La détresse psychologique, la dépression, l’anxiété, l’épuisement professionnel et les pensées suicidaires atteignent des proportions plus élevées au sein de la profession juridique que dans le reste de la population active au Canada. Cette sombre constatation a inspiré Lynda Collins, professeure titulaire au Centre du droit de l’environnement et de la durabilité mondiale de la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, à créer un cours entièrement consacré au bonheur dans la profession juridique, intitulé Happiness and the Law.
« L’aspiration à son propre bonheur et à celui d’autrui est un fondement du droit, explique-t-elle. Le droit est un instrument social construit par l’humanité pour que chaque personne puisse vivre une vie paisible à l’abri de la violence et de la cruauté, s’exprimer librement et poursuivre ses ambitions. Les droits de la personne, c’est exactement ça : permettre aux gens de se libérer de la souffrance et de vivre une vie heureuse. Malheureusement, dans l’enseignement et l’exercice du droit, on a perdu de vue cet objectif. »
On peut lire dans la description du cours que le bonheur est non seulement l’un des éléments moteurs de l’appareil juridique et judiciaire, mais aussi un besoin essentiel dont la formation en droit fait peu de cas et que les juristes ont du mal à combler dans leur vie professionnelle. Le cours porte sur le rôle du bonheur dans les systèmes juridiques, la recherche sur le bonheur au travail, et les moyens de trouver le plus grand bonheur possible dans le cadre de l’étude et de l’exercice du droit.
« J’ai créé ce cours dans l’espoir de réintégrer la dimension du bonheur dans la profession »
Lynda Collins
— Professeure titulaire de la Faculté de droit de l'Université d'Ottawa
« Nous avons constaté au fil des ans une proportion de problèmes de santé mentale plus forte que la moyenne chez les étudiantes et étudiants en droit et les juristes, poursuit la professeure Collins. J’ai créé ce cours et je m’efforce de faire de la sensibilisation sur cette question dans l’espoir de réintégrer la dimension du bonheur dans la profession. »
Des recherches un peu plus poussées ont démontré à la professeure que les étudiantes et étudiants heureux réussissent mieux leurs études.
Un sommeil de qualité, de l’exercice physique, une saine alimentation et la méditation sont les principales clés du mieux-être que la professeure Collins enseigne dans son cours.
« Les principaux leviers du bonheur sont les plus flagrants, affirme-t-elle. Au premier chef, le sommeil : trop de personnes croient devoir sacrifier des heures de sommeil pour réussir leurs études. Elles pensent pouvoir augmenter leur moyenne en dormant moins. Or, les études prouvent le contraire : nous avons l’esprit beaucoup plus vif après une bonne nuit de sommeil. En outre, la privation de sommeil est un important facteur d’anxiété et de dépression. »
La professeure soutient qu’il est aussi important d’apprendre à s’occuper de son mieux-être que d’apprendre à écrire. C’est, selon elle, l’une des pierres d’assise de la profession juridique. « Il n’y a rien de plus important que de cultiver son bonheur pour exceller dans ses études ou son travail », assure-t-elle.
« J’enseigne depuis 15 ans et je suis de plus en plus admirative de la communauté étudiante en droit, où règnent l’entraide, la joie et la solidarité », souligne-t-elle.
Le cours Happiness and the Law sera offert à partir du 30 janvier 2023.