Études supérieures : Séminaires de l'automne 2022

Séminaire
Étudiants en classe
Nous avons le plaisir d'offrir cinq séminaires cet automne au cycle supérieur.

FRA 5504 –Frontières des genres           

PROFESSEURE :  Dominique Bourque

DESCRIPTION

Analyse interdisciplinaire d’oeuvres représentant des personnages atypiques ou paraissant tels. Partant des définitions sociologique, littéraire et linguistique du « genre » comme base méthodologique, il s’agira d’examiner ce corpus en posant la question des innovations formelles et de la cohérence. Une attention particulière sera donnée à la portée critique et potentiellement transformationnelle des oeuvres par rapport à leur contexte d’émergence.

TRAVAUX EXIGÉS

Trois comptes rendus (45%), un exposé (15%) et une dissertation (40%).

BIBLIOGRAPHIE

Corpus :

  • Sarrazine d’Honoré de Balzac, Le livre de poche
  • L’opoponax de Monique Wittig, Minuit
  • Sphinx d’Anne Garréta, Grasset
  • Champion ou Ooneemeetoo de Thompson Highway, Prise de Parole – BCF

Manuel :

  • Recueil d’articles

Ouvrages de référence : 

  • B. Vercier et D. Combe, Les genres littéraires, Hachette éducation
  • R. Pfefferkorn, Genre et rapports sociaux de sexe, M Éditeur
  • C. Michard, Le sexe en linguistique, L’Harmattan
  • P. Maurus et P. Popovic (dir.), Actualité de la sociocritique, L’Harmattan

FRA 5507 – Enjeux de la littérature (en ligne)

PROFESSEURE :  Mawy Bouchard

Les frontières de la critique et de l’injure : les écrits satiriques modernes

Dans un ouvrage récent de Pascal Debailly – La Muse indignée. La satire en France au XVIe siècle – la question de l’ambiguïté du statut des écrits satiriques est soulevée dans le contexte historique de la Renaissance française, époque de transformation importante des structures sociales, religieuses et politiques, qui met en lumière des frontières floues et souvent imperceptibles dans le langage courant entre le discours satirique légitime, positivement connoté par la tradition littéraire des Anciens, et la médisance mesquine des échanges ordinaires, laquelle peut devenir calomnie, passible de remontrances morales, voire de condamnations criminelles. Le développement plus récent de discours dits haineux sur les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels a donné lieu à de nouveaux phénomènes décriés tout à la fois par des instances publiques et des particuliers, témoins ou victimes d’attaques à la réputation et à la dignité humaine. Ce contexte actuel fait réapparaître, quoique dans des circonstances historiques et sociales nouvelles, la difficulté de bien différencier entre le discours de dissension propre aux sociétés libres et démocratiques et celui de l’injure et de la calomnie.

Le séminaire sera l’occasion d’entreprendre une réflexion sur la nature, la forme et les usages des écrits satiriques, de décrire leurs moyens et leurs visées, puis de les différencier des discours calomnieux qui affectent les individus. Par « écrits satiriques », nous ne ferons pas référence à un genre littéraire bien défini, mais plutôt à un « esprit » ou un « mode » (Duval et Martinez) de discours visant à discréditer des individus ciblés par des propos moqueurs et critiques.

Nous examinerons un ensemble de textes théoriques qui proposent de définir la nature et l’usage des discours pouvant s’inscrire dans la vaste catégorie du satirique. Plusieurs des textes seront choisis dans le champ des études de la Renaissance, mais certaines études envisageront plus largement la question jusque dans le contexte de notre époque contemporaine. Les premières séances seront réservées à l’exposition des termes et des définitions et mèneront à l’analyse de textes qui font apparaître la frontière ténue entre le discours satirique et l’invective. Les œuvres analysées en classe et faisant l’objet d’exposés pourront être choisies dans le corpus des œuvres de la Renaissance jusqu’à la période contemporaine.

Corpus d’études

(À titre indicatif seulement : sujet à changement d’ici la rentrée. L’ensemble des extraits seront rassemblés en un recueil.)

