Depuis plus de six semaines, un campement est installé à l’Université d’Ottawa.
Permettez-moi de livrer quelques réflexions à ce sujet.
Nous avons toléré le campement jusqu’ici, en cherchant des moyens pacifiques d’y mettre fin.
Dans les dernières semaines, il y a eu plusieurs rencontres avec des membres de la haute direction de l’Université : le provost, la secrétaire générale. Des échanges constructifs et de bonnes conversations ont eu lieu. Quand on négocie, il faut faire des concessions pour trouver une solution adéquate. Les parties doivent vouloir régler le conflit et être ouvertes aux compromis.
L’Université a présenté de nombreuses propositions :
- Par exemple, elle a divulgué la liste à jour de ses investissements en date du 1er juin (ce que beaucoup d’universités refusent de faire) et s’est engagée à communiquer cette information deux fois par année.
- Elle a proposé d’examiner sérieusement son portefeuille d’investissement du point de vue des droits de la personne.
- Elle a proposé de créer des bourses spéciales pour les étudiantes et étudiants palestiniens, entre autres.
Les propositions de l’Université visaient à mieux soutenir les étudiantes et étudiants palestiniens ainsi que les autres personnes déplacées en raison de la guerre.
Elles ont toutefois été rejetées d’emblée sur Instagram, où on les qualifiait de « risibles ».
Il sera impossible de mettre fin au campement sans volonté de parvenir à une solution.
Depuis le 7 octobre 2023, de nombreux groupes ont régulièrement eu l’occasion d’exercer leur liberté d’expression en lien avec le conflit Israël-Hamas : diverses manifestations et conférences ont eu lieu. L’administration les a autorisées.
Pourquoi? Parce que la liberté d’expression est un fondement de notre mission, de notre identité. L’application du droit à la liberté d’expression n’est pas toujours évidente, mais je crois qu’en général, nous avons fait de notre mieux. Je tiens à réitérer ce que nous avons toujours dit. Ce genre de liberté a ses limites, notamment le droit d’autrui à la sécurité.
Au cours des dernières semaines, la situation s’est envenimée autour du campement. Nous avons vu du vandalisme chaque jour sur le campus, ainsi que la fin de semaine dernière au Centre Shaw, où une fenêtre a été fracassée. Et il y a bel et bien de l’intimidation près du campement. Est-ce que c’est ça, la liberté d’expression? Des actes de harcèlement et d’intimidation ont été commis à maintes reprises, y compris aux cérémonies de la collation des grades. Est-ce que c’est ça, la liberté d’expression? Cette semaine, une personne a été agressée. Est-ce que c’est ça, la liberté d’expression? L’accès à la zone du campement est étroitement contrôlé par les gens qui organisent la manifestation. Pensez-y : à une université, l’accès à un espace est limité à certaines personnes en fonction de leurs opinions politiques. Voilà qui va directement à l’encontre de la liberté d’expression et de la liberté académique. C’est très grave.
Pour ma part, je ne pense pas qu’un campement illégal accompagné de gestes de vandalisme répétés s’inscrive dans cette liberté d’expression qui nous est si chère. Je ne crois pas qu’il puisse donner lieu à une conversation fructueuse. Nous méritons certainement mieux. J’invite les membres du Sénat à réfléchir au sérieux de la situation. Nous sommes une université où l’ouverture et les libertés devraient être les mots d’ordre, et où l’on devrait pouvoir se parler avec respect.
Alors, que faire maintenant? L’Université est disposée à reprendre les négociations, pourvu qu’il y ait une chance raisonnable qu’elles aboutissent à une entente. Le respect et la recherche d’une solution doivent figurer au cœur de cette démarche pacifique. J’ai la certitude que nous pouvons réussir sans devoir recourir à d’autres moyens. Il faut que nous retrouvions un campus tranquille où tout le monde se sent à l’aise et profite de ses pleines libertés.
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