L’article 23 de la Charte canadienne s’est avéré l’un des plus importants de tous les droits ajoutés en 1982. En effet, il confère à certaines catégories de personnes, à certaines conditions, un droit de faire instruire leurs enfants dans la langue de la minorité. Il a conduit à des restructurations majeures du réseau scolaire en langue officielle minoritaire au Canada. Chaque province et territoire a dû modifier sa législation pour faire une place à des institutions d’enseignement de la minorité et des structures de gestion de celles-ci.
Langue d'instruction
La présente section traite du droit constitutionnel et des lois provinciales. L’éducation étant une compétence des provinces, il n’y a pas de législation fédérale applicable.
Introduction à la langue d'instruction
Loi constitutionnelle
Fruit d’intenses débats politiques ayant débuté avec le rapport de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, l’article 23 est celui qui a généré la jurisprudence la plus abondante pour la théorie des droits linguistiques.
Essentiellement, le débat politique précédant l’adoption de l’article 23 a porté autour de deux questions : le droit au libre choix par les parents de la langue d’instruction de leur enfant, ou la restriction de ce choix aux seuls membres d’une minorité linguistique à définir. Le débat venait du fait qu’au Québec, seule province à majorité francophone, une majorité d’immigrants ainsi qu’une bonne proportion de francophones choisissaient l’instruction en anglais pour leurs enfants et que le gouvernement québécois entendait mettre fin à cette pratique, tandis qu’en dehors du Québec, les minorités acadiennes et francophones, qui avaient été privées de leur droit à des écoles et à la gestion de celles-ci au début du 20e siècle, et voyaient leurs enfants confinés à des programmes bilingues dans des écoles où l’anglais était la langue d’usage, réclamaient le retour d’écoles linguistiquement homogènes où l’instruction aurait lieu dans la langue de la minorité.
L’article 23 est donc le fruit d’une décennie et demie de débats nationaux et locaux autour de la langue d’enseignement. Dans Mahé, il a été décrit comme la clé de voûte de l’engagement du Canada envers le bilinguisme et le biculturalisme. Son objet, toujours selon cet arrêt, est le maintien et l’épanouissement des communautés de langue officielle dans les provinces et territoires où elles sont minoritaires, par le biais de l’éducation. Ces communautés linguistiques doivent être des partenaires égaux avec la majorité. L’article 23 est aussi « réparateur », il cherche à modifier le statut quo scolaire.
La présente section aborde les questions suivantes : la définition des ayants-droit; le droit à l’instruction et aux établissements; le droit à la gestion; les conditions de nombre et de coût.
Instruction, établissements, qualité égale
Droits de gestion
Au Canada, l’éducation relève d’un ministère du gouvernement provincial, mais aussi d’une instance décentralisée appelée « commission scolaire » ou « Conseil scolaire ». Traditionnellement, les conseils scolaires s’occupent de l’administration courante des écoles sur un territoire donné. Ils ont d’abord été organisés sur une base de confession religieuse, entre conseils catholiques ou protestants, pour des raisons historiques. L’article 93 de la Loi constitutionnelle de 1867 a protégé ces droits acquis avant la confédération. L’article 23 de la Charte est venu rajouter une couche de complexité.exity.
Conditions d'application
L’alinéa 23(3)a) stipule que le droit à l’instruction, primaire ou secondaire dans la langue de la minorité, financée sur les fonds publics, a lieu « partout dans la province où le nombre des enfants des citoyens qui ont ce droit est suffisant pour justifier à leur endroit » cette instruction.
L’alinéa 23(3)b) rajoute que ce droit à l’instruction « comprend, lorsque le nombre de ces enfants le justifie, le droit de les faire instruire dans des établissements de la minorité linguistique financés sur les fonds publics ».
Le paragraphe 23(3) impose donc une condition à la réalisation du droit à l’instruction dans la langue de la minorité, condition qui est étudiée en deux phases : un nombre qui justifie les coûts.
Provincial and territorial laws
The present section summarises the primary provisions in the provincial and territorial school laws in terms of education in the minority languages. Each section touches on the following points: The right-holders (definition and types of non-right-holders); instruction and institutions; management structure.