D’où venez-vous, au sein de la grande francophonie canadienne ?
Je suis né et j’ai grandi à Sudbury, dans une famille aimante et attentionnée. Très tôt, j’ai su que mon identité était différente de celle des enfants du quartier. Chaque été, nous faisions un voyage en train ou en voiture jusqu’à St-François-de-Madawaska, le village natal de mon père, dans la région brayonne au Nouveau-Brunswick. Du côté de ma mère, sa famille avait quitté leur village de Maniwaki, au Québec, pour s’installer à Sudbury dans les années 30.
C’est à l’Université Laurentienne, où j’ai complété un baccalauréat ès sciences (biologie), que j’ai appris ce que voulait dire être « franco-ontarien ». Cette identité s’est enrichie en lisant les textes de Gaëtan Gervais, en visitant le Centre de folklore franco-ontarien, en écoutant CANO, un groupe musical de folk rock originaire de Sudbury, en participant aux représentations du Théâtre du Nouvel-Ontario. Je crois que mes intérêts me destinaient à appuyer l’essor des communautés franco-canadiennes.
D’après vous, dans quel état se trouve la francophonie en Ontario ?
La communauté franco-ontarienne a fait d’énormes progrès pour se faire reconnaitre au cours des dernières décennies, grâce à ses revendications auprès des différents paliers gouvernementaux. La création des conseils scolaires et des collèges communautaires de langue française, le mouvement « Sauvons l’hôpital Montfort, » et la promulgation de la Loi sur les services en français en Ontario, en sont de bons exemples.
Ces dernières années, certaines décisions des pouvoirs publics ont été mal reçues, notamment le changement du statut de l’ancien Commissariat aux services en français en Ontario. Je crois que la communauté franco-ontarienne gagnerait à parler d’une voix commune afin d’appuyer des projets qui mobilisent ses forces vives, vers une vision plus généreuse de notre avenir.
Quels seraient les grands chantiers pour améliorer l’état de la francophonie au cours des prochaines années ?
Au sein même de notre Université, nous devons être très attentifs à tous nos étudiants francophones et francophiles, à leurs besoins personnels et à leurs aspirations professionnelles. Nous devons nous assurer que nous répondons à ces besoins et que nous dépassons leurs attentes. Le Plan d’action de l’Université en matière de francophonie a tracé pour les prochaines années, de grandes orientations et ambitions pour l’Université. Il y a encore beaucoup à faire, notamment pour renforcer la présence et le rayonnement des francophonies sur le campus. Mieux communiquer la mission francophone et bilingue de l’Université d’Ottawa sera ma préoccupation de tous les jours. De plus, au-delà de notre campus, nous devons établir des partenariats avec les autres établissements postsecondaires francophones et bilingues au Canada, mais aussi bien à l’international.
L’Université d’Ottawa dispose d’une grande richesse de programmes en français, tant au niveau au premier cycle qu’aux études supérieures. Cette richesse devrait soutenir les nombreuses communautés francophones en vue d’un accès plus large à une éducation postsecondaire diversifiée et de qualité, et à une recherche de haut calibre. Cela passera notamment par des efforts pour bonifier le financement du gouvernement fédéral à l’égard des institutions d’enseignement en situation minoritaire, car nous partageons des obligations communes à l’égard des communautés de langue officielle et la francophonie en particulier.
Quelles sont les forces de l’Université d’Ottawa pour piloter le développement de la francophonie en Ontario et au Canada ?
J’ai hâte de rencontrer les membres de la communauté universitaire qui appuient le développement de la francophonie : le corps professoral, un personnel administratif et une communauté étudiante très engagés. Les expertises de nos chercheurs dans tous les domaines de la francophonie, des sciences sociales, de la santé, aux droits linguistiques, en sciences et entrepreneuriat, sont reconnues et seront de précieux atouts. L’Université d’Ottawa est l’une des plus grandes universités du Canada, et son mandat de formation et de recherche dans les deux langues officielles lui confère une responsabilité particulière dans le développement éducatif des communautés francophones à travers le pays. Elle se doit également de travailler de concert avec les autres établissements francophones et bilingues au Canada et à l’international.
La décision de mettre sur pied à l’Université d’Ottawa une nouvelle équipe entièrement dédiée à la francophonie permettra de continuer de bâtir sur les progrès accomplis et d’ouvrir de nouveaux horizons. Mon objectif est de faire en sorte que l’Université d’Ottawa embrasse pleinement son rôle de leader de la francophonie, avec tous les francophones et les francophiles de notre communauté.