau pour manipuler la lame ou pour changer la lame du couteau ou faire l’entretien courant (c.-à-d. nettoyage). Le superviseur transmettra les consignes supplémentaires pour l’utilisation sécuritaire de l’appareil.
  • Les pompes à vide doivent être entretenues régulièrement, ce qui comprend le changement de la courroie d’entraînement. Après avoir changé la courroie, veiller à bien remettre en place le garde-courroie afin de prévenir les blessures.
  • Les bains thermostatés (« bains d’huile ») sont utilisés pour chauffer les mélanges réactionnels à une température donnée. Ils font généralement appel à un thermostat numérique pourvu d’un thermocouple (qui mesure la température) qui permet de réguler la température de la plaque chauffante par boucle de rétroaction. Il faut toujours s’assurer que le thermocouple est bien fixé. Autrement, il ne lira pas la température et la plaque chauffante chauffera de manière incontrôlée, jusqu’au point d’éclair de l’huile.
    • Vérifier la température maximale sécuritaire du bain thermostaté utilisé. Chaque type d’huile a un point d’éclair au-delà duquel le risque d’inflammation puis de combustion est élevé.
    • Huile minérale : 160 oC
    • Huile de silicone : >300 oC
    • Si des températures plus élevées sont nécessaires, on peut utiliser un caloporteur solide, comme du sable ou des billes de fer ou d’aluminium.

Les chauffe-ballons sont des appareils utilisés pour chauffer la verrerie à fond rond (ballons) au moyen d’une résistance électrique (« calotte »). Ces appareils sont conçus pour être connectés à un alternostat (« Variac » ou « autotransformateur variable ») de manière à recevoir moins de 120 V. La plupart des chauffe-ballons fonctionnent à une tension inférieure à 110 V. Laissés trop longtemps à un voltage plus élevé ou encore branchés directement dans une prise ordinaire, ils surchauffent et s’enflamment.