• Un neuroscientifique qui s’est battu contre le cancer a fait appel à son expertise personnelle et professionnelle pour repenser les plans de traitement.
• Des scientifiques ont étudié les effets cellulaires d’une dose de rayons accrue dans le traitement du cancer du cerveau.
• Ils ont ainsi trouvé la bonne stratégie de traitement, permettant une radiothérapie rapide sans dommages au cerveau.
La bataille contre le cancer d’un neuroscientifique de l’Université d’Ottawa a inspiré de nouveaux travaux d’adaptation de la radiothérapie pour atténuer les lésions cérébrales.
Les traitements contre le cancer, dont la radiothérapie, peuvent avoir des effets délétères : affaiblissement du système immunitaire, perte de mémoire, déclin cognitif, diminution des capacités physiques, susceptibilité aux virus.
Jean-Philippe Thivierge a connu de très près ces effets indésirables.
Ce professeur de l’École de psychologie est en effet en rémission après avoir remporté son combat contre une tumeur métastatique. Son expérience l’a incité à collaborer avec des radiologues de l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa (IRHO) pour créer une plateforme d’analyse des effets de la radiothérapie sur des milliers de cellules cérébrales à la fois – une perspective inédite sur la réaction du cerveau au traitement contre le cancer.
« Ces travaux me tiennent à cœur, car j’ai moi-même reçu un traitement contre le cancer à L’Hôpital d’Ottawa. J’ai cherché à utiliser mon expertise de neuroscientifique pour améliorer la vie de personnes dans la même situation », explique le vice-doyen adjoint aux études de premier cycle à la Faculté des sciences sociales, dont le traitement intensif a notamment compris 30 doses de rayons étalées sur six semaines.
« L’inconvénient des doses élevées, c’est qu’elles sont dangereuses pour les neurones sains. Nos travaux nous ont permis d’observer les circuits cérébraux en détail afin de constater les effets précis de doses de rayons élevées et ainsi déterminer la bonne stratégie pour administrer un traitement rapide sans danger pour le cerveau ».
Si la radiothérapie et la radiochirurgie (faisceaux de rayons ciblés) sont communément employées contre les tumeurs cérébrales, leur incidence sur les circuits neuronaux est mal comprise, en particulier dans le cortex préfrontal (CPF), point de départ de signaux neuronaux jouant un rôle dans les processus cognitifs. Il est donc important de comprendre les effets de l’irradiation sur ces circuits essentiels à de nombreuses fonctions du cerveau comme la mémoire, l’attention et la perception.
Dans le cadre de ce protocole innovant, Jean-Philippe Thivierge a collaboré avec le Dr Vimoj Nair, de l’IRHO, pour administrer des doses de rayons élevées à des modèles animaux atteints de divers cancers à l’aide du système Cyberknife. L’analyse des échantillons obtenus a généré des données essentielles pour la suite du projet.
« Cette étude nous servira de base pour examiner comment des éléments comme les médicaments, l’alimentation et le cannabis interagissent avec le cerveau au cours des traitements contre le cancer », se réjouit le professeur Thivierge. « Ainsi, nous pourrons recommander à la patientèle ce qu’il faut faire et éviter pendant la radiothérapie. » L’étude a été publiée dans la revue Scientific Reportsde Nature.
Demandes médias : [email protected]