Un tout nouveau jardin composé de plantes indigènes de la région de la capitale nationale a pris forme sur le campus. Cet espace, aménagé devant la Faculté des sciences sociales, rend hommage aux territoires non cédés du peuple algonquin des Anichinabés.
« La création d’un jardin autochtone est un pas modeste sur le chemin de la décolonisation et de l’autochtonisation de la Faculté des sciences sociales », a affirmé Victoria Barham, doyenne de la Faculté des sciences sociales. « Il est significatif pour nous que ce jardin soit situé au cœur du campus principal, et nous espérons que des efforts seront faits pour autochtoniser d’autres espaces verts sur le campus. »
Fruit d’une étroite collaboration entre la Faculté des sciences sociales, les Affaires autochtones, le Centre des ressources autochtones (CRA), des membres de la communauté algonquine et l’équipe des Immeubles, le jardin permet d’exprimer de façon symbolique les idées qui se trouvent dans l’affirmation autochtone de l’Université d’Ottawa.
« Nous rendons hommage au peuple algonquin, gardien traditionnel de cette terre, et nous reconnaissons le lien sacré de longue date l’unissant à ce territoire qui demeure non cédé ».
Il s’agit d’une façon de symboliser davantage la relation entre l’Université d’Ottawa et les peuples Omamìwìnini Anishinàbeg dans la communauté.
« Le jardin vient concrétiser notre souhait de faire de la place aux communautés autochtones sur le campus », a ajouté Victoria Marchand, coordonnatrice du Centre des ressources autochtones Mashkawazìwogamig. « Il représente l’épanouissement des relations entre les Autochtones et les non-Autochtones, tout comme une plante s’épanouit. En approfondissant nos connaissances des plantes traditionnellement utilisées par les Autochtones au Canada, nous rétablissons des pratiques ancestrales. »
Cette initiative s’inscrit dans le troisième cerceau du Plan d’action autochtone, soit d’apporter des changements esthétiques et symboliques en vue d’accroître la représentation autochtone sur le campus.
Les plantes sélectionnées ont une valeur symbolique et sont traditionnellement utilisées comme remède par les différentes nations des peuples autochtones. Voici ce qui orne désormais les plates-bandes devant le pavillon FSS.
Miskwàbìgiminaganj (Cornouiller)
Le cornouiller est un arbuste utilisé comme plante médicinale par les peuples autochtones partout au Canada.
Les vertus de son écorce interne arrêteraient les saignements et soulageraient la douleur. Utilisée sous forme d’infusion ou de cataplasme, elle soigne un ensemble d’affections dont les blessures, les lésions, les coupures et les infections, les maux de dents, l’irritation des yeux, les troubles du foie, le rhume, la toux, la tuberculose, la bronchite ainsi que la paralysie.
Nìbà-ayamiye anàganashk (Polystic faux-acrostic)
Les jeunes frondes du polystic faux-acrostic, aussi appelées crosses de fougères, sont comestibles lorsque cuites selon des instructions bien précises.
Ce sont toutefois ses racines qui sont utilisées en médecine traditionnelle. En infusion, elles aident à calmer la fièvre et les frissons, de même qu’à traiter des affections pulmonaires comme la pneumonie.
Appliquée en cataplasme, une préparation pâteuse concoctée à partir de racines bouillies permet de soulager les rhumatismes et les convulsions.
Anàganiwashkòns (Adiante du Canada)
D’une grande beauté, l’adiante du Canada est une des fougères les plus prisées pour orner les plates-bandes.
L’adiante était employé pour ses propriétés curatives dans le traitement des maladies pulmonaires. Sous forme d’infusion, les propriétés expectorantes des feuilles de cette fougère servaient à soigner la toux et autres troubles respiratoires.
Les plantes suivantes seront introduites au jardin plus tard cet été :
Nabagashk (Érithrone d’Amérique)
On peut admirer les fleurs jaunes de l’érithrone d’Amérique très tôt au printemps, soit en avril et mai, lorsque le sol commence à se réchauffer après la fonte des neiges.
Ses feuilles étaient utilisées autrefois par les peuples des Premières Nations pour leurs propriétés curatives contre les maux de poitrine. On les faisait bouillir pour en faire une pâte qu’on appliquait en cataplasme pour traiter les enflures et les ulcères.
Pàgwadakamig-wàbigon (Aster à grandes feuilles)
Il existe plus de 250 espèces du genre aster dans le monde entier. On en recense 52 au Canada, dont une quarantaine qui sont encore cultivées à ce jour. Cette plante vivace fleurit tard en saison et, selon la variété, offre de belles couleurs bleues, pourpres, roses ou blanches.
Les infusions de racines d’aster étaient employées par certains peuples autochtones comme remèdes contre les coupures, les malaises cardiaques et les troubles oculaires. Les jeunes feuilles étaient jadis mangées au printemps.