Lever le voile sur 1200 ans de présence humaine dans l’Arctique canadien

Par Bernard Rizk

Media Relations Officer, uOttawa

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Lever le voile sur 1 200 ans de présence humaine dans l’Arctique canadien
Une équipe d’échantillonnage recueille une carotte de sédiments à PaJs-13, un site thuléen-inuit sur l’île Somerset (Nunavut), alors qu’on voit en arrière-plan les vestiges de maisons faites d’os de baleine. Photo : Jules Blais, Université d’Ottawa.
De nouvelles données indiquent que les peuplements thuléen-inuits étaient présents plus tôt qu’on ne le pensait.

Une étude récente jette un nouvel éclairage sur les cultures anciennes dans l’Arctique canadien, et plus particulièrement les peuples paléo-inuits et thuléens-inuits sur des milliers d’années. Jules Blais, professeur de biologie à l’Université d’Ottawa, et une équipe de recherche ont découvert des peuplements humains sur l’île Somerset, au Nunavut, en analysant des échantillons de sédiments.

L’Arctique a été le foyer de nombreuses cultures, comme les peuples paléo-inuit (de 2500 av. J.-C. à 1250 apr. J.-C.) et thuléen-inuit (de 1200 à 1500 apr. J.-C.). Si les données historiques se font rares, cette nouvelle étude offre une perspective éclairée sur le sujet.

L’étude a révélé des signes – jusque-là introuvables – de la présence d’une population paléo-inuite sur l’île Somerset, au Nunavut. Grâce à des méthodes de recherche novatrices, elle a mis au jour des informations détaillées sur l’histoire de l’humanité sans artéfacts traditionnels.

Le professeur Jules Blais précise : « En analysant des échantillons de sédiments d’étangs, nous avons pu retracer en détail l’histoire de l’occupation du territoire. Notre étude montre clairement la présence d’un peuple paléo-inuit, et les signes que les Thuléens-Inuits sont arrivés plus tôt qu’on ne l’avait estimé. »
 

Professeur Jules Blais
SCIENCES

« En analysant des échantillons de sédiments d’étangs, nous avons pu retracer en détail l’histoire de l’occupation du territoire »

Jules Blais

— Professeur titulaire, Département de biologie

L’équipe a utilisé des données archéologiques et des biomarqueurs sédimentaires pour étudier les peuplements préhistoriques sur l’île Somerset. Elle a analysé des carottes de sédiments provenant d’étangs de l’île pour y détecter des éléments traces et des composés organiques. Les résultats démontrent que le nombre de Thuléens-Inuits sur le territoire a augmenté du 13e au 15e siècle. Les chercheuses et chercheurs ont aussi découvert de fortes concentrations de métaux comme le plomb, le cuivre, le zinc et le nickel dans des sédiments du 20e siècle, ce qui témoigne d’une pollution atmosphérique à cette époque.

Le professeur Blais ajoute : « Nous avons utilisé des modèles additifs généralisés et des techniques de datation par le radiocarbone pour trouver des moments clés dans l’enregistrement sédimentaire qui correspondent aux dates estimées de l’arrivée du peuple thuléen-inuit et de l’abandon du territoire. Cette approche nous a permis de cerner des périodes de changements importants dans les indicateurs sédimentaires, le tout constituant un cadre chronologique pour comprendre l’histoire de la présence humaine sur l’île. »

L’étude souligne l’importance de l’interdisciplinarité en archéologie et l’utilité des archives sédimentaires dans la reconstitution des activités humaines et des conditions environnementales du passé.

Le professeur Blais explique les retombées plus générales du projet. « En utilisant des biomarqueurs sédimentaires et des échantillons d’os pour faire la lumière sur les mœurs à l’époque préhistorique, nous montrons tout ce qu’apportent les études interdisciplinaires. Non seulement nos découvertes enrichissent notre connaissance des peuples thuléens-inuits et paléo-inuits dans l’Arctique, mais elles illustrent aussi le potentiel des nouvelles techniques archéologiques. »

L’étude « Sedimentary biomarkers and bone specimens reveal a history of prehistoric occupation on Somerset Island (Arctic Canada) »a été publiée le 10 juillet dans la revue Proceedings of the Royal Society B