Le système genré de l’édition universitaire

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Des femmes dans le domaine académique
Des femmes dans le domaine académique

Les revues scientifiques sont-elles exemptes de préjugés sexistes? Pas selon les conclusions d’une nouvelle étude collaborative publiée dans The Lancet et menée par des chercheurs de l’Université d’Ottawa et de l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, au Royaume-Uni. Elles indiquent en effet que les auteurs et les évaluateurs des articles publiés dans ces revues, ainsi que les rédacteurs en chef, sont majoritairement des hommes.

 

Appuyées par de nombreux rapports sur la représentation des genres dans d’importantes revues scientifiques, Jamie Lundine et Ivy Bourgeault, de l’Institut des études féministes et de genre et de l’École de gestion Telfer, révèlent une triste réalité: selon la revue Nature, sur les quelque 27 millions de chercheurs ayant signé plus de 5 millions d’articles scientifiques entre 2008 et 2012, plus de 70 % étaient des hommes.

 

Les auteures affirment que le genre est un concept socioculturel et économique issu d’un système de pratiques sociales, lesquelles se traduisent par des différences au niveau des expériences vécues et une inégalité des chances selon que l’on est homme ou femme. Ces inégalités se manifestent dans les écarts salariaux entre hommes et femmes, le harcèlement sexuel endémique et le « plafond de verre », qui limite la représentation des femmes et leur avancement dans la vie sociale et économique.

 

Selon les auteures, le système genré de l’édition universitaire est à la fois le reflet et la cause de la sous-représentation des femmes et des désavantages qu’elles subissent. Les femmes reçoivent moins de subventions de recherche en sciences et en médecine que les hommes. Résultat: elles publient moins d’articles scientifiques que leurs confrères, ce qui, en retour, nuit au succès de leurs demandes de subventions. La réussite d’une carrière universitaire repose en bonne partie sur les publications, puisque le nombre d’articles publiés dans les revues scientifiques sert souvent de critère quand il s’agit d’accorder ou non la titularisation ou une promotion.

 

Le milieu de l’édition universitaire, plaident les auteures, doit admettre qu’il n’est pas exempt de sexisme et de préjugés liés au genre. Même si certaines revues importantes ont pris l’engagement de s’y attaquer, c’est à l’ensemble des éditeurs qu’il revient de prendre des mesures décisives pour corriger la situation. Les auteures formulent diverses recommandations, notamment de donner aux équipes éditoriales une formation sur les politiques de diversité et les préjugés sexistes inconscients et d’adopter les Lignes directrices internationales sur l’équité en matière de sexe et de genre (lignes directrices SAGER) en recherche.

 

Personne-ressource pour les médias:


Karyne Vienneau
Agente des relations médias
Université d’Ottawa
613-762-2908
[email protected]