Si vous avez inscrit un régime sur la liste de vos résolutions pour la nouvelle année, la nouvelle étude d’un médecin de l’Université d’Ottawa pourrait vous faire changer d’avis.
En effet, le Dr Yoni Freedhoff, professeur agrégé à la Faculté de médecine, a constaté que la prise de médicaments couplée à un régime alimentaire intensif réduit jusqu’à 25 % du poids corporel, contre seulement 5 % avec un régime et une augmentation de l’activité physique. Il nous a accordé un entretien pour nous expliquer les résultats de son étude.
Pourquoi avez-vous entrepris cette étude?
Dans les faits, rien n’indique qu’on peut combattre efficacement l’obésité uniquement avec un régime alimentaire et une augmentation de l’activité physique. Je voulais réfuter cette croyance populaire en prouvant, données à l’appui, que l’administration de médicaments de pointe est plus efficace que le changement de mode de vie.
Sur quelles données vos conclusions se fondent-elles?
Nous avons comparé les données longitudinales de l’étude Look AHEAD (l’une des mieux étayées sur l’intervention liée au mode de vie) avec les résultats d’essais de médicaments contre l’obésité. Les sujets de l’étude Look AHEAD ont perdu en moyenne 4,7 % de leur poids en quatre ans, soit moins de la moitié de la perte de poids induite par la prise de médicaments de nouvelle génération : 10,2 % pour le sémaglutide et 25,3 % pour le tirzépatide, avec une durabilité beaucoup plus élevée des résultats.
Ces résultats pourront-ils déboucher sur une meilleure prise en charge de l’obésité dans la population et les systèmes de santé?
Nous devons considérer ces médicaments non plus comme un dernier recours, mais comme un traitement de première intention contre les maladies liées à l’obésité, comme les maladies du cœur, le diabète de type 2 et la stéatose hépatique. En plus d’améliorer la qualité de vie et de prolonger l’espérance de vie des personnes obèses, nous pourrions ainsi désengorger les systèmes de santé.
Que diriez-vous aux personnes qui hésiteraient à prendre des médicaments contre l’obésité?
Je comprends leur réticence. Elle est ancrée dans des années de stigmatisation et de méconnaissance de l’obésité. Pourtant, personne ne remet en cause l’utilisation de médicaments contre d’autres pathologies chroniques telles que l’hypertension et le diabète. L’obésité est aussi un trouble complexe qu’il est important de traiter efficacement, y compris par l’administration de médicaments.
Y a-t-il un risque que la prescription généralisée de médicaments comme Ozempic contre l’obésité réduise les stocks disponibles pour d’autres maladies?
Il y aurait peut-être un risque s’il n’existait pas déjà des dizaines de médicaments efficaces contre le diabète de type 2, alors qu’il n’en existe que trois pour traiter l’obésité. Il faudra à long terme accroître l’accès à ces médicaments pour répondre à tous les besoins.
Ces médicaments sont-ils exclusivement réservés au traitement de l’obésité sévère, ou peut-on en prendre pour perdre quelques kilos superflus?
Ces médicaments conviennent mieux aux personnes qui remplissent les critères médicaux pour un traitement contre l’obésité, y compris lorsqu’un simple changement d’habitudes s’est révélé inefficace. Ce n’est pas une solution minceur, mais bien un traitement éprouvé contre une maladie chronique. Les médecins pourront aider leurs patientes et patients à évaluer leurs besoins et à déterminer la méthode adaptée pour des questions de santé, pas pour des motivations esthétiques.
Les résultats de l’étude ont été publiés dans Medscape.
Demandes des médias : [email protected]