La professeure adjointe à l’École de psychologie Isabelle Boutet ainsi que son équipe se sont penchées sur l’utilisation d’émojis non ambigus pour exprimer des émotions et ont conclu que ceux-ci pouvaient réduire les malentendus et améliorer les interactions sociales sur les plateformes numériques. L’équipe a même créé de nouveaux émojis qui véhiculent des émotions plus efficacement que ceux qui existent déjà, et a invité des développeurs de technologies numériques à prendre en considération les données empiriques examinées dans son étude pour concevoir des menus d’émojis explicites et faciles d’utilisation.
Les diverses plateformes numériques proposent maintenant des milliers d’émojis, les plus prisés étant ceux qui imitent les expressions faciales liées aux émotions.
Or, bon nombre d’entre eux sont difficiles à décoder, ce qui peut donner lieu à des malentendus et des tensions. Face à ce problème, l’équipe a mesuré l’interprétation d’émojis existants et en a créé de nouveaux auxquels elle a intégré des indices visuels, appelés unités d’action faciale, permettant de distinguer les expressions du visage propres à la joie, la tristesse ou la colère. L’étude a démontré que la plupart de ces nouveaux émojis étaient interprétés avec plus de cohérence et d’exactitude que les émojis actuels.
« Nous avons conçu de nouveaux émojis en utilisant des unités d’action faciale de tristesse, de joie, de colère, de surprise, de peur ou d’indifférence »
Isabelle Boutet
— Professeure adjointe à l’École de psychologie à l'Université d'Ottawa
« Une différence capitale entre nos émojis et ceux qui sont déjà proposés, c’est que les personnes participantes n’avaient jamais vu les nôtres, explique la professeure Boutet. Elles les ont donc interprétés uniquement d’après les indices visuels des expressions faciales d’émotions. Nous espérons que les développeurs de technologies numériques tiendront compte de nos conclusions et intégreront dans leurs menus nos créations et les émojis qui s’avèrent moins ambigus pour éviter les méprises et améliorer les interactions sociales dans la sphère numérique. »
L’objectif premier de cette étude consistait à vérifier si l’on peut renforcer la cohérence et la justesse des émotions communiquées en intégrant aux émojis des unités d’action faciale.
« Pour vérifier cette hypothèse, nous avons conçu de nouveaux émojis en utilisant des unités d’action faciale de tristesse, de joie, de colère, de surprise, de peur ou d’indifférence, ajoute la chercheuse. Il existe peu de données empiriques sur l’interprétation des émojis existants, et peu d’études se sont penchées sur l’interprétation des émotions au-delà des questions de valence positive/négative [la mesure dans laquelle une émotion est positive ou négative] et de stimulation. »
L’étude Emojis that work! Incorporating visual cues from facial expressions in emojis can reduce ambiguous interpretations a été publiée dans ScienceDirect.