D’El Niño à La Niña : le Canada s’inquiète des risques de sécheresse et de feux de forêt

Par Bernard Rizk

Media Relations Agent, uOttawa

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D’El Niño à La Niña : le Canada s’inquiète des risques de sécheresse et de feux de forêt
L’hiver de 2024 a été caractérisé par des phénomènes climatiques inhabituels qui ont battu des records.

Nous avons discuté avec Hossein Bonakdari, professeur agrégé au Département de génie civil de la Faculté de génie, également expert en changement climatique et génie de l’environnement. Il nous a donné des éclairages sur les anomalies climatiques à venir, les changements extrêmes de température au Canada et les éventuelles répercussions sur les saisons.

Pour couvrir en détail les récentes tendances météorologiques et les prévisions pour le Canada, nous avons abordé avec lui différents sujets comme les records de chaleur, les risques de sécheresse et de feux de forêt, et les effets du passage d’El Niño à La Niña, un phénomène climatique qui assèche et réchauffe le sud-ouest des États-Unis, mais qui entraîne de fortes pluies et des inondations sur la côte nord-ouest du Pacifique et au Canada, le tout accompagné de vagues de froid dans différentes parties de l’Amérique du Nord.

Q : Quelles anomalies climatiques notables ont été observées pendant l’hiver de 2024?

Professeur Bonakdari : L’hiver 2024 a fracassé des records de chaleur partout dans le monde; le Canada a connu son hiver le plus chaud jamais enregistré, l’Europe son mois de février le plus chaud et une saison froide qui arrive au deuxième rang des hivers les plus chauds. Ces anomalies sont dues à des facteurs comme le phénomène El Niño, l’augmentation de la température des océans et les effets à grande échelle des changements climatiques.

Le Canada a subi de gros bouleversements climatiques, les conditions chaudes et sèches se transformant brusquement en vagues de froid intense. Dans de nombreuses régions, les faibles chutes de neige en début de saison ont fait place à un mois de janvier exceptionnellement chaud. À Ottawa, il y a même eu une variation de température incroyablement rapide de 28 degrés en tout juste 10 heures, un véritable record.
 

Q : Que vous disent vos outils assistés par IA sur la météo au Canada pour 2024?

Professeur Bonakdari : Selon les prévisions, les températures seront au-dessus des normales dans la majeure partie du Canada de mars à mai 2024, ce qui soulève des inquiétudes quant aux conditions de sécheresse prolongée qui pourraient exacerber les risques de feux de forêt. En 2023, les incendies ont touché 18,5 millions d’hectares (un chiffre sans précédent) et étant donné les sécheresses en cours, influencées par El Niño, les feux de forêt constituent une sérieuse menace pour le Canada en 2024.

Selon les prévisions, il y a une probabilité de 80 % que, d’ici la moitié de l’année 2024 (entre avril et juin), les conditions ENSO deviennent neutres, c’est-à-dire qu’elles ne soient influencées ni par El Niño, ni par La Niña; on prévoit ensuite un retour (probable à près de 60 %) de La Niña entre juin et août, ce qui pourrait modifier encore plus les régimes climatiques planétaires. On s’attend à ce que le passage d’El Niño à La Niña entraîne un rafraîchissement des températures dans les derniers mois de 2024, particulièrement dans les Prairies, ainsi qu’un changement du courant-jet qui pourrait faire augmenter les précipitations dans l’Ouest, en Ontario et au Québec. 
 

Hossein Bonakdari

« Étant donné les sécheresses en cours, influencées par El Niño, les feux de forêt constituent une sérieuse menace pour le Canada en 2024 »

Hossein Bonakdari

— Professeur agrégé, Département de génie civil, Faculté de génie

Q : Quelles sont, à première vue, les perspectives pour le printemps et l’été 2024 en termes de précipitations et de températures au Canada?

Professeur Bonakdari : En Colombie-Britannique, les conditions pourraient être plus sèches que la normale, augmentant ainsi les risques de feux de forêt; en Alberta, ce sont la sécheresse et la possibilité de feux de forêt en fin de saison qui suscitent de l’inquiétude.

En Saskatchewan et au Manitoba, les conditions pourraient devenir plus humides en mai.

L’Ontario et le Québec connaîtront probablement des conditions sèches au fur et à mesure que la saison avancera. Côté température, on prévoit, pour plusieurs provinces, un temps plus chaud que la normale et des vagues de froid occasionnelles venant interrompre les périodes de temps doux.

Dans les Maritimes, les températures devraient être près des normales ou légèrement au-dessus, avec des possibilités de tempête active tôt en saison, menant plus tard à des conditions plus sèches. À Terre-Neuve-et-Labrador, les précipitations seront sans doute typiques, mais il y aura un risque de tempêtes en début de saison, suivi d’un temps plus sec; il pourrait aussi faire plus chaud dans le nord de la province.
 

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Hossein Bonakdari (en français et en anglais)
 

Professeur agrégé, Département de génie civil, Faculté de génie
 

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