L’Institut des langues officielles et du bilinguisme (ILOB) a soumis à l’honorable Ginette Petitpas Taylor, ministre des Langues officielles, un mémoire dans le cadre des consultations pancanadiennes en vue d’un nouveau Plan d’action fédéral sur les langues officielles pour la période de 2023 à 2028.
L’ILOB avait participé aux dernières consultations en 2016, en proposant par exemple de mettre à la disposition du public une application mobile pour l’apprentissage du français ou de l’anglais. Cette idée s’est vue concrétisée avec le lancement, dans le cadre du Plan d’action pour les langues officielles 2018-2023, de l’application d’apprentissage des langues Mauril offerte gratuitement par Radio-Canada.
Dans son mémoire, l’ILOB propose des pistes d’action concrètes au gouvernement du Canada pour renforcer la place du français au pays, l’épanouissement des communautés francophones en situation minoritaire, ainsi que l’inclusion et l’innovation dans l’apprentissage des langues au sein d’une société de plus en plus diversifiée.
Messages clés du mémoire
- Le mémoire souligne l’importance d’offrir une immersion universitaire comme moyen d’assurer un apprentissage linguistique associé à un apprentissage disciplinaire au-delà du secondaire. L’immersion universitaire représente une innovation pédagogique unique au Canada et reconnue à l’international qui pourrait être développée pour soutenir l’apprentissage des deux langues officielles non seulement au premier cycle, mais aussi aux cycles supérieurs. L’ILOB souligne également l’utilité de cette approche pour offrir un soutien linguistique à une population étudiante de plus en plus diversifiée et internationale.
- L’ILOB propose de concevoir un programme de certificat en immersion pour le personnel enseignant afin de mieux mettre en valeur les connaissances et compétences clés associées à la mise en œuvre d’une pédagogie de l’immersion.
- Les chaires de recherche en aménagement linguistique et le programme de maîtrise ès arts en études du bilinguisme forment les futures et futurs leaders en éducation langagière et en politiques linguistiques. Pour appuyer la relève en recherche sur les langues officielles, l’ILOB propose la création d’un programme d’été pour jeunes chercheuses et chercheurs qui appuiera le développement de cette expertise unique et la diffusion des connaissances.
- Les services de santé sont des services essentiels. Or, au Canada, il est malheureusement impossible de les obtenir dans sa langue première en milieu minoritaire, et ce, malgré de nombreuses études qui ont démontré les effets néfastes de ce manque d’accès. L’ILOB propose au gouvernement de créer un programme de français langue seconde pour les professionnelles et professionnels de la santé d’expression anglaise qui offrent des services aux membres des communautés francophones.
- Afin d’inciter les jeunes anglophones de 10e et 11e année à poursuivre leur apprentissage du français, l’ILOB propose de développer et de mettre en œuvre un programme d’été en langue seconde avec reconnaissance de crédits.
- L’ILOB souligne l’importance de mieux appuyer la recherche sur les innovations conceptuelles, pédagogiques et technologiques dans les domaines de l’enseignement et de l’apprentissage des langues, de l’immersion, de l’évaluation des compétences linguistiques et de la gestion des programmes de langues. Il propose que cet appui soit aussi accompagné d’un soutien accru à la diffusion du savoir scientifique auprès des professionnelles et professionnels, des membres de la population étudiante et des parents qui sont directement touchés par des questions de développement et d’apprentissage des langues.
- Les chercheuses et chercheurs canadiens du domaine des langues sont reconnus mondialement; pourtant, peu de programmes soutiennent leur participation à des projets de recherche d’envergure internationale. L’ILOB recommande au gouvernement d’appuyer la collaboration des chercheuses et chercheurs canadiens avec des partenaires en éducation langagière à l’étranger, par exemple les programmes de recherche du Centre européen pour les langues vivantes (CELV).
- Beaucoup de jeunes des écoles élémentaires et secondaires ont de la difficulté à apprendre le français langue seconde. Sans appui supplémentaire, ces jeunes se détournent malheureusement de l’apprentissage du français et renoncent à poursuivre des études en français au niveau postsecondaire. L’ILOB propose de développer, de mettre en œuvre et d’encadrer un programme permanent de tutrices et tuteurs de langues officielles avec la participation bénévole d’étudiantes et étudiants universitaires qui ont à cœur l’apprentissage des langues ou sont inscrits au régime d’immersion. Ce programme de tutorat pourrait aussi venir en aide aux jeunes réfugiées et réfugiés dont la langue première n’est ni le français ni l’anglais.
- Le taux de bilinguisme chez les Canadiennes et Canadiens d’expression anglaise stagne depuis de nombreuses années. Il est nécessaire de démontrer les avantages concrets du bilinguisme en ajoutant des dispositions à la version révisée de la Loi sur les langues officielles et à la Loi sur l’emploi dans la fonction publique. À compétences égales, le bilinguisme et les études postsecondaires en français devraient être considérés comme des atouts dans le processus d’embauche du gouvernement fédéral. Il est important de reconnaître et de valoriser les diplômes des candidates et candidats qui ont choisi d’étudier en français.
L’ILOB est d’avis que les mesures proposées pourraient avoir un effet transformateur sur le Canada pour les générations à venir et en faire un pays modèle à l’échelle mondiale. Les mesures audacieuses qu’il présente pourraient aussi permettre au gouvernement fédéral de miser sur des retombées positives et concrètes pour freiner l’érosion graduelle de la place du français au Canada et contribuer à son épanouissement. Par sa réputation nationale et internationale en éducation langagière et son Centre canadien d’enseignement et de recherche en bilinguisme et aménagement linguistique (CCERBAL), l’ILOB dispose de l’expertise et du savoir-faire nécessaires pour appuyer la mise en œuvre de la nouvelle version de la Loi sur les langues officielles,qui devrait être adoptée au cours de la prochaine année, et du nouveau Plan d’action sur les langues officielles du gouvernement du Canada.