Nous nous sommes entretenus avec la Dre Ann Jolly, professeure agrégée à l'École d'épidémiologie et de santé publique de l'Université d'Ottawa***, pour obtenir plus d'information au sujet de la rougeole au Canada. Elle est disponible pour s'adresser aux membres des médias à ce sujet : [email protected] ***experte unilingue anglophone
Au cours des dernières semaines, de nombreux nouveaux cas de rougeole ont été confirmés partout au Canada, notamment à Montréal, Toronto, ou Saint John. Nos voisins du Sud sont aux prises avec leur pire épidémie de rougeole en 25 ans, et au rythme où de nouveaux cas sont découverts au nord du 49e parallèle, beaucoup craignent que le Canada ne soit le prochain pays à être durement touché.
La rougeole est une maladie excessivement contagieuse et dangereuse. Beaucoup de médecins n'auraient jamais cru qu'elle ferait un tel retour, surtout dans un pays développé comme le Canada. Selon les experts, les Canadiens devraient rester vigilants même si la situation n'est pas encore critique.
« En fait, nous avons de bons taux de vaccination grâce au travail acharné du personnel de santé publique et à notre système de soins de santé financé par l'État, mais nous pouvons et devons faire mieux », a expliqué la Dre Ann Jolly, professeure agrégée à l'École d'épidémiologie et de santé publique de l'Université d'Ottawa.
« Immunité collective » : le Canada a besoin de taux de vaccination plus élevés
Le concept de l’immunité collective s’explique ainsi : une fois qu'une proportion critique de personnes a été vaccinée, leur nombre rend très improbable que les quelques personnes non vaccinées soient un jour exposées au virus dont il est question - dans ce cas-ci, la rougeole.
Les taux de vaccination nécessaires pour atteindre l’immunité collective sont supérieurs à 95%. Lorsque ce niveau de vaccination est atteint, la collectivité, ou la majorité, assure l'immunité de la minorité.
« La rougeole est l'un des pathogènes les plus contagieux que nous connaissions, en ce sens qu'elle entraîne le plus grand nombre de contacts secondaires infectés pour chaque cas infecté », a expliqué la Dre Jolly. « Ainsi, tous les bébés de moins d'un an et les personnes dont le système immunitaire est affaibli, qui ne peuvent pas recevoir le vaccin ou chez qui il est inefficace, doivent être protégés par les 95 ou 97 % d'entre nous qui sont vaccinés correctement. »
Selon les chiffres produits par l'Agence de la santé publique du Canada en 2013, la couverture vaccinale contre la rougeole au Canada est estimée à environ 85,7 %. C’est un bon taux de vaccination, mais il n’est manifestement pas aussi élevé qu'il devrait l'être.
La propagande anti-vaccins en cause
Plusieurs facteurs expliquent la baisse des taux de vaccination et la méfiance croissante à l'égard des vaccins observée au Canada lors des dernières années. Selon le Dr Jolly, la principale explication se trouve dans la circulation des croyances anti-vaccins et la diffusion de désinformation sur le sujet par l’entremise des médias sociaux.
« Dans une tentative de recherche d'information sur les vaccins, mon moteur de recherche a commencé à me suggérer des sites "d'information" et des sites "scientifiques" où je pourrais obtenir de l'information "impartiale" », a expliqué la Dre Jolly. « Plus de la moitié de ces sites étaient en fait des pages "anti-vaccins" encourageant les parents à trouver les "faits" sur les vaccins qui protégeraient leurs enfants. C'est vraiment inquiétant et dommageable pour la santé publique du Canada. »
Ironiquement, le succès du vaccin contre la rougeole au fil des ans a peut-être aussi joué un rôle dans la situation actuelle.
« Le fait que de nombreuses personnes n'aient pas vu un enfant atteint de rougeole depuis longtemps en raison de l'efficacité du vaccin leur a permis d'oublier à quel point il s’agit d’une vilaine infection », a ajouté la Dre Jolly. « Non seulement les gens ont oublié à quel point cette maladie peut être grave, mais le vaccin a été si efficace que certains médecins, qui n'ont pas souvent eu affaire à la rougeole, ont de la difficulté à reconnaître les nouveaux cas. »
Les membres des médias peuvent contacter directement l'experte suivante :
Dre Ann Jolly
Professeure agrégée
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Pour plus d'informations :
Orian Labrèche
Agent de relations médias
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