Une étude alarmante révèle à quel point la violence au travail est une réalité troublante pour les travailleurs et travailleuses en éducation de l’Ontario : près de neuf personnes sur dix subissent de la violence physique, et la presque totalité vit du harcèlement.
Près de 4000 membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) ont participé à une enquête sur le harcèlement et la violence à l’endroit des travailleurs et travailleuses en éducation. Cette enquête sondait les membres du personnel scolaire (assistance en éducation, éducation de la petite enfance, services à l’enfance ou à la jeunesse) et de soutien (travail de bureau, entretien, TI) des écoles au sujet du harcèlement (p. ex. commentaires dénigrants, insultes, attaques verbales) et des menaces, tentatives et actes de violence physique (p. ex., frapper, donner des coups de pied, pousser) subis durant l’année scolaire 2018-2019.
Voici un résumé des principales observations de cette étude, menée par une équipe de la Faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa :
- Du harcèlement, sous diverses formes et provenant d’une ou plusieurs sources, a été rapporté par 95 % des personnes participantes pendant l’année 2018-2019;
- Des actes, tentatives ou menaces de violence physique provenant d’une ou de plusieurs sources (élèves, parents, collègues, gestionnaires) ont été rapportés par 89 % des personnes participantes;
- les femmes ont rapporté davantage de harcèlement de la part d’élèves et de parents, ainsi que plus d’heures supplémentaires, une plus grande surcharge de travail, une capacité moindre de répondre aux exigences du travail et de plus grands impacts familiaux que leurs homologues masculins;
- les personnes participantes noires, autochtones et de couleur ont rapporté davantage de représailles associées au signalement du harcèlement ou de la violence que les autres;
- les personnes participantes en situation de handicap ont rapporté davantage de harcèlement de la part de collègues et de gestionnaires que les personnes qui ne s’identifient pas comme étant en situation de handicap;
- chez 18 % des assistantes et assistants en éducation, le pire épisode de harcèlement subi a causé des symptômes assimilables à ceux d’un trouble de stress post-traumatique;
- selon des estimations prudentes, le coût des heures perdues en raison du ou de la violence au travail s’élèverait à 3,5 millions par année en Ontario.
Mes expériences difficiles au travail ont contaminé chaque aspect de ma vie. J’avais de la difficulté à dormir, je vivais de l’anxiété et de la panique [et] le stress me causaient des ballonnements intenses […] Chez moi, j’étais irritable et à fleur de peau, et préoccupée par un niveau de dysfonctionnement dont j’étais prisonnière. Ça faisait obstacle à mon bonheur et à ma capacité de profiter de la vie.
– Témoignage d’une personne qui travaille dans le milieu de l’éducation.
« Ce n’est pas un problème de voyous ou d’enfants violents. C’est une crise causée par un manque de financement, ce qui veut dire qu’il n’y a pas assez de personnel pour répondre aux besoins des élèves, et donc que les enfants ne reçoivent pas l’aide dont ils ont besoin. Le système est en état de surcharge et de sous-financement. »
– Chris Bruckert, Ph.D., professeure titulaire au Département de criminologie de l’Université d’Ottawa
« Les travailleuses et travailleurs en éducation étaient aux prises avec une épidémie de violence bien avant l’arrivée de la pandémie, et la situation n’a fait que se détériorer. Comme le montre clairement ce rapport, les impacts – physiques, psychologiques et émotionnels – se feront sentir pendant des années, non seulement chez le personnel, mais aussi chez les familles, les élèves et les communautés. Nous voyons des personnes en état de traumatisme et d’épuisement, des gens qui démissionnent et des conseils scolaires qui n’arrivent pas à embaucher tout le personnel nécessaire pour assurer les services. C’est le résultat de nombreuses années d’abus normalisé. Notre but, au cours des prochains mois, sera de veiller à ce qu’il y ait un plan en place pour mettre un terme à la situation. »
– Laura Walton, présidente du Conseil des syndicats des conseils scolaires du SCFP Ontario, représentant 55 000 travailleurs et travailleuses en éducation de l’Ontario.
IN HARM’S WAY: The Epidemic of Violence Against Education Sector Workers in Ontario (rapport en anglais seulement), de Chris Bruckert, professeure titulaire au Département de criminologie de la Faculté des sciences sociales; Darcy Santor, professeur titulaire à l’École de psychologie de la Faculté des sciences sociales; Brittany Mario, candidate au doctorat au Département de criminologie de la Faculté des sciences de la santé. Projet financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).
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