  • Agrippa d’Aubigné, Les Tragiques, Paris, Gallimard, « Pléiade », 1969.
  • Joachim Du Bellay, La Deffence et Illustration de la Langue Françoyse, Genève, Droz, 2001.
  • Marie de Gournay, « Des Broquarts » [une version adaptée en français moderne sera disponible], dans Œuvres complètes, Paris, Honoré Champion, 2002.
  • François Rabelais, Gargantua, Paris, Gallimard, « Pléiade », 1994.
  • Jean Vauquelin de la Fresnaye, Discours pour servir de préface sur le sujet de la Satyre, dans Les diverses poésies de Jean Vauquelin, Sieur de La Fresnaye, Caen, Imprimerie de F. Le Blanc Hardel, 1869, tome I.

Théoriciens modernes

  • Marc Angenot, La parole pamphlétaire, typologie des discours modernes, Paris, Payot, 1982.
  • Pascal Debailly, La Muse indignée. La satire en France au XVIe siècle, Paris, Classiques Garnier, 2012.
  • Sophie Duval et Marc Martinez, La satire, Paris, Armand Colin, 2000.
  • Linda Hutcheon, « Ironie, satire, parodie », Poétique, 46 (1981), p. 140-155.
  • Françoise Lavocat, La Syrinx au bûcher, Pan et les satyres à la Renaissance et à l’âge classique, Genève, Droz, 2005.

Travaux

Proposition de communication, exposés (2), rapport de séminaire.

FRA 5570 – Rhétorique et pragmatique

PROFESSEUR :  Bertrand Labasse 

La performance des textes dans l’espace public

Vingt-cinq siècles séparent la naissance de la rhétorique et celle de la pragmatique cognitive. Pourtant, l’une et l’autre se conjuguent pour éclairer le sens qu’acquièrent les écrits pour ceux qui les reçoivent, ainsi que la valeur qu’on leur reconnaît ou non, mais aussi les cheminements de leur formulation.

Cadres conceptuels précieux pour étudier la genèse et la réception des discours littéraires ou médiatiques, ils le sont tout autant pour discerner au quotidien les logiques des engouements culturels, des débats politiques ou des polémiques qui enflamment les réseaux sociaux.

Pour rendre compte de la persistance de ressorts similaires au sein de toutes les formes de création discursive, consacrées ou triviales, classiques ou contemporaines, le séminaire ne se cantonnera pas à un genre ou une période prédéfinie mais étudiera des textes très variés, en fonction de leur représentativité ou de leur intérêt particulier mais aussi des propositions des participants.

Les repères pragmatiques et rhétoriques pourront ainsi être mis à contribution pour examiner non seulement les manifestations traditionnelles de l’opinion dans les productions fictionnelles ou factuelles, mais aussi des questions telles que la puissance particulière des récits, l’influence des proscriptions et prescriptions culturelles, les ressorts du populisme, l’influence de la sincérité perçue ou l’effet de l’humour et de la provocation.

Travaux

Un exposé et un travail de session.

Textes

Articles et monographies fournis en ligne.

Ouvrages de référence

  • Moeschler, J. et Reboul, A. (1998). La pragmatique aujourd'hui. Seuil.
  • Oswald, S. et Herman, T. (2014). Rhétorique et cognition -  Perspectives théoriques et stratégies persuasives. Peter Lang.
  • Robrieux, J.-J. (2021). Rhétorique et argumentation. Armand Colin.
  • Soller, P. (2021). L'invention de l'Orateur - Saint Augustin, Cicéron, Quintilien. Gallimard.
  • Sperber, D. et Wilson, D. (1989). La pertinence ; Communication et cognition. Éditions de Minuit.

FRA 5590 – Atelier de méthodologie 

Professeur : Michel Fournier 

Description : 

L’atelier, qui comporte deux volets, vise à mieux préparer les étudiants à la recherche. D’une part, ceux-ci seront amenés à faire une réflexion critique sur les principes de base de toute recherche (définition d’un objet d’étude, d’une problématique, d’une méthode d’analyse, etc.); de l’autre, ils seront invités à aborder des problèmes concrets de la recherche (bibliographie, ressources électroniques, etc.). Une note, satisfaisant ou non satisfaisant, est attribuée à la fin de l’atelier. 

