L’Université d’Ottawa appelle à un financement accru de l’enseignement postsecondaire francophone en milieu minoritaire

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Le pavillon Tabaret à l'Université d'Ottawa

L’Université d’Ottawa appelle à un financement accru de l’enseignement postsecondaire francophone en milieu minoritaire

Le pavillon Tabaret à l'Université d'Ottawa

La fermeture de programmes d’études en français et la mise à pied d’une centaine de membres du corps professoral à l’Université Laurentienne font réagir, et pour cause. C’est un coup dur non seulement pour la francophonie ontarienne mais également pour l’ensemble des francophones au pays. C’est aussi un rappel de la difficile réalité à laquelle font face les établissements d’enseignement postsecondaire francophones en milieu minoritaire au Canada. Les récents événements témoignent une fois de plus de la précarité de leur situation.

L’épanouissement des collectivités franco-ontariennes, notamment dans le Nord de l’Ontario, passe par l’accès à une formation de haute qualité permettant d’assurer le rayonnement du français comme langue de travail, d’enseignement, de création, de prestation, de soins et des affaires. Nos collectivités franco-ontariennes ont besoin d’institutions fortes pour assurer leur vitalité et leur développement. Pour y arriver, les étudiantes et étudiants francophones ontariens d’aujourd’hui et de demain doivent pouvoir poursuivre leur parcours académique entièrement en français de façon à leur permettre de participer pleinement et ce dans leur langue, à la société et à l’économie du 21ième siècle.

L’enjeu est clair : l’éducation en français en milieu minoritaire est sous-financée. Malgré les demandes répétées auprès des gouvernements ontariens successifs, rien n’a été fait pour assurer un financement de base adéquat. Au-delà du financement de base, il y a des financements ponctuels qui peuvent aussi faire une différence importante. Au printemps 2020, un consortium regroupant toutes les universités francophones et bilingues en Ontario, y compris notre Université, a soumis au gouvernement ontarien une demande de financement pour faciliter la mise en commun des ressources, notamment en techno-pédagogie, en vue de bonifier l’offre de cours en français à l’échelle de la province. Cette demande est demeurée, à ce jour, sans réponse. Nous sommes convaincus qu’une approche de ce type constituerait en partie du moins, une voie de sortie à la crise actuelle. Le réseautage s’impose afin de développer notre capacité collective à répondre aux besoins pressants des francophones.

L’Université d’Ottawa demeure solidaire des autres établissements universitaires bilingues et francophones en Ontario et ailleurs au pays. Nos institutions collaborent d’ailleurs de plus en plus étroitement sur les plans de l’enseignement et de la recherche en français, qu’il s’agisse de formation des enseignants francophones à Toronto et à Windsor, ou de formation des futurs juristes franco-albertains et fransaskois. La prestation de plusieurs de nos cours en mode bimodal (en présentiel et en virtuel) pourrait donner la possibilité aux étudiants partout en Ontario d’y avoir accès.

Le portrait de l’éducation postsecondaire en français au Canada est inquiétant. Au-delà du sous-financement chronique, il se caractérise par une certaine méconnaissance des autorités provinciales quant à l’importance des établissements dans leurs communautés respectives. La récente saga du Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta en témoigne.

Nous lançons de nouveau un appel aux gouvernements provinciaux et fédéral à revoir et à augmenter le financement des universités francophones et bilingues en milieu minoritaire pour en assurer la pérennité et garantir aux francophones un véritable accès à des études supérieures de haute qualité. Le livre blanc sur les langues officielles déposé récemment par la ministre fédérale Mélanie Joly vise justement à mieux financer le continuum de l’éducation, y compris l’éducation postsecondaire. C’est un pas dans la bonne direction. 

Nous avons plus que jamais besoin d’actions concrètes. L’Université d’Ottawa répondra toujours présente pour ce faire. Il y va du succès académique de milliers d’étudiantes et étudiants et de la vitalité des communautés francophones partout au Canada. Le temps presse.

 

Jacques Frémont                                                Sanni Yaya

Recteur et vice-chancelier                                  Vice-recteur, International et Francophonie