La signification du bilinguisme au Canada
Au Canada, lorsqu’il est question de bilinguisme, on fait référence au français et à l’anglais, les deux langues officielles. Le bilinguisme est rattaché à l’image que le Canada projette dans le monde. De plus, il joue un rôle de premier plan dans les politiques gouvernementales. Il est intimement lié à l’histoire et au développement du Canada ainsi qu’aux relations entre les deux peuples colonisateurs du territoire. Les personnes qui habitent le pays, qu’elles soient francophones, anglophones ou autres, ont différents points de vue sur la question du bilinguisme. Le bilinguisme français-anglais s’imbrique de façon intrinsèque dans l’identité canadienne. Cependant, il ne faut pas omettre les nombreuses autres langues également parlées sur le territoire canadien, notamment les langues autochtones.
Communiquer avec plus de gens
Parler plusieurs langues comporte différents avantages, souvent rattachés à la communication. En effet, le bilinguisme permet de communiquer avec des gens issus de plusieurs groupes culturels ainsi qu’avec les membres d’une famille élargie.
Le bilinguisme est fort utile pour s’exprimer en voyage ou dans un contexte d’immigration. De plus, les personnes bilingues peuvent s’identifier aux deux communautés linguistiques officielles en même temps. Il n’y a pas de désavantages notables au bilinguisme, qui ne cause pas d’obstacles à l’apprentissage.
Les avantages du bilinguisme sur le plan professionnel
Le bilinguisme offre un avantage économique, car il s’agit d’un atout sur le marché du travail. Au Canada, les travailleuses et travailleurs bilingues ont accès à un plus grand éventail de postes, notamment dans la fonction publique et les services communautaires. Ils sont également en mesure de servir les populations minoritaires. Qui plus est, le bilinguisme donne l’occasion d’échanger avec plus de gens dans un contexte professionnel, que ce soit la clientèle ou des collègues. Pour les francophones, parler anglais représente aussi un avantage au chapitre des promotions et de l’avancement de la carrière.
Les recherches cognitives sur le bilinguisme
Le bilinguisme et le plurilinguisme pourraient réduire les risques de troubles cognitifs dans la vieillesse. Il procure certains bienfaits liés à la pensée convergente, soit les mécanismes d’inhibition et de résistance aux interférences. Par exemple, parler plus d’une langue aiderait à faire plus facilement abstraction du bruit, à mieux se concentrer dans les grandes foules et à avoir une meilleure capacité de jugement (prise de décisions).
D’autres avantages relèvent des mécanismes de facilitation, soit de la pensée divergente, qui ont trait à la créativité. Pensons par exemple à la capacité de voir les choses sous un angle différent ainsi que de mieux résoudre les problèmes. Le bilinguisme permettrait en outre de développer des compétences métalinguistiques qui offrent une meilleure capacité d’écoute.
Bien souvent, les locutrices et locuteurs bilingues poursuivent une réflexion métalinguistique ou métacognitive sur leurs apprentissages. Leur compréhension du système linguistique et de son fonctionnement est donc souvent plus développée que celle des gens unilingues.
Les personnes bilingues s’aperçoivent que différents mots peuvent décrire une même réalité. Elles réfléchissent au sujet des langues tout en développant leur flexibilité mentale. Le bilinguisme améliorerait ainsi la mémoire, le bien-être mental et la capacité d’exécuter plusieurs tâches en même temps. Il donnerait accès à certains processus cognitifs et dégagerait de l’espace de mémoire chez une personne.
Cela dit, il est aussi important de prendre en considération les différents facteurs sociologiques et individuels qui influencent la performance cognitive.
S’ouvrir à plus de perspectives sur le monde
Le bilinguisme nous imprègne de différentes cultures et façons de concevoir la réalité. En apprenant à mieux connaître une autre culture, on améliore notre compréhension de la langue qui y est associée. Les personnes bilingues ont plus d’aisance à comprendre des concepts culturels abstraits. L’apprentissage d’autres langues nous permet de constater qu’il existe différents points de vue, ouvrant ainsi la voie à une certaine relativité culturelle.
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Les communautés de langues officielles en situation minoritaire
Promouvoir le bilinguisme au Canada passe aussi par l’inclusion des langues minoritaires. Il est important pour les communautés d’être visibles et reconnues, et d’obtenir les services auxquels elles ont droit (par exemple, des services publics, de santé et d’éducation). C’est pour cette raison que les communautés francophones minoritaires à travers le pays défendent la reconnaissance de leurs droits linguistiques. Pour elles, le bilinguisme représente aussi la reconnaissance de leurs droits comme population de langue minoritaire. Les droits linguistiques de ces communautés sont protégés par la Charte canadienne des droits et libertés.
Francophone ou anglophone? Ni l’un ni l’autre, mais bilingue!
Quelqu’un qui parle deux langues devrait pouvoir s’identifier aux deux groupes linguistiques, participer à la vie communautaire de ces derniers et s’y sentir bienvenu. Or, vu les tensions historiques entre les groupes linguistiques francophones et anglophones, il est parfois difficile de se faire reconnaître en tant que membre légitime d’un groupe ou de l’autre.
Par exemple, une personne peut s’identifier comme francophone, mais, pour plusieurs raisons (telles qu’avoir un nom anglais ou un parent anglophone), se fait rejeter et n’est pas légitimement reconnue comme francophone. Ou encore, son statut ou son identité comme francophone peut être souvent mis à l’épreuve.
Il n’est pas rare que les jeunes adultes ressentent la pression d’avoir à choisir un camp. En réalité, être bilingue devrait leur permettre de contribuer aux deux groupes et d’être reconnus légitimement comme en faisant partie.
Patricia Lamarre, professeure titulaire au Département de didactique de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal, a défendu le droit pour une personne de faire reconnaître son bilinguisme en tant qu’identité, et non seulement comme compétences linguistiques. L’identité bilingue n’est pas encore reconnue systématiquement au pays. Cela peut être difficile à vivre, surtout chez les jeunes adultes.
Abolir la notion de langue « maternelle »
On appelle à tort une langue première une « langue maternelle ». En effet, les personnes qui grandissent dans un foyer où plusieurs langues sont parlées ne devraient pas avoir à choisir entre elles. Il est normal de ne pas avoir de compétences égales dans l’ensemble de nos langues, car ces compétences varient en fonction de notre exposition à la langue et de notre scolarisation, mais aussi de nos besoins en communication et de nos intérêts.
Le bilinguisme au Canada, vers un avenir plus inclusif
Au Canada, on retrouve de fortes perceptions et représentations du bilinguisme qui doivent être critiquées, voire remises en question. Être bilingue ne veut pas dire avoir des compétences égales dans chacune des langues maîtrisées. Il s’agit plutôt d’avoir des ressources ou des compétences linguistiques dans plus d’une langue et de les utiliser selon les contextes, nos besoins, nos envies et nos objectifs.
Dans chacune de nos langues, nos compétences linguistiques évoluent constamment, ce qui est tout à fait normal. Beaucoup de gens bilingues au Canada se disent toutefois unilingues parce qu’ils ne se trouvent pas assez bons. Or, l’idée d’être parfaitement bilingue est complètement illusoire, en plus d’entraîner de la discrimination et de l’exclusion.
« Certaines personnes se font dire à répétition : « Tu ne parles pas assez bien, tu n’as pas le bon accent, tu ne seras jamais anglophone ou francophone. » C’est une des raisons pour lesquelles il y a de l’exclusion sociale entre les francophones et les anglophones : on s’attend à une certaine façon de parler, d’utiliser la langue, qui est associée à une image du locuteur natif. Quand les gens ne se conforment pas à ce modèle-là, souvent, elles ne peuvent faire reconnaître leur statut ou leur identité bilingue, francophone ou anglophone. » ― Catherine Levasseur, professeure adjointe à l’ILOB.
En somme, le temps est venu de remettre en question le concept du bilinguisme au Canada de manière à en inclure toutes les formes. Il est important de valoriser toutes les compétences bilingues ainsi que tous les accents.