Travaux : 

Exercice de lecture/analyse d’une thèse de maîtrise ; présentation du projet ou de la réflexion développée dans le cadre de l’élaboration du projet.  

Bibliographie : 

Texte 

Antoine Compagnon, Le Démon de la théorie, Paris, Seuil, « Points essais », 2014 [1998]. 

FRA 6755 – Lectures postcoloniales (en ligne)

Professeur : Kasereka Kavwahirehi

Mondialisation et mémoire coloniale dans les romans africains

Comme Edward Saïd aimait à le rappeler, toute œuvre littéraire est, de quelque manière, lourde de son occasion, des réalités empiriques constituant son contexte d’émergence. Les textes littéraires ont des manières d’exister qui, même dans leurs formes les plus sublimes, sont en relation avec des réalités existentielles de la vie humaine, de la politique, des sociétés et des événements. Ils s’écrivent contre les réalités qui les rendent possibles ou en complicité avec elles. Toutefois, si l’œuvre d’art existe avant tout dans son temps, qui entre en interaction avec d’autres lieux et d’autres époques, elle n’est jamais réductible aux conditions de son époque. C’est la responsabilité du lecteur critique de montrer comment elle s’écrit contre ou en complicité avec des situations humaines ou échappe à ces conditions par sa forme.

Il en va ainsi des œuvres qui constituent le corpus de ce séminaire, à savoir Mathématiques congolaises et Congo Inc. Le testament de Bismarck de In Koli Jean Bofane, Généalogie d’une banalité de Sinzo Aanza, Tram 83 de Fiston Mwanza Mujila et Dans le ventre du Congo de Blaise Ndala. Écrits et publiés durant la dernière décennie, ces œuvres représentent les dynamiques ravageuses de la mondialisation néolibérale à l’œuvre en Afrique et, plus particulièrement, en République démocratique du Congo. Dans le cadre du séminaire, il s’agira de voir comment s’effectue en ces œuvres la mise en scène critique de la mondialisation et à quel type de forme les auteurs ont recouru pour peintre cette dernière. De plus, comme la mémoire coloniale affleure souvent dans ces œuvres, il s’agira aussi de s’interroger sur la fonction qu’y joue cette mémoire. S’agit-il d’éclairer les dynamiques de la mondialisation par celles de la colonisation et, donc, de suggérer la continuité entre les deux ? Enfin, il s’agira de poser la question de savoir ce que peut la littérature en contexte de mondialisation ? Constitue-t-elle un espace de liberté, de créativité et de production de nouvelles formes de subjectivité?

Travaux

  • Présence et participation : 10%
  • Un exposé : 30%
  • Un rapport de séminaire :   60%

Bibliographie

  1. Textes de base
  • Aanza, Sinzo, Généalogie d’une banalité, Paris, Vents d’Ailleurs, 2015.
  • Blaise Ndala, Dans le ventre du Congo, Montréal, Mémoire d’encrier, 2021.
  • Bofane, In Koli Jean, Congo Inc. Le Testament de Bismarck, Paris, Actes Sud, 2014.
  • Bofane, In Koli Jean, Mathématiques congolaises, Paris, Actes sud, 2008.
  • Mwanza Mujila, Fiston, Tram 83, Paris, Métaillié, 2013.
  1. Ouvrages de référence
  • Brezault, Éloïse (sous la direction), Les enjeux de la mémoire dans la littérature et les arts contemporains de la République démocratique du Congo, Francofonia, no. 76 ( printemps 2019).
  • Tonda, Joseph, L’impérialisme postcolonial. Critique de la société des éblouissements, Paris, Karthala, 2015.
  • Said, Edward, Culture et impérialisme, traduit de l’anglais par Paul Chemla, Paris, Fayard/Le monde diplomatique, 2000.