Qu’est-ce qui vient d’abord, l’intimidation ou l’obésité?

Média
Salle de presse
Jeune garcon exprimant de la tristesse
Jeune garcon exprimant de la tristesse

Qu’est-ce qui vient d’abord, l’intimidation ou l’obésité?
Avec la rentrée scolaire, la sombre réalité de l’intimidation refait surface, comme chaque année.

Plus de 30 % des jeunes sont victimes d’intimidation au Canada, et pour 10 % d’entre eux, la chose se produit tous les jours.

Une nouvelle étude publiée dans Developmental Science et dirigée par la professeure Tracy Vaillancourt, titulaire d’une Chaire de recherche du Canada, et Kirsty Lee, stagiaire postdoctorale en psychologie du counseling à la Faculté d’éducation de l’Université d’Ottawa, révèle que d’être victime d’intimidation fait augmenter l’indice de masse corporel (IMC), indépendamment de ce qu’il était au départ.

L’étude, qui a suivi une cohorte de 631 enfants canadiens sur une période de sept ans, a permis de découvrir que le surpoids ou l’obésité n’augmentent pas le risque d’être victime d’intimidation. La tendance à prendre du poids, chez les jeunes, est plutôt la conséquence d’une exposition répétée aux attaques des pairs, cet effet étant plus prononcé chez les garçons que chez les filles.

Les deux chercheuses ont aussi constaté que l’intimidation subie dans l’enfance a un effet indirect sur la prise de poids future, en raison de l’insatisfaction corporelle qu’elle engendre, c’est-à-dire les idées et croyances négatives qu’une personne entretient sur son propre corps. Pendant les sept années couvertes par l’étude, le rôle de l’intimidation dans l’augmentation de l’insatisfaction corporelle ne s’est pas démenti.

Cette étude constitue la première étude de cohorte canadienne et internationale portant sur des jeunes évalués de manière systématique et continue, année après année, de 10 à 17 ans. Les chercheuses ont ainsi été en mesure de prendre en compte tous les liens établis antérieurement entre l’intimidation et l’IMC, de même que d’importants facteurs confusionnels tels que la situation socioéconomique et les origines ethniques.

 

APERÇU DE LA RECHERCHE

  • La victimisation par les pairs fait augmenter le risque de prise de poids excessive chez les filles et chez les garçons (mais de manière plus prononcée chez les garçons).
  • L’intimidation fait augmenter le risque d’insatisfaction corporelle chez les filles et chez les garçons (mais de manière plus prononcée chez les filles).
  • L’insatisfaction corporelle joue un rôle clé de médiation dans le lien entre victimisation par les pairs et augmentation de l’IMC.
  • L’IMC initial n’a pas d’influence directe sur le risque de subir de l’intimidation.

 

Au Canada, un enfant sur trois est en surpoids ou obèse (c’est-à-dire présentant un IMC supérieur à 25). La majorité des études antérieures semblaient indiquer que les enfants victimes d’intimidation sont pris pour cible en raison de leur surpoids. Cette nouvelle étude par Tracy Vaillancourt et Kirsty Lee montre au contraire que la surcharge pondérale peut résulter d’expériences négatives vécues dans l’enfance, comme l’intimidation. Le fait d’être en surpoids ou obèse peut avoir un impact sur le niveau de scolarité atteint par l’enfant, en plus d’être associé à une foule de problèmes de santé à l’âge adulte (diabète, maladies cardiaques, cancer, etc.). Comme l’excès de poids et l’obésité sont souvent stigmatisés, une sensibilité accrue s’impose à l’égard des expériences sociales difficiles pouvant être à l’origine de la prise de poids chez certaines personnes.

Les comportements suivants peuvent être le signe que votre enfant est victime d’intimidation : il éprouve de la peur ou de l’anxiété à la perspective d’aller à l’école, il dit qu’il ne se sent pas bien, il fait des cauchemars, il fait des commentaires négatifs sur sa propre apparence physique, il se met à prendre du poids de manière excessive. Si vous êtes préoccupé par la sécurité de votre enfant à l’école, nous vous encourageons à communiquer avec la direction de l’établissement.

 

Pour plus d’information :
Karyne Vienneau
Agente des relations avec les médias
Université d’Ottawa
Cell. : 613-762-2908
[email protected]