Ce projet, mené par Lena Hübner, professeure adjointe au Département de communication, se concentre sur les violences genrées et racisées, en mettant l’accent sur les femmes racisées en contexte minoritaire, notamment celles de l’Ontario français. Elle compte étudier comment ces femmes font face à des violences médiatiques, technologiques et linguistiques qui compliquent leur rapport à l’information, tout en documentant leurs stratégies de résistance.
Ce projet, qui était le sujet d’une demande d’une subvention Savoir du CRSH en février dernier, s'inscrit dans la continuité des travaux doctoraux et postdoctoraux d’Hübner. En étudiant les pratiques informationnelles en ligne des personnes à faible revenu au Québec et les pratiques des femmes vis-à-vis des médias en ligne, elle a remarqué une chose curieuse - de nombreuses femmes éloignées du militantisme féministe semblaient considérer la cyberviolence comme un fait inévitable de la vie sur Internet et une réalité qu’elles devaient simplement accepter. Cette attitude l’a interpellée et elle a décidé de l’examiner de plus près.
Hübner note que les recherches existantes sur la cyberviolence se sont surtout concentrées sur le Canada anglais et la France, mais très peu d'études ont été menées sur la situation des femmes francophones, racialisées ou migrantes au sein du Canada français. Ce vide dans la littérature a poussé la chercheuse à mener une étude comparative entre le Québec et l’Ontario, en examinant les pratiques d’information en ligne des femmes interrogées québécoises et franco-ontariennes. Les résultats ont révélé des différences frappantes : alors que les Québécoises avaient un accès facile à l’information en ligne, les Franco-Ontariennes se tournaient souvent vers des nouvelles internationales, voire anglophones, car elles estimaient que les informations en provenance du Québec étaient trop centrées sur les enjeux québécois, souvent au détriment des problématiques spécifiques de l’Ontario.
Ce projet pilote a été financé par des fonds de démarrage de la Faculté des arts et du Cabinet de la Vice-rectrice à la recherche et à l’innovation en 2023. Ces fonds ont permis à Hübner de développer une exposition numérique innovante pour sensibiliser le public à ces problématiques. Voulant vulgariser ses recherches dans un format interactif et public, elle a créé un outil qui combine narration, éléments visuels et audio afin de toucher un large public, y compris des personnes moins scolarisées. Hübner se sert aussi de cette exposition pour initier la conversation lors des groupes de discussion. Ainsi, cette démarche artistique et participative qui était au cœur de sa récente demande CRSH permet d’ouvrir un dialogue, d’encourager la réflexion et d’enrichir les résultats de la recherche.
Hübner souligne que l’un des aspects les plus enrichissants au courant des deux dernières années était de collaborer avec ses assistants de recherche, dont trois étudiantes au Bac, et une étudiante à la maîtrise. Ses étudiantes ont été indispensables pour diffuser l’appel à participation aux groupes de discussion et pour produire des balados, faire la curation d’œuvres artistiques et créer le visuel pour le site web. Cette expérience a servi à bonifier leur CV et une des étudiantes au Bac applique actuellement à la maîtrise.
En étudiant la violence genrée et racisée dans la consommation d’actualité en ligne, Hübner espère contribuer à déconstruire les stéréotypes et à rendre les connaissances accessibles au plus grand nombre. Son projet se veut un outil puissant pour explorer les défis uniques auxquels sont confrontées les Franco-Ontariennes racisées dans leurs pratiques informationnelles, et pour initier un changement dans la manière dont ces violences sont perçues et abordées dans la sphère publique.