La législation finlandaise se révèle originale dans la mesure où la protection linguistique est axée à la fois sur le principe des droits personnels et celui des droits territoriaux. Il s'agit de droits personnels en ce qui concerne le fonctionnement du gouvernement central d'Helsinki (comme pour le gouvernement fédéral au Canada) et sur le principe des droits territoriaux dans les municipalités où la minorité (suédoise ou finnoise) est en concentration suffisante. Précisons que des districts administratifs sont prévus à l'intention des minorités, finnoises ou suédoises, et que ces districts, si les circonstances (lois) s'y prêtent, peuvent fonctionner dans une seule langue. Cette formule n'est pas très répandue au Canada, mais le meilleur exemple de cette formule mixte (droits personnels et territoriaux) est la Ville de Winnipeg au Manitoba, qui doit être juridiquement bilingue; cette notion de municipalité bilingue existe aussi au Québec sous l’expression «municipalité reconnue» où, au moment de l’application de la loi 89, les villes devaient offrir des services en français et en anglais. Mais ce qui fait la différence entre la Finlande et le Canada, c'est que l'unité de base des droits linguistiques en Finlande repose sur la municipalité dont le statut peut être bilingue ou unilingue (finnoise ou suédoise); une municipalité bilingue pouvant être à majorité finnoise ou à majorité suédoise.
Pour bien comprendre le droit des langues en Finlande, il faut se référer à la règle des 6 % et 8 %, tel qu'elle est précisée dans la Loi sur les langues de 2004. Par exemple, si la minorité constitue 8 % et plus de la population d'une municipalité, le bilinguisme officiel est obligatoire pour tout ce qui concerne les services administratifs, gouvernementaux ou municipaux. Si la minorité constitue 6 % et moins de la population, la municipalité perd son statut bilingue; en conséquence, la minorité ne conserve aucune reconnaissance, sauf au gouvernement central. Au Canada, on ne connaît pas cette règle des 6 % et 8 %, les Canadiens étant plus familiers avec une formule du genre « là où le nombre le justifie », ce qui parfois laisse place à grands interprétations. De plus, une municipalité peut perdre son statut bilingue, ce qui serait impensable au Canada où l'on ferait appel, en des cas semblables, au principe des « droits acquis ». En 1977, lors de l’adoption de la Charte de la langue française, il y avait 89 «municipalités bilingues» reconnues correspondant au critère des 50 % plus un; en 2015, il n’en restait plus que 46, mais aucune des municipalités n’a perdu son statut.
En Finlande, on compte au total 446 municipalités (communes). Elles se répartissent en quatre types : les villes unilingues finnoises (89,4 %), les villes unilingues suédoises (0,6 %), les villes bilingues+ à majorité finnoise (4,7 %), les villes bilingues à majorité suédoise (5,1 %). Le décret du Conseil d'État fixe à 399 (soit 89,4 %) le nombre de municipalités unilingues finnoises, 23 (soit 5,1 %) le nombre des municipalités bilingues à majorité suédoise, 21 (soit 4,7 %) le nombre des municipalités bilingues à majorité finnoise et trois (soit 0,6 %) le nombre de municipalités unilingues suédoises.