Ce statut provient du principe que la majorité du pays a tous les droits (linguistiques) et que la ou les minorités ont des droits moindres, mais ceux-ci sont juridiquement et officiellement reconnus par l'État. Autrement dit, ces droits, toujours appuyés par une législation ou des dispositions constitutionnelles, ont tendance à être extensifs pour la majorité et restrictifs pour les minorités. Cette protection équivaut au statut particulier ou aux politiques sectorielles inscrites dans un cadre global d'une politique linguistique.
Cette formule est très utilisée au Canada, comme dans de nombreux autres pays. Par exemple, l'anglais est la langue officielle de l'Ontario, mais le français a des droits très étendus dans les domaines de la législation, de la justice, de l'éducation, de l'Administration, etc. C'est également une formule utilisée au Québec, au Manitoba, à l'Île-du-Prince-Édouard, mais toutes les provinces canadiennes y ont recours pour la question de l'accès aux écoles de la minorité, une disposition constitutionnelle insérée dans la Charte des droits et libertés (art. 23).
Ailleurs dans le monde, le statut juridique différencié est courant dans des pays comme l'Allemagne, la Bulgarie, la Croatie, l'Estonie, la Lituanie, les Pays-Bas, la Roumanie, la Slovaquie, la Suède, etc. Dans ces pays, les groupes linguistiques minoritaires bénéficient en général de certains droits dans des secteurs névralgiques (d'où la notion de politiques sectorielles) tels que les services gouvernementaux, la justice, les écoles et les médias. L'objectif est de protéger une ou plusieurs minorités sur la base de droits personnels restreints tout en reconnaissant le droit à la différence. C'est une formule qui permet de concilier le principe d'une seule langue officielle tout en accordant des droits importants aux minorités.