L’odyssée de Franco au cœur de la francophonie uOttavienne

Francophonie
Mois de la Francophonie
Étudiants sur les marches de Tabaret
Pendant Mois de la Francophonie, nous avons eu le plaisir de partager avec vous 21 expressions emblématiques, puisées au cœur de notre communauté uOttawa. Découvrez maintenant le récit captivant de Franco, qui vient donner vie à ces expressions avec brio. Merci de nous avoir accompagné dans cette quête d'exploration de la richesse de notre Francophonie, un voyage linguistique qui illustre à merveille la capacité de nos mots et expressions à tisser des liens entre les cultures.

Fraîchement débarqué à l’Université d’Ottawa, Franco redoutait son séjour sur le campus qui avait tout d’un défi. Perdu dès les premiers instants dans le dédale entre les bâtiments, il se sentait vraiment dans le champ de patates. C’est Alex, un étudiant rencontré par hasard, qui lui a servi de guide. « Hale tes snicks ! », lui a-t-il crié en lui faisant signe de le suivre, une expression qui donnait une sonorité surprenante à l’air frais du matin. Voyant Franco un peu tendu, Alex lui a lancé avec un sourire, « Worry pas ta brain. »

La bienveillance d’Alex augurait un début chaleureux à l’odyssée universitaire de Franco. À midi, à la cafétéria, son plateau débordant d’arômes, il cherchait une table où s’installer quand Léa, avec une gentillesse toute québécoise, l’a interpellé : « Tire-toi une bûche ! », l’invitant à s’asseoir en compagnie de ses amis et elle. Très vite, Franco s’est surpris à se fendre la poire, grâce à leur bonne humeur contagieuse. Il se sentait enfin à sa place.

Un après-midi, alors qu’il discutait en groupe d’un projet de cours, la conversation a pris un tour un peu risqué, et Franco, ne voulant pas être entraîné dans une direction qui lui semblait périlleuse, a glissé discrètement, « Ne mangez pas votre piment dans ma bouche. » Comprenant sa gêne, Léa est intervenue : « Calmez-vous l’poil des jambes et respirez par le nez ». Voyant que ses mots ont détendu l’atmosphère, elle en a profité pour changer de sujet sur un ton plus sérieux : « Faites pas simple,les amis. On doit vraiment se concentrer. »

Au fil des jours, les aventures se succédaient, enrichissant l’expérience universitaire de Franco et peignant ses journées d’un éclat nouveau. Kemi, son copain du Cameroun, l’a plongé dans le monde du kongossa, partageant des ragots croustillants qui lui ont appris bien plus sur la vie universitaire que n’importe quel cours magistral.

Au printemps, Franco, frappé par l’élégance de son copain sénégalais Sem, avait opté pour son look le plus tendance. À sa vue, Sem, impressionné, n’a pu s’empêcher de le complimenter : « Tu manges bien ton argent, toi ! », d’autant qu’il venait d’apprendre que Franco avait également décroché un stage coop rémunéré.

Les choses sérieuses ont commencé à la fin du trimestre. Les matins d’examen, Franco se réveillait au pipirite chantant, les quatre fers en l’air, totalement épuisé par les nuits blanches passées à réviser d’arrache-pied. Il était motivé et voulait montrer le fruit de ses efforts. Il savait qu’il ne devait rien lâcher, parce que le malheur n’a pas d’odeur.

Il faut dire que Franco était convaincu qu’il devait se montrer digne de l’héritage familial. Comme le lui avait rappelé Nadia, son amie mauricienne : « Les chiens ne font pas des chats, » soulignant combien les traditions et valeurs influencent profondément le parcours et l’adaptation des étudiants internationaux à la vie universitaire.

Heureusement, il y avait aussi des petits plaisirs, comme manger d’la poule, une tradition dominicale franco-ontarienne que Franco et ses amis ont vite adoptée savourant poulet rôti et frites, partageant ainsi un bout de chez eux, loin de chez eux.

La vie était aussi rythmée par la météo. Un après-midi, alors qu’ils revenaient de la Place TD, Franco et ses amis ont été surpris par une drache soudaine. Ils s’étaient réfugiés sous un porche, pensant attendre la fin de l’averse, mais ils ont dû se résigner à prendre le train 11 pour rentrer. En se remémorant la fraîcheur de la pluie, ils ont ri de bon cœur, convenant qu’il était temps de s’abrier comme du monde pour faire face au froid canadien qui commençait à s’installer.

Quand on lui demande quelle est son expression française favorite, « Mi koné pas, » avoue Franco. Tout ce qu’il sait, c’est que nul ne peut traverser un fleuve sans se mouiller les pieds. Son parcours à l’Université d’Ottawa, parsemée de nouvelles traditions et surtout d’expressions francophones riches en couleur, faisait maintenant partie de sa vie. Tel un Ulysse des temps modernes, il avait découvert une francophonie qui se conjugue au pluriel, où les mots, les expressions et les traditions témoignent de la diversité de la langue française et de la culture francophone.