Le travail de recherche sur l’Holocauste de Jan Grabowski se distingue essentiellement par la perspective microhistorique inusitée dans laquelle il aborde le sujet. S’éloignant des acteurs bien connus de l’un des chapitres les plus sombres du siècle dernier, le professeur braque plutôt les projecteurs sur les gens ordinaires, dont le rôle dans l’histoire tragique de la population juive d’Europe a longtemps échappé aux historiens et historiennes.
La recherche menée par le professeur Grabowski, qui enseigne au Département d’histoire de la Faculté des arts, révèle que, pendant l’occupation nazie en Pologne dans les années 1940, des personnes non juives – souvent même des gens du voisinage – prenaient l’initiative de mener à bien le programme antisémite du régime nazi. Dans sa recherche, il mentionne également que la persécution des communautés juives ne se limitait pas aux camps de concentration ni aux ghettos des villes, comme l’a toujours laissé entendre la trame narrative qui domine depuis des décennies. Il se trouve que les régions rurales ont été, elles aussi, responsables de leur part de terreur. En effet, des Juifs et Juives ayant fui les villes et les ghettos dans l’espoir de survivre ont été victimes d’actes de trahison et ont trouvé la mort dans ces coins de pays qui leur semblaient sûrs.
Ainsi, le chercheur a consacré une bonne part de sa recherche aux stratégies de survie adoptées par les personnes juives habitant les régions rurales de la Pologne qui, souvent, utilisaient une fausse identité, vivaient dans ses conditions difficiles, et se terraient dans des bunkers et des abris fournis par la population non juive.
De plus, de nouvelles preuves historiques retrouvées par le chercheur dans des archives datant d’il y a 70 ans montrent comment les agents de la police bleue polonaise – qui collaborait avec les nazis – agissaient indépendamment et à l’insu des Allemands, démontrant clairement les initiatives antisémites institutionnelles et individuelles. La recherche révèle que les victimes juives de la police bleue pourraient bien se compter par dizaines de milliers, ce qui fait de cette organisation l’un des acteurs non allemands les plus meurtriers ayant contribué à la destruction de la population juive d’Europe.
« Le professeur Grabowski est un modèle d’excellence universitaire, et sa réputation n’est plus à faire », souligne Sylvain Charbonneau, vice-recteur à la recherche et à l’innovation de l’Université d’Ottawa. « Son approche non conventionnelle et ses recherches méthodiques lui ont permis de déterrer des renseignements qui sont absolument essentiels pour mieux comprendre l’Holocauste. »
Jan Grabowski est l’un des membres fondateurs du Polish Center for Holocaust Research (Centre polonais de recherche sur l’Holocauste), ainsi que l’auteur et le directeur de la rédaction de 20 livres et 80 articles. Sa recherche, financée par le CRSH, le rapproche de son objectif de former la prochaine génération de spécialistes de l’Holocauste.
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