« La principale conclusion de notre étude est qu’il y a un grand écart entre les soins que les gens reçoivent et ceux qu’ils devraient recevoir », écrivent l’auteure principale Janet Squires, Ph.D., professeure de sciences infirmières à l’Université d’Ottawa et scientifique principale à l’Hôpital d’Ottawa, et ses coauteurs. « Nous avons observé qu’en moyenne, 30 % des soins reçus par des personnes au Canada, tels qu’évalués dans les articles recensés d’après les critères de sous-utilisation et de surutilisation définis par l’Institute of Medicine, ont été jugés inappropriés. »
L’équipe de recherche a inclus 174 études visant à déterminer si les pratiques cliniques au Canada respectaient des lignes directrices fondées sur des données probantes. Au total, ces études qui portaient sur 228 pratiques cliniques ont évalué plus de 28,9 millions de patientes et patients entre 2007 et 2021. Les scientifiques ont constaté des soins inappropriés dans 30 % des cas, pour un score médian de 44 % de sous-utilisation et de 14 % de surutilisation de certaines pratiques diagnostiques et thérapeutiques. Le dosage de l’hémoglobine glyquée, le bilan lipidique et l’examen de la vue pour personnes diabétiques figuraient parmi les pratiques diagnostiques sous-utilisées. Les plus surutilisées étaient le dosage de la TSH, les radiographies thoraciques et les tests Pap.
Des soins inappropriés peuvent entraîner des préjudices liés à l’utilisation ou à la non-utilisation d’une thérapie ou d’une procédure diagnostique, une mauvaise expérience pour les patientes et patients, des résultats cliniques défavorables et une utilisation inefficace des ressources limitées du système de santé.
« Nous avons observé que de nombreuses pratiques cliniques sont mal utilisées au Canada. Qu’il s’agisse de pratiques diagnostiques ou thérapeutiques, elles ne correspondent souvent pas aux normes recommandées », écrivent les auteurs.
Ces derniers indiquent que les gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi que les organismes responsables de l’amélioration de la qualité, peuvent utiliser ces conclusions pour améliorer la qualité des soins de santé et pousser la recherche. Les cliniciennes et cliniciens peuvent utiliser la liste de pratiques cliniques, surtout les 42 pratiques les plus étudiées, pour déterminer les changements à faire en priorité.
Dans un article connexe, le Dr Kaveh Shojania, interniste général au Centre des sciences de la santé Sunnybrook, avance qu’il serait plus utile de recentrer les priorités sur des déterminants sociaux de la santé (logement, éducation, qualité de l’eau et de l’air, développement des jeunes enfants, etc.) que d’apporter des changements de portée restreinte dans le système. Ce point de vue est particulièrement important compte tenu des défis immenses que doit affronter le système de santé en raison de la pandémie de COVID-19, de la crise des opioïdes et d’autres menaces.
« Des interventions sur de tels facteurs nous en donneraient sans doute plus pour notre argent qu’une légère augmentation du recours à des pratiques recommandées qui n’ont, pour la plupart, qu’un faible impact absolu sur la santé », écrit le Dr Shojana.
La date de publication des articles « Inappropriate use of clinical practices in Canada: a systematic review » et « What problems in health care quality should we target as the world burns around us? » est le 28 février 2022.
Étude : https://www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.211416
Commentaire : https://www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.220134
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