RECHERCHE : Des chercheurs canadiens s’efforcent de comprendre et d’améliorer la santé des peuples autochtones après une chirurgie

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Des mains qui forment un coeur

Des chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa et de l’Université d’Ottawa mettent actuellement sur pied un programme de recherche visant à mieux comprendre l’expérience des personnes autochtones au chapitre des chirurgies au Canada. Leur dernière étude, dont les résultats sont publiés dans le Journal de l’Association médicale canadienne (JAMC), est la première qui présente une analyse de toutes les données disponibles sur les résultats chirurgicaux de cette population.

« Comprendre les résultats chirurgicaux et l’accès aux services chirurgicaux constitue un premier pas pour contrer les effets du colonialisme et le racisme structurel dans les soins de santé. Nous pouvons ainsi relever les lacunes et les points à améliorer », explique le DJason McVicar, Métis, anesthésiologiste à L’Hôpital d’Ottawa et professeur adjoint à l’Université d’Ottawa.

L’équipe a repéré 28 études publiées qui comparent les résultats chirurgicaux de personnes autochtones et de personnes non autochtones au Canada. Les études ont tenu compte de variables confusionnelles possibles comme l’âge, les problèmes médicaux, la vie rurale ou urbaine et le revenu. L’étude porte sur 1,9 million de personnes, dont 202 056 (10,2 %) qui ont déclaré être Autochtones.

Dans l’ensemble, les données de ces études montrent que le taux de complications chirurgicales, y compris une infection et une réadmission à l’hôpital, est plus élevé chez les personnes autochtones que chez les personnes non autochtones. Le taux de chirurgies vitales, par exemple une transplantation de rein, une chirurgie cardiaque et une césarienne, était aussi inférieur chez les personnes autochtones, tout comme le taux de chirurgie pour améliorer la qualité de vie comme une arthroplastie de la hanche et une arthroplastie du genou.

L’équipe a également réalisé une méta-analyse des données sur la mortalité provenant de quatre de ces études qui étaient adaptées à cette analyse. Elle comprenait un total de 5 939 personnes, dont 292 Autochtones. Après avoir jumelé les données de personnes autochtones et non autochtones dont la chirurgie, l’âge et les problèmes médicaux étaient similaires, les chercheurs ont constaté que les Autochtones étaient 30 % plus susceptibles de mourir après une chirurgie.

« L’accès à la chirurgie est essentiel pour demeurer en santé », précise le DDaniel McIsaac, scientifique adjoint et anesthésiologiste à L’Hôpital d’Ottawa et professeur agrégé à l’Université d’Ottawa. « Bien des maladies graves nécessitent un passage en salle d’opération. Un accès inégal à la chirurgie et de moins bons résultats après les chirurgies sont donc des problèmes importants. »

Bien que les résultats de l’étude cadrent avec les iniquités dans les résultats chirurgicaux des personnes autochtones dans d’autres pays à revenu élevé, l’équipe a constaté que les données disponibles sur le Canada sont limitées et de piètre qualité. Il faut donc poursuivre les recherches. Par exemple, les études incluses dans leur analyse ont utilisé différentes façons pour établir l’identité autochtone et aucune n’a porté sur les résultats chirurgicaux des Inuits ou des Métis.

« Cette étude révèle deux constats. Nous avons besoin de données de meilleure qualité et les données actuelles montrent que nous devons faire mieux, ajoute le DMcVicar. Il est essentiel d’avoir des recherches de plus grande qualité réalisées par des chercheurs autochtones et des résultats en temps réel sur les patients autochtones pour éliminer le racisme structurel dans le système de santé. »

Le DMcVicar est l’un des trois auteurs autochtones ayant contribué à l’étude. Les autres sont la Dre Nadine Caron (Premières Nations) et la Dre Donna May Kimmaliardjuk (Inuite).

« L’identité autochtone n’est pas une donnée recueillie habituellement par les services de santé, précise le DMcVicar. Une des étapes à franchir est d’amener les systèmes de santé à déterminer comment recueillir des données sur l’identité autochtone d’une façon sécuritaire qui ne renforce pas le racisme systémique. Pour y arriver, il faut inclure les collectivités autochtones à titre de partenaires à part entière dans le processus. »

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