Une nouvelle étude menée par le professeur Ian Colman, épidémiologiste à l’Université d’Ottawa, suggère que l’automutilation non suicidaire (des comportements tels que s’automutiler sans intention suicidaire) peut être contagieuse chez les adolescents, qui sont plus susceptibles de s’automutiler lorsqu’ils connaissent une personne qui a posé ce geste.
L’étude, intitulée Adolescents’ knowledge of a peer's non‐suicidal self‐injury and own non‐suicidal self‐injury and suicidality et publiée dans la revue à comité de lecture Acta Psychiatrica Scandinavica, utilise des données recueillies en 2014 auprès de plus de 1 400 adolescents ontariens âgés de 14 à 17 ans. Le professeur Colman et son équipe ont analysé les réponses à la question « Est-ce que l’un de vos amis s’est déjà infligé des blessures sans intention suicidaire? ». Les répondants ayant répondu positivement à cette question étaient deux à trois fois plus susceptibles de répondre « Oui » à la question cherchant à savoir s’ils avaient songé à poser le même geste ou s’ils l’avaient posé.
Ces résultats sont inquiétants, en particulier pendant la pandémie de COVID-19, car en plus d’être un signe de détresse aiguë, l’automutilation non suicidaire est un indicateur d’un comportement suicidaire éventuel, en plus d’être plus répandue.
« L’automutilation non suicidaire est beaucoup plus fréquente que les tentatives de suicide (deux fois plus fréquente dans le cadre de la présente étude) et beaucoup, beaucoup plus fréquente que le décès par suicide », indique le professeur agrégé de la Faculté de médecine, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’épidémiologie en santé mentale.
L’étude du professeur Colman s’appuie sur des recherches antérieures ayant montré que les adolescents exposés au suicide de leurs pairs sont deux fois plus susceptibles d’avoir un comportement suicidaire ou d’avoir des idées suicidaires que ceux qui n’y sont pas exposés. Ce genre de communication d’idéation et de comportement est une forme d’incitation, et les épidémiologistes peuvent suivre sa propagation comme dans le cas des maladies transmissibles physiquement.
Sachant que le suicide est plus probable chez une personne qui a été exposée au suicide d’une autre personne, des mesures sociétales ont été mises en place afin de protéger les populations vulnérables. Les mesures qui peuvent ralentir ou protéger contre les comportements socialement contagieux chez les adolescents, qui sont susceptibles de communiquer librement entre eux, sans se reporter aux directives, sont toutefois un peu moins évidentes à mettre en place.
Selon les experts, la communication est essentielle. Des conversations avec un adulte de confiance, qui est à l’écoute sans juger, peuvent être utiles tout au long de l’adolescence, y compris dans le cas d’une personne qui songe à s’automutiler.
« On croit qu’un parent qui discute de suicide avec son enfant peut contribuer à augmenter chez ce dernier le risque de suicide ou d’automutilation », ajoute le professeur Colman, dont les études antérieures sur le suicide chez les adolescents ont fait le lien entre l’exposition au suicide et les résultats de la suicidalité chez les jeunes Canadiens. « Pourtant, très peu de données probantes existent pour appuyer cette affirmation. »
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