Toute politique de non-intervention consiste avant tout à choisir la voie du laisser-faire, à ignorer les problèmes lorsqu'ils se présentent et à laisser évoluer le rapport des forces en présence. Dans la pratique, il s'agit d'un choix véritable, donc d'une planification, qui joue généralement à l'avantage de la langue dominante ou officielle (de facto). En principe, un État va avoir tendance à ne pas intervenir s'il ne le juge pas nécessaire.
Une politique de non-intervention est, en principe, non écrite et officieuse, bien que cette approche n'empêche pas un gouvernement de faire des déclarations d'intention, d'agir par des pratiques administratives, voire de procéder par règlements ou par décrets, sinon par de vagues dispositions constitutionnelles ou législatives. Cependant, un gouvernement non interventionniste ne se pose pas comme arbitre et se garde d'adopter des dispositions législatives très précises. Bien souvent, on invoque, pour justifier une telle politique, des principes de libre-choix, de tolérance ou d'acceptation des différences.
Encore là, l'appellation de « politique de non-intervention » peut prêter à équivoque, car il est possible pour un État de pratiquer une politique à la fois interventionniste et non interventionniste. On peut, par exemple, ne pas intervenir à l'égard de la langue officielle, mais protéger les langues des minorités; on peut, par exemple, intervenir pour la promotion de la langue officielle et s'abstenir de protéger les langues minoritaires, ou faire l'inverse. L'Ontario, par exemple, n'a pas légiféré pour l'anglais, la province étant restée non interventionniste à ce sujet; mais tel n'est pas le cas pour le français pour lequel la Loi sur les services en français a été adoptée. D'autres provinces ne sont jamais intervenues pour quelque langue que ce soit, ce qui peut, bien sûr, avoir eu des effets négatifs pour les minorités linguistiques. Aujourd'hui, la politique de non-intervention tend à devenir de moins en moins fréquente dans les provinces anglaises du Canada.
Voici quelques exemples de non-intervention dans le monde: le Liechtenstein, le Royaume-Uni (jusqu'en 1998), l'Angola, l'Argentine, l'Uruguay, le Venezuela, etc., et quelques États américains dont le Connecticut, le Delaware, l'Iowa, le Maryland, le Nevada, le Rhode Island, etc. D'autres États ne sont jamais intervenus en ce qui a trait à leur langue officielle, mais ont adopté des politiques au sujet des langues minoritaires: l'Allemagne, l'Autriche, le Congo-Brazzaville, la Guinée équatoriale, la République tchèque et, au Canada, l'Ontario, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard. Enfin, certains États ne sont intervenus que pour la langue officielle et pas du tout pour les langues minoritaires: les États américains de l'Alabama, de l'Arizona, de l'Arkansas, de la Californie (au total, ils sont 23), la principauté d'Andorre, l'Iran, l'Égypte, certains départements français d'outre-mer (Martinique, Guadeloupe, Guyane française, La Réunion, Wallis-et-Futuna). On peut estimer qu'environ 30 % des États souverains du monde pratiquent une politique de non-intervention.