Les fortes doses d’acide folique ne préviennent pas la prééclampsie chez les femmes à risque élevé

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Femme enceinte
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Mais on recommande toujours de faibles doses aux femmes enceintes pour prévenir certaines anomalies congénitales

La prise de fortes doses d’acide folique tout au long de la grossesse ne préviendrait pas la prééclampsie chez les femmes à risque élevé, selon un vaste essai clinique d’envergure internationale publié dans The BMJ. Cette conclusion, qui contredit celles d’études observationnelles antérieures, risque de changer la pratique dans le monde entier.

La prééclampsie, ou l’hypertension de grossesse, est la première cause de complications et de décès liés à la grossesse dans le monde. Elle touche 10 millions de femmes par année. Le seul remède est l’accouchement, et le bébé naît souvent prématurément.

L’acide folique est une vitamine qui stimule la croissance des cellules. On recommande aux femmes d’en prendre à faible dose (0,4 ou 1,0 mg par jour) durant toute la grossesse. Les fortes doses (4,0 à 5,0 mg par jour) sont seulement recommandées pendant le premier trimestre aux femmes qui présentent un risque élevé d’anomalie congénitale du tube neural. Malgré cette recommandation, des études ont montré que beaucoup de femmes dans le monde prennent de fortes doses d’acide folique (1,1 à 5,0 mg par jour) durant toute la grossesse.

L’étude, menée par des chercheurs de l’Université d’Ottawa et de L’Hôpital d’Ottawa, visait à vérifier si les fortes doses d’acide folique préviennent la prééclampsie, un effet observé dans le cadre d’études observationnelles et d’études en laboratoire. Un groupe de 2 464 femmes présentant un risque élevé de prééclampsie ont pris une dose quotidienne de 4,0 mg d’acide folique ou d’un placébo. Elles ont commencé entre la 8e et la 16e semaine de leur grossesse et cessé à la naissance du bébé. Comme on le recommande aux femmes enceintes en général, elles ont reçu la consigne de continuer de prendre leurs vitamines prénatales (lesquelles contiennent une dose quotidienne de 0,4 à 1,1 mg d’acide folique) durant toute la grossesse. Dans le groupe prenant de fortes doses d’acide folique, 14,8 % des femmes ont été atteintes de prééclampsie, comparativement à 13,5 % des femmes du groupe placébo, soit une différence non significative. Aucune différence significative n’a été relevée entre l’état de santé des femmes et des bébés des deux groupes.

Docteurs Mark Walker & Shi Wu Wen

« Les gens croient que l’acide folique est une vitamine inoffensive. C’est pourquoi tant de femmes dépassent les doses recommandées et en prennent trop longtemps », explique le Dr Mark Walker, chef du Département d’obstétrique, de gynécologie et de soins aux nouveau-nés à L’Hôpital d’Ottawa, professeur à l’Université d’Ottawa et auteur principal de l’article. « Pour éviter la surmédication, les médecins devraient indiquer clairement à leurs patientes quand prendre de fortes doses d’acide folique et quand cesser d’en prendre. »

L’équipe de chercheurs suivra aussi durant six ans les enfants auxquels ces mères ont donné naissance pour voir si les fortes doses d’acide folique ont une incidence sur leur santé ou leur développement neurocognitif.

« Quiconque qui traite des femmes enceintes a hâte de connaître la réponse à cette question », affirme M. Wen, Ph.D., auteur principal de l’étude, scientifique principal à L’Hôpital d’Ottawa et professeur à l’Université d’Ottawa. « L’étude se déroule dans 70 établissements répartis dans cinq pays, de la Jamaïque à l’Australie. Les répercussions de nos découvertes sur les soins aux patientes dépasseront les frontières du Canada. En effet, elles se feront sentir partout dans le monde. Nous sommes très reconnaissants envers tous ceux qui ont permis la réalisation de cette étude, particulièrement les participantes. »

« L’Hôpital d’Ottawa est connu dans le monde entier pour ses essais novateurs d’envergure internationale qui se penchent sur d’importants enjeux en vue d’améliorer les soins de santé », souligne le Dr Duncan Stewart, vice-président exécutif de la Recherche et scientifique principal à L’Hôpital d’Ottawa, et professeur à l’Université d’Ottawa. « Cet essai, le plus vaste en son genre, est l’un des projets phares de notre institut de recherche. »

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