L'appellation de Eastern Townships (ou « Cantons de l'Est ») peut paraître ambigu parce qu'ils sont situés dans l'ouest de la province, mais il faut se rappeler que ces cantons du Québec se trouvaient à l'est du « pays d'en haut » (Ontario), d'où le nom de Eastern Townships, par opposition aux Western Townships du Haut-Canada.
C'est aussi Alured Clarke qui gratifia la plupart des comtés du Bas-Canada (au nombre de 21, en plus de quatre districts) de dénominations anglaises (Buckingham, Bedford, Dorchester, Devon, Effingham, Huntingdon, Kent, Leinster, Northumberland, Surrey, Warwick, York, etc.); il restait en français des noms tels que Gaspé (toponyme amérindien), Montréal, Saint-Maurice, Orléans et Québec. Le lieutenant-gouverneur estimait qu'à défaut d'assimiler les Canadiens il pouvait au moins angliciser la carte toponymique de la colonie.
Trois décennies plus tard, soit après 1820, quelque 5 000 immigrants britanniques, 3 000 immigrants irlandais et quelques centaines d'Écossais (établis à Scotstown et à Stornoway) sont venus rejoindre les loyalistes de la première heure. Le premier équivalent en français, les Townships de l'Est, fut remplacé au début des années 1858 par Cantons-de-l'Est dans l'usage populaire. Quant au terme Estrie, il apparut vers 1940 (proposé par l'historien sherbrookois Maurice O'Bready) et fut adopté officiellement en 1981 par le gouvernement du Québec lors de la création de la région administrative appelée Estrie. Depuis, les deux denominations (Cantons-de-l’Est et Estrie) coexistent, mais la première désigne la région touristique; la seconde, la region administrative.
En somme, environ 6 000 loyalistes dits de l'Empire uni (United Empire Loyalists) colonisèrent le littoral du fleuve Saint-Laurent, depuis le lac Saint-François jusqu'au lac Ontario, de même que les rives du lac Ontario jusqu'à baie de Quinté, puis les environs de la ville de Niagara (appelée alors Newark) et une partie des rives de la rivière Détroit. Le peuplement anglophone de l'ouest de la province de Québec — anciennement le « pays d'en haut », qui deviendra le Haut-Canada, puis l'Ontario — était commencé. À leur intention, les autorités avait prévu dans l'Ouest une sorte de district autonome afin de les soustraire à l'application des lois françaises. Il s'agissait d'une solution de compromis qui faisait en sorte que les anglophones étaient régis par des lois anglaises, les francophones par des lois françaises.
Par contre, certains anglophones installés dans la vallée du Saint-Laurent acceptèrent mal non seulement d'être soumis aux lois civiles françaises, mais aussi de dépendre de seigneurs francophones (même si le quart des seigneuries appartenait à des anglophones). Ce n'était pas toujours aisé et la situation se compliqua, car les loyalistes voulurent aussi avoir des églises protestantes et des écoles anglaises. De plus, les loyalistes étaient habitués dans les Treize Colonies de se gouverner. Or, il n'existait pas d'assemblée élue dans la province de Québec. Les loyalistes déplorèrent que la colonie n'ait pas de chambre d'Assemblée et que les décisions soient prises par des personnes non élues. Si les autorités accédaient aux revendications des nouveaux anglophones, elles les soumettaient à la volonté d'une majorité française et catholique. Mais les loyalistes et les autres anglophones exercèrent de plus en plus de pressions afin que le gouvernement de Londres consente à réformer l'administration de la colonie en leur faveur. Il faudra attendre en 1791 pour voir le Québec divisé entre le Bas-Canada à l'est et le Haut-Canada à l'ouest