De nouvelles informations sur le moyen pour certaines personnes obèses de perdre du poids sans le reprendre

Par David McFadden

Research Writer, uOttawa Faculty of Medicine

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Des personnes obèses marchant ensemble
Obésité Canada
L’étude rigoureuse menée par une équipe de l’Université d’Ottawa pourrait bouleverser la science sur laquelle reposent les programmes de perte de poids afin que ceux-ci répondent aux besoins spécifiques de chaque patient dont l’obésité est difficile à traiter.

Depuis des décennies, le traitement de l'obésité fait l'objet d'une approche uniformisée : adopter un régime pauvre en calories. Pourtant, il est prouvé que cette approche axée sur le régime alimentaire ne fonctionne tout simplement pas pour une partie des adultes obèses qui suivent un programme clinique de gestion du poids.

Une nouvelle recherche probante publiée dans la revue eBioMedicineremet en question l’idée profondément enracinée selon laquelle la seule modification du régime alimentaire suffirait pour perdre du poids.

Les conclusions de cette étude pourraient améliorer de façon tangible la santé publique en permettant de tracer des lignes directrices pour élaborer des traitements personnalisés qui aident les personnes dont l’obésité est difficile à traiter à perdre du poids sans le reprendre.

« C’est un travail stimulant et important. Ces résultats ont des répercussions cliniques et révèlent les mécanismes moléculaires qui stimuleront la recherche pour plusieurs années » indique la Dre Mary-Ellen Harper, professeure primée et titulaire d’une chaire de recherche en bioénergétique mitochondriale à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, auteure principale de l’étude.

Le principe de l’étude est le suivant : la compréhension des phénotypes d’obésité distincts est un élément clé pour cerner les variations individuelles de perte de poids. Pour ce qui est de l’obésité qui « résiste aux régimes alimentaires », les patients qui se situent dans la tranche inférieure de 20 % quant à la vitesse de perte de poids en suivant un régime faible en calories, devraient prioriser un programme d’exercices. En effet, le fait d’effectuer un programme d’exercices contribue à réduire la masse graisseuse et augmente le métabolisme des muscles squelettiques.

Collage des chercheurs uOttawa
Photo (à partir d'en haut à gauche, dans le sens horaire): Dr Robert Dent, Dre Chantal Pileggi, Dre Ruth McPherson et Dre Mary-Ellen Harper.

L’équipe de recherche a recueilli les données cliniques issues de plus de 5 000 dossiers de patients. Au bout du compte, 228 dossiers ont été examinés et il a été recommandé qu’un sous-ensemble de 20 femmes obèses se soumette à un programme d’exercices étroitement supervisé, lequel programme consiste en un entraînement (tapis roulant, musculation) composé de 18 séances progressives offertes trois fois par semaine pendant six semaines.

Le recours à la bioinformatique et aux approches de l’apprentissage automatique dans l’analyse des muscles squelettiques a conduit à démontrer que l’exercice améliore de façon préférentielle le métabolisme des muscles squelettiques et améliore la capacité de perte de poids des individus obèses qui sont réputés résister aux régimes alimentaires.

Les patients en question sont ceux dont l’obésité est difficile à traiter et qui ont souvent été accusés de ne pas respecter les restrictions alimentaires imposées lorsqu’ils n’ont pas perdu de poids.

« Ce message s’adresse aux personnes obèses qui ont éprouvé énormément de difficulté à perdre du poids : vous faites partie d’un groupe d’individus pour lesquels l’exercice est particulièrement important. Et cela contribuera grandement à vous faire perdre du poids » indique la Dre Ruth McPherson, cheffe de file en génétique cardiovasculaire, professeure à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa et directrice du Centre canadien de génétique cardiovasculaire Ruddy, du Laboratoire de génomique de l’athérosclérose et de la Clinique des lipides à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa.

Diagramme du régime alimentaire et de l'exercice physique pour les phénotypes d'obésité.
Diagramme du régime alimentaire et de l'exercice physique pour les phénotypes d'obésité.

Les enjeux sont de taille : le nombre de personnes qui ont de l’embonpoint ou qui sont obèses a augmenté de façon exponentielle dans le monde entier, et l’obésité constitue un facteur de risque pour une foule de maladies chroniques. Au Canada, deux adultes sur trois ont de l’embonpoint ou sont obèses, selon Statistique Canada.

Le Dr Robert Dent, fondateur de la clinique de gestion du poids de L’Hôpital d’Ottawa et endocrinologue à l’Université d’Ottawa, qualifie de « grand triomphe » les résultats des travaux de recherche effectués aux côtés de la Dre Harper et de la Dre McPherson depuis plus de deux décennies. Les trois partenaires ont collaboré sur plusieurs projets au fil des années, et ont contribué à percer les mystères des fonctions énergétiques des mitochondries et les marqueurs génétiques de la perte de poids.

« Si l’on considère un large groupe de personnes qui ont de l’embonpoint et qui tentent de perdre du poids, l’exercice physique ne produit que de faibles résultats. En revanche, nous avons maintenant découvert que pour les gens qui font partie de ce phénotype d’obésité [qui résiste aux régimes alimentaires] des résultats sont constatés » indique le Dr Dent. « Les résultats nous indiquent que lorsque des personnes obèses ne perdent pas de poids en pratiquant un régime alimentaire restrictif, celles-ci devraient privilégier l’activité physique. »

L’étude pourrait bouleverser la science qui traite des programmes de perte de poids afin que ceux-ci soient adaptés aux besoins spécifiques de chaque patient. Puisque l’étude ouvre la voie à diverses possibilités de recherche intéressantes au niveau moléculaire, l’équipe cherche actuellement à recruter des personnes pour conduire une étude auprès d’un plus grand échantillon.

L’article Exercise training enhances muscle mitochondrial metabolism in diet-resistant obesityest publié dans la revue eBioMedicine le 11 août, 2022, comptait une équipe de 17 auteurs, dont la première auteure, la Dre Chantal Pileggi, stagiaire postdoctorale à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. DOI: 10.1016/j.ebiom.2022.104192

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