Tracer l'évolution millénaire des oiseaux aquatiques

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Goéland volant au dessus de l'eau
Goéland volant au dessus de l'eau

Mesurer les tendances à long terme des populations d’oiseaux comme les cormorans, goélands et autres palmipèdes, n’est pas une simple tâche. Les données qui existent ne remontent qu’à quelques décennies. Le pourquoi et le comment des fluctuations subies par ces groupes sont longtemps demeurés un épais mystère. Jusqu’à maintenant.

Une équipe de scientifiques de l’Université d’Ottawa, en collaboration avec des collègues des universités Queen’s et Acadia, vient de découvrir de nouvelles manières de tracer l’évolution des populations d’oiseaux aquatiques. Qui plus est, ils peuvent même déterminer à quel moment ces volatiles ont colonisé certaines régions pour la première fois.

Leur méthode consiste à prélever des échantillons de sédiment dans des petits lacs et des étangs sur les îles où se trouvent des colonies d’oiseaux nicheurs. Avec le temps, les sédiments s’accumulent progressivement au fond des lacs, et « enregistrent » l’historique des changements biologiques et chimiques.

Deux scientifiques font l'échantillonage des sédiments sur le lac

Lorsque les oiseaux viennent occuper une nouvelle région, ils fertilisent leurs aires de nidification avec du guano et des carcasses, transformant considérablement la composition chimique de l’eau.

Kathryn Hargan, chercheuse postdoctorale à l’Université d’Ottawa et auteure principale de l’étude, explique que l’équipe a ainsi découvert que plusieurs marqueurs chimiques contenus dans les sédiments constituent un indice quant à l’abondance de colonies aviaires dans la zone examinée.

L’étude a notamment montré que la grande quantité de certains éléments chimiques présents dans le sédiment, comme les stérols et l’azote 15, est étroitement liée à la densité de la population d’oiseaux nicheurs dans les environs.

« L’un des plus grands obstacles auxquels nous nous heurtons dans le domaine des sciences écologiques et environnementales est le manque de données de surveillance à long terme », explique le professeur Jules Blais, chef de l’équipe. « Ce genre d’outil ouvre de nouvelles perspectives pour l’étude des changements qui ont eu lieu dans l’environnement au cours de plusieurs milliers d’années. »

Mark Mallory, professeur à l’Université Acadia, spécialiste de la faune et membre de l’équipe, ajoute : « Grâce à cette méthode, nous allons pouvoir mieux comprendre l’histoire des espèces sauvages. Nous pourrons savoir comment ces populations réagissaient autrefois à des facteurs d’agression environnementaux, comme les modifications du milieu naturel, la chasse ou la contamination chimique. »

L’article complet, Sterols and stanols as novel tracers of waterbird population dynamics in freshwater, a est publié dans la revue scientifique Proceedings of the Royal Society B.

 

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