Durant la pandémie de COVID-19, beaucoup d’enfants ont été coupés de leurs amis et de l’apprentissage par le jeu, passant de longues heures à travailler devant l’ordinateur. Cette situation a inspiré à un groupe de chercheurs et chercheuses de la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa un projet ambitieux : remettre le jeu au cœur de l’enseignement dans l’intérêt des enfants, avec le soutien de la très réputée Fondation LEGO.
Les cochercheurs principaux, Andy Hargreaves et Trista Hollweck, se sont vu octroyer une subvention de 2,7 millions de dollars par la Fondation pour établir un réseau pancanadien d’écoles appliquant les principes de l’apprentissage et de l’enseignement par le jeu, afin de favoriser la réussite et le mieux-être des élèves dans le besoin.
Pendant 18 mois, le projet rassemblera huit professeurs et professeures au sein du groupe de recherche et de développement CHENINE (pour Changement, engagement et innovation dans l’éducation) de l’Université d’Ottawa.
Sous la direction du professeur Andy Hargreaves et de la professeure Trista Hollweck, l’équipe de recherche travaillera en collaboration avec des professionnels de l’enseignement, des réseaux scolaires et des organisations de la société civile dans les deux communautés linguistiques. L’objectif est d’enrichir l’apprentissage par le jeu et de l’étendre au-delà des classes préscolaires, des initiatives locales et des milieux privilégiés, en l’intégrant à l’ensemble des systèmes d’éducation du pays.
Le projet touchera jusqu’à 12 000 élèves des écoles participantes, et encore 1,3 million dans les groupes d’âge ciblés dans six provinces, selon ce qui est prévu.
« Le projet ne se résume pas à augmenter les périodes de jeu pour un plus grand nombre d’élèves, explique Andy Hargreaves, expert mondial et conseiller en matière de politique et d’évolution de l’enseignement, professeur invité à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa et directeur de CHENINE. Il s’agit de prendre le jeu au sérieux. »
« Nous voulons étudier de plus près le jeu en tant qu’élément porteur et partie intégrante de l’excellence et de l’apprentissage profond. Nous sommes motivés par la nécessité de faire valoir le jeu comme ressource essentielle favorisant l’apprentissage et le mieux-être dans diverses populations, surtout les plus marginalisées dans notre société. J’entends par là, entre autres, les Premières Nations, Métis et Inuits, les personnes défavorisées en milieu rural et urbain, les réfugiés récemment arrivés, les Afro-Canadiens et les élèves ayant des besoins spéciaux. »
Prenant appui sur la vaste expertise du corps professoral de CHENINE, le projet financé par la Fondation LEGO analysera par ailleurs les relations parmi les trois catégories de jeu et leur valeur relative, soit le jeu extérieur (dehors), le jeu sur écran (numérique) et le jeu machine (robotique/mécanique).
« Le jeu est depuis toujours complexe et multidimensionnel, commente Michelle Hagerman, professeure agrégée à l’Université d’Ottawa, qui a entrepris d’importants projets de recherche et de collaboration avec des écoles sur l’apprentissage par les technologies numériques et collaboratives. Avec des membres innovants du personnel enseignant dans 40 établissements scolaires du pays, nous réfléchirons à la façon de concevoir l’enseignement ludique dans les trois catégories de jeu (extérieur, sur écran et machine), par diverses activités et au moyen d’outils et de matériel variés, dans le but de créer des modèles de jeu inspirants et sains pour les enfants. Après deux années de perturbations dues à la pandémie de COVID-19, les enfants (les miens compris!) ont besoin de jouer pour s’en remettre et se définir dans le monde qui les entoure. »
Selon l’équipe de recherche, la portée du réseau d’enseignement ludique rehaussera l’importance du jeu dans la mentalité des parents et du grand public.
« Beaucoup considèrent le jeu comme un loisir et n’y voient qu’un moyen de distraction, mais il est important de souligner que les contextes ludiques qui engagent pleinement les élèves sont propices aux apprentissages et leur permettent de développer des savoirs et des savoir-faire significatifs, contextualisés et durables, souligne Amal Boultif, professeure adjointe à l’Université d’Ottawa, spécialiste de l’éducation et membre du corps professoral de CHENINE. Un réseau canadien d'écoles ludiques renforcera des aptitudes telles que l'imagination, la créativité et la collaboration et renforcera l'engagement des élèves, améliorant ainsi leur confiance en eux. »
L’intégration du réseau dans les systèmes politiques du pays assurera sa pérennité. Il faudra maintenir une étroite collaboration avec les décideurs afin de supprimer les obstacles à l’éventuel apport du jeu dans les classes au-delà du niveau préscolaire.
« Des décennies d’examens normalisés qui restreignent les programmes scolaires et imposent des contraintes au personnel enseignant ont abouti à une hausse record de l’anxiété, de la dépression et du désintérêt pour l’école chez les jeunes, constate Joel Westheimer, professeur titulaire à l’Université d’Ottawa, titulaire de la Chaire de recherche de l’Université sur la démocratie et l’éducation, et membre du corps professoral de CHENINE. La pandémie a amplifié cette tendance déjà préoccupante. Les écoles ludiques humanisent l’apprentissage en l’associant au besoin naturel de jouer. Un réseau canadien d’enseignement ludique s’efforcera de persuader le personnel enseignant et administratif, les conseils scolaires et les ministères de l’Éducation que l’apprentissage peut aussi être amusant. »
L’équipe de recherche de l’Université d’Ottawa sait parfaitement ce qu’il faut pour mettre sur pied un réseau efficace ayant des effets positifs sur les élèves.
« Nous savons qu’un grand nombre d’écoles canadiennes appliquent déjà les principes de l’enseignement ludique de façon novatrice, avec des résultats très satisfaisants, se réjouit Trista Hollweck, cochercheure principale. Il faut mettre en relation ces enseignants et enseignantes pour qu’ils forment un réseau d’échanges et d’apprentissage, où ils trouveront du soutien et des conseils, mais aussi des défis à relever. »
Selon Richard Barwell, doyen de la Faculté d'éducation, « le jeu est crucial pour l'épanouissement des enfants. En ce moment sans précédent dans l'histoire de l'éducation, ce projet est exactement ce dont nous avons besoin pour mettre l'imagination et la créativité au cœur de l'apprentissage de chaque élève. »
« Tous les systèmes d’éducation sont à un tournant décisif, conclut Anne-Birgitte Albrectsen, directrice générale direction de la Fondation LEGO. Cette subvention s’inscrit dans les valeurs essentielles de la Fondation, soit trouver des solutions originales aux problèmes complexes, se préoccuper des enfants et de leur milieu de vie, et promouvoir la collaboration pour se relever de la pandémie et tirer parti des nouvelles avenues qu’elle a ouvertes. Il est temps de faire le pas vers l’enseignement ludique, de façonner un avenir axé sur l’inclusivité et l’apprentissage la vie durant, où l’innovation et les aptitudes générales occupent une place centrale. Nous faisons appel à la générosité des entreprises du secteur privé, des organisations philanthropiques, des gouvernements et des autres donateurs pour combattre la COVID-19. La sécurité de chacun passe par la sécurité de tous. »
Personne-ressource pour les médias
Justine Boutet
Agente des relations médias
Université d’Ottawa
Cellulaire : 613-762-2908