Selon une nouvelle étude de l’Université d’Ottawa, il est important de dispenser les soins dans la langue de choix des patients et patientes; en effet, les personnes vivant dans des établissements de soins de longue durée de l’Ontario en situation de discordance linguistique sont plus susceptibles de se voir prescrire des antipsychotiques de manière inappropriée.
Une équipe de recherche du Département de médecine familiale de l’Université d’Ottawa et de l’Institut du Savoir Montfort a conclu que les francophones et les allophones risquaient davantage de se faire prescrire à tort des antipsychotiques comparativement à la patientèle anglophone d’un milieu similaire. Il y a discordance linguistique lorsque les soins ne peuvent pas être prodigués dans la langue de préférence de la personne.
« Les conclusions de cette étude s’ajoutent à la quantité croissante de données appuyant la notion selon laquelle la discordance linguistique est un déterminant social de la santé qui contribue aux événements indésirables et aux mauvais résultats pour la patientèle », explique l’auteure principale, la Dre Lise Bjerre. Aux côtés de le Dr Peter Tanuseputro, la chercheuse a mené une étude populationnelle pendant presque dix ans auprès d’environ 200 000 personnes vivant dans des établissements de soins de longue durée en Ontario.
« Au bout du compte, notre étude souligne l’importance d’avoir un effectif diversifié et capable de fournir des soins concordants sur le plan culturel et linguistique. »
Selon la Dre Bjerre, on pourrait atténuer les effets de la barrière de langue :
- En demandant aux gens de préciser leurs préférences linguistiques, ce que l’on pourrait faire en inscrivant cette information sur la carte d’assurance maladie;
- En modifiant les processus pour favoriser le jumelage des patients et patientes avec les établissements et les prestataires de soins capables de s’occuper d’eux dans la langue qui leur convient;
- En veillant à la disponibilité de personnel multilingue ou d’interprètes qualifiés;
- En formant le personnel en français pour mieux servir les communautés de langue officielle en situation minoritaire à travers le pays (comme le fait le programme actuel à l’École des sciences pharmaceutiques de l’Université d’Ottawa).
« De plus, si l’on recueillait des données sur la langue auprès des personnes qui reçoivent et donnent des soins (par exemple en inscrivant la langue préférée sur la carte d’assurance maladie, comme le font certaines provinces, dont l’Île-du-Prince-Édouard), il serait plus facile d’évaluer la prestation de soins linguistiquement concordants et leur influence sur les résultats de santé dans différents contextes », ajoute la Dre Bjerre, titulaire de la Chaire en médecine familiale de l’Université d’Ottawa et de l’Institut du Savoir Montfort.